People queuing for water in Al Hole Camp, Eastern Al- Hasakah Governorate, Northeastern Syria. 09/03/2020 © MSF
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Nord-est de la Syrie : le premier cas confirmé de COVID-19 fait croître les inquiétudes quant à l’état de préparation

Alors que le premier décès attribuable à la COVID-19 a été confirmé dans le nord-est de la Syrie, Médecins Sans Frontières (MSF) s’inquiète de l’état de préparation et de la capacité de la région à répondre à une épidémie. Un système de santé affaibli, des retards dans le dépistage et la fermeture des frontières font qu’il est presque impossible de répondre adéquatement à une épidémie de COVID-19 dans la région.

 

Après neuf années de conflit et d’opérations militaires dans le nord-est de la Syrie, le système de santé dans cette région est en ruines. De nombreux établissements de santé ne sont plus fonctionnels, et ceux qui sont encore ouverts avaient déjà du mal à répondre aux besoins médicaux existants avant l’épidémie de COVID-19. Avec la dure réalité des fournitures limitées et de la rareté du personnel médical, plusieurs services et établissements de santé ont été contraints de fermer, ce qui rend les patients atteints de maladies chroniques et ayant un système immunitaire compromis encore plus vulnérables pendant cette épidémie. MSF estime que les quelques établissements médicaux encore fonctionnels de la région pourraient très rapidement être submergés par un afflux de patients atteints de la COVID-19. Une telle situation rendra vulnérables un grand nombre de personnes, car les centres de santé fonctionnels seront rapidement débordés.

MSF travaille en collaboration avec les autorités sanitaires locales et d’autres organisations dans le nord-est de la Syrie pour se préparer à un afflux de patients souffrant de COVID-19 dans la région, en mettant l’accent du côté de MSF sur l’hôpital national Al Hassakeh et le camp d’Al Hol. « Nous sommes profondément préoccupés par le manque de tests de laboratoire, l’absence de recherche de contacts, la capacité inadéquate des hôpitaux à gérer les patients et la disponibilité limitée des équipements de protection individuelle (EPI)», explique Crystal van Leeuwen, responsable des urgences médicales pour MSF en Syrie. « La réponse dans le nord-est de la Syrie en ce moment est loin d’être suffisante. Il est essentiel que les acteurs de la santé, les organisations humanitaires et les donateurs augmentent leur aide de manière significative. »

 

Préoccupations face aux déplacés dans les camps

 

MSF est particulièrement préoccupée par les conditions dans les camps de la région où les gens vivent dans des espaces exigus et bondés, avec peu ou pas d’accès aux services médicaux ou à l’eau potable. Dans le camp d’Al Hol, où MSF a commencé à fournir une assistance médicale et humanitaire en janvier 2019, le camp surpeuplé abrite aujourd’hui environ 65 000 personnes, dont aucune n’est autorisée à partir. Quatre-vingt-quatorze pour cent d’entre elles sont des femmes et des enfants.

Selon les autorités sanitaires locales du nord-est de la Syrie, un patient COVID-19 a été confirmé dans la région, bien que le partage des résultats de tests ait été retardé de deux semaines. Au moment de la réception des résultats, le patient était décédé. À l’heure actuelle, le Laboratoire central de référence de Damas est la seule capacité de dépistage disponible pour la région du nord-est, et il est difficile de tester les patients que l’on soupçonne atteints de COVID-19 et de recevoir les résultats en temps opportun. « Le manque de capacité de dépistage fiable et rapide dans la région rend presque impossible la détection des cas à un stade précoce, ce qui entrave considérablement la capacité de ralentir la transmission au sein des communautés dès le début, quand c’est le plus important », ajoute Crystal van Leeuwen.                                                                            

À l’intérieur du camp d’Al Hole, dans l’est du gouvernorat d’Al-Hasakah, dans le nord-est de la Syrie.MSF

 

Il existe d’importants défis pour garantir que les fournitures et le personnel humanitaire puissent pénétrer dans le nord-est de la Syrie par le nord-ouest de l’Irak. « Nous respectons les mesures entourant la COVID-19 mises en place par les autorités du Kurdistan irakien; cependant, des exemptions et le franchissement doivent être accordés aux travailleurs humanitaires pour garantir que les niveaux de soutien appropriés atteignent le nord-est de la Syrie », explique Will Turner, responsable des urgences à MSF. « Une grande partie de l’aide humanitaire destinée au nord-est de la Syrie doit passer par le Kurdistan irakien. Nous avons grandement besoin de personnel et de fournitures supplémentaires, mais nous n’avons pas de garanties qu’ils pourront entrer dans le Kurdistan irakien et se rendre dans le nord-est de la Syrie. »

MSF est prête à soutenir une réponse COVID-19 dans le nord de la Syrie et en Irak, mais elle restera limitée tant qu’un accès rapide n’aura pas été accordé. MSF exhorte les autorités du Kurdistan irakien et du nord-est de la Syrie à faciliter rapidement l’accès aux organisations humanitaires, notamment pour permettre au fret humanitaire et au personnel international de se rendre dans les deux pays et d’y entrer.