MSF logistics staff are preparing to raise the floors of tents in a displaced camp in northwest Syria. // November 2021, Northwest Syria © Abd Almajed Alkarh © MSF
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Nord-ouest de la Syrie : la population déplacée redoute les rigueurs d’un nouvel hiver

Un autre hiver approche dans le nord-ouest de la Syrie où plus de 2 millions de personnes, la majorité étant des femmes et des enfants, restent déplacées à l’intérieur de leur pays. Dans les camps, les conditions de vie difficiles et l’accès limité à des abris de base, à des installations sanitaires, à la nourriture, à l’eau et aux soins de santé deviennent encore plus accablants en hiver. Les tentes qui fuient, les rues couvertes de boue et les températures glaciales contribuent à une détérioration supplémentaire de la santé physique et mentale des gens et de leurs conditions de vie en général

« Les camps situés dans les zones montagneuses sont particulièrement exposés aux vents violents et aux fortes précipitations en hiver », explique Ousama Joukhadar, responsable logistique de Médecins Sans Frontières (MSF). « Chaque année, les tentes ont besoin d’être isolées pour être protégées de la pluie et pour éviter les fuites. Les camps situés en basse terre sont moins exposés au vent, mais souvent, ils sont eux aussi gravement endommagés par les inondations », ajoute-t-il.

Activités d’« hivernage »

Afin d’atténuer les conséquences du froid hivernal sur les personnes déplacées, les équipes MSF mènent actuellement des activités d’« hivernage » qui incluent la distribution de vêtements chauds et de couvertures à environ 3 000 familles dans 18 camps. Environ 3 900 familles ont également pu profiter d’un sol de tente, d’une isolation thermique et d’une isolation de toit pour surmonter les inondations et les températures extrêmement froides. MSF continuera à mener des activités similaires tout au long de l’hiver, en plus du drainage des eaux de surface dans les camps.

Les activités d’hivernage commencent généralement trop tard dans le nord-ouest de la Syrie, lorsque l’hiver est déjà là, et cela est principalement dû au manque de financement pour de telles activités. « Cette année, nous avons travaillé dur pour terminer les activités d’hivernage juste avant le début de la rude saison hivernale », explique Yasser Kamaledinle, directeur national de MSF pour la Syrie. « Nous voulions que les gens dans les camps soient aussi préparés que possible dès le début de la saison. C’est l’une des activités les plus appréciées par la population des camps en raison de l’impact immédiat sur leur vie quotidienne. Le temps est un facteur clé pour cette intervention, si elle se fait en plein hiver, c’est qu’il est déjà trop tard. »

Un membre du personnel logistique de MSF installe une isolation de toit et un isolant thermique à l
Un membre du personnel logistique de MSF installe une isolation de toit et un isolant thermique à l’intérieur d’une tente. MSF

À travers ses activités dans les camps, MSF est chaque année témoin de l’impact sanitaire direct de l’hiver. Les personnes vivant dans les camps risquent de souffrir de maladies respiratoires et hydriques, d’engelures, de complications liées à l’inhalation de fumée et de brûlures en raison des méthodes de chauffage inadéquates et du carburant stocké dans les tentes. Par exemple, MSF a constaté une augmentation de 30 % des maladies respiratoires entre l’automne 2019 et l’hiver 2019-2020 dans les camps de Deir Hassan, avant même l’arrivée de la COVID-19 dans le nord-ouest de la Syrie. Les maladies respiratoires figurent d’ailleurs constamment parmi les trois principales maladies signalées dans nos installations du nord-ouest, surtout pendant l’hiver.

Sensibilisation aux enjeux de santé

MSF a également déployé des équipes de promotion de la santé pour diffuser des messages de sensibilisation aux maladies hivernales courantes, évaluer les besoins de santé des gens et les informer sur les services de la clinique mobile de MSF. « Aujourd’hui n’était qu’un exemple de la réalité quotidienne des personnes déplacées. Il faisait très froid », explique Shatha Folfola, responsable de la promotion de la santé à MSF, après avoir animé une séance d’information lors d’une distribution de kits d’hiver dans un camp. « Tout le monde avait froid, et nous ne sommes qu’au mois de novembre. Les gens sont venus prendre les kits et sont partis immédiatement. Nous avons vu des enfants portant des vêtements légers. Leurs lèvres et leurs mains devenaient bleues. Ils ne portaient même pas de chaussures. ».

L’équipe de promotion de la santé de MSF diffuse des messages de sensibilisation aux maladies hivernales courantes, évalue les besoins de santé des gens et les informe sur les services de la clinique mobile de MSF.
L’équipe de promotion de la santé de MSF diffuse des messages de sensibilisation aux maladies hivernales courantes, évalue les besoins de santé des gens et les informe sur les services de la clinique mobile de MSF.MSF

Les enfants d’Ahmad vivent des expériences similaires. « Le froid a un impact sur la santé de mes enfants », dit-il. « Mon fils souffre constamment de maux de ventre et de rhumes. Mon autre enfant a fait une fièvre qui a atteint 40 degrés. Des boutons se sont propagés dans sa bouche, sur ses mains et sur ses jambes à cause de la fièvre. Mais nous ne pouvions pas nous permettre de l’emmener voir le médecin. »

Alors que les besoins humanitaires augmentent en raison du conflit qui s’éternise en Syrie, les fonds pour répondre à ces besoins diminuent considérablement. L’ONU estime que 210 millions de dollars sont nécessaires pour répondre aux besoins essentiels de plus de trois millions de personnes pendant l’hiver, ce qui comprend les résidents, les résidentes et les personnes déplacées, dans le nord-ouest de la Syrie. Cependant, seulement 23 % de cette somme est actuellement disponible.

« Tant qu’il y aura des camps dans le nord-ouest de la Syrie, les besoins persisteront très probablement chaque année », ajoute Ousama Joukhadar. « MSF n’est pas en mesure de répondre efficacement à tous les besoins croissants dans les camps, surtout en hiver. Il est nécessaire d’accélérer l’allocation des fonds et la mise en œuvre des activités d’hivernage le plus tôt possible, pour assurer la survie de la population vivant dans les camps du nord-ouest de la Syrie.