Dans la ville de Gaza, l’hôpital Al-Shifa est presque complètement détruit. Palestine, 2025. © Nour Alsaqqa/MSF
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« La situation des Palestiniennes, des Palestiniens et des gens qui tentent de leur venir en aide à Gaza est devenue un enfer »

À Gaza, l’escalade des hostilités et des déplacements affecte la vie des Palestiniennes, des Palestiniens et de tous ceux et celles qui tentent de leur apporter une assistance humanitaire.

Franz Luef
Coordonnateur d’urgence à Gaza MSF

Les Palestiniennes et les Palestiniens à Gaza vivent l’un des chapitres les plus sombres de la guerre depuis son déclenchement, en octobre 2023. Avec la reprise des hostilités, le 18 mars, les forces israéliennes ont intensifié leurs opérations militaires dans toute la bande de Gaza. Elles déplacent de force des communautés entières par des ordres d’évacuation, et mènent des attaques qui touchent le personnel médical et humanitaire. Ces actions, combinées au siège total de la bande de Gaza depuis plus de 50 jours, ne sont pas isolées. Elles constituent un effort systématique visant à démanteler le système de santé et toute réponse fondée sur des principes humanitaires. 

Comme la plupart des organisations humanitaires présentes à Gaza, MSF est confrontée quotidiennement à des dilemmes opérationnels dans un contexte très instable et imprévisible. Devons-nous déplacer nos équipes d’un endroit à un autre sans avoir reçu l’autorisation des forces israéliennes? Devons-nous continuer à travailler dans des structures médicales qui sont constamment attaquées? Comment pouvons-nous adapter nos activités en l’absence d’approvisionnement et de carburant? Et devons-nous continuer à offrir des soins, alors que les équipements et infrastructures essentielles sont bombardés?

Les ordres d’évacuation donnés par les forces israéliennes déplacent de force les gens vers des zones de fortune surpeuplées, et le personnel humanitaire ne bénéficie d’aucune garantie de sécurité.

La situation des Palestiniennes, des Palestiniens et de tous ceux et celles qui tentent de leur prêter assistance est devenue un enfer à Gaza. Sans fin envisageable, nous courons vers l’abîme. Les frappes israéliennes visent non seulement les infrastructures de soins, mais également les véhicules utilitaires et de chantier, notamment les bulldozers, les camions-citernes et les camions-vidangeurs. Sans ces équipements essentiels, nous ne pouvons garantir un accès minimal à l’eau potable et à l’assainissement ni prévenir de nouveaux risques sanitaires pour les gens de Gaza.   

Depuis le début de la guerre, les forces israéliennes ont imposé des mécanismes imparfaits pour protéger les personnes civiles et le personnel humanitaire. Mais ceux-ci n’ont été que de la poudre aux yeux, avec plus de 50 000 personnes palestiniennes tuées selon le ministère de la Santé et au moins 409 membres du personnel humanitaire tués selon les Nations Unies. Aujourd’hui, même ces systèmes symboliques n’existent plus. Les ordres d’évacuation donnés par les forces israéliennes déplacent de force les gens vers des zones de fortune surpeuplées, et le personnel humanitaire ne bénéficie d’aucune garantie de sécurité.   

Les autorités israéliennes utilisent l’assistance humanitaire comme arme politique. Elles imposent des restrictions arbitraires aux membres du personnel humanitaire international, tout en maintenant l’illusion d’un accès humanitaire. Ce faisant, elles contraignent les organisations humanitaires et médicales à faire des compromis sur leur sécurité et leurs principes.