Deputy Flight Coordinator Stella Mwikali at the airport in Juba. © Verity Kowal/MSF
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Aider à sauver des vies en régions éloignées : Ma vie en tant que coordonnatrice des vols

De nombreuses régions où Médecins Sans Frontières (MSF) travaille sont difficilement accessibles par la route. La boue provoquée par la saison des pluies peut faire s’enliser les voitures et l’insécurité peut rendre la conduite trop dangereuse. Malgré tout, les fournitures médicales essentielles doivent continuer de parvenir à nos hôpitaux et cliniques. Quant aux personnes gravement malades, elles doivent pouvoir être transférées vers d’autres établissements pour recevoir des soins spécialisés. C’est là que des gens comme Stella Mwikali, coordonnatrice adjointe des vols de MSF, entrent en scène.

 

Certains moments à aider des patients ou des patientes me resteront éternellement gravés à l’esprit.

L’année dernière, nous avons reçu un appel de l’équipe de Malakal, une ville située dans une région reculée. Une femme était en train d’accoucher, mais le travail s’était arrêté – il s’agit là d’un cas d’urgence médicale.

Elle avait besoin d’une césarienne pour sauver sa vie et celle de son bébé. Il fallait donc la transférer en urgence à l’hôpital de MSF à Agok, dans la zone administrative spéciale d’Abyei, à plus de 300 kilomètres.

Nous avons organisé le vol. Plus tard, nous avons coordonné un autre vol, pour la ramener à la maison en toute sécurité avec son nouveau-né.

Les émotions exprimées par les malades et la satisfaction que j’éprouve après un vol ayant permis de sauver des vies dépassent tout ce qu’on peut imaginer. C’est le genre de soins que ces gens n’osaient espérer recevoir gratuitement.

 

Tracer mon propre chemin

 

Je suis coordonnatrice adjointe des vols pour Médecins Sans Frontières (MSF). Cela consiste à créer des itinéraires, à faire la répartition et à s’occuper de nombreux aspects logistiques en lien avec le transport aérien.

 

Stella Mwikali | COORDONNATRICE ADJOINTE DES VOLS À MSF

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J’ai toujours été intéressée par les avions. Quand j’étais enfant, je regardais le ciel avec fascination. Mes parents avaient toutefois d’autres visées pour moi. Je suis originaire du Kenya; mon père voulait que je me consacre à la conservation de la faune, tandis que ma mère désirait que je sois banquière. Tous deux se sont finalement ravisés. Mon père m’a dit qu’il soutiendrait la carrière de mon choix si elle me rendait heureuse.

J’ai donc suivi une formation en aviation, spécialisée dans les opérations et la répartition, ainsi qu’en sécurité et en qualité des transports aériens.

 

Mon parcours à MSF

 

Je travaillais auprès d’une compagnie aérienne locale à Nairobi lorsque j’ai reçu une demande de MSF pour la première fois. L’organisation avait besoin d’un avion pour transporter des fournitures médicales. Puis j’ai commencé à recevoir plus de demandes de la part de MSF. Plus tard, j’ai appris que MSF possédait également ses propres avions. Ça m’a fait réfléchir…

Je voulais collaborer avec une organisation qui se consacre à améliorer la vie des gens. J’admire les membres des différentes organisations qui mettent un sourire sur les visages – comme ma sœur. Elle s’est portée volontaire auprès d’un groupe local qui a recueilli des fonds pour aider à payer leurs frais de scolarité à des enfants.

En 2019, j’ai postulé pour travailler avec MSF, et en juin de la même année, je me suis jointe à l’équipe! Jusqu’à présent, j’ai complété quatre affectations en tant que coordonnatrice des vols au Soudan du Sud, ainsi qu’à Goma en République démocratique du Congo.

 

Stella Mwaikali , coordonnatrice adjointe des vols pour MSF, avec un collègue à l’aéroport de Djouba. Soudan du Sud, 2021.
Stella Mwaikali , coordonnatrice adjointe des vols pour MSF, avec un collègue à l’aéroport de Djouba. Soudan du Sud, 2021.Verity Kowal/MSF

Travail essentiel

 

Au Soudan du Sud, nos équipes fournissent des soins médicaux critiques. Nous répondons aux épidémies, menons des campagnes de vaccination, gérons des services spécialisés pour les mères et les enfants et dispensons des soins de santé de proximité dans la communauté.

Les avions sont essentiels pour toutes ces activités. Le transport routier y est limité en raison de la médiocrité des infrastructures, de l’insécurité et des inondations saisonnières. En ce moment, je travaille à Old Fangak, une ville fluviale où il n’y a pas de routes ni de voitures, seulement des bateaux et une piste d’atterrissage.

En plus de transférer des malades, nos avions permettent aux médecins, aux fournitures médicales et aux articles de première nécessité essentiels d’atteindre les personnes en détresse.

 

Interventions d’urgence

 

Un événement que je n’oublierai jamais est survenu en février 2021, lorsque les inondations à Jonglei et dans les États de l’Unité ont forcé les gens à quitter leur maison. Beaucoup n’avaient rien, pas même les articles essentiels à la vie. MSF a donc organisé des vols avec des articles de première nécessité, y compris des tentes et des couvertures, et a fourni des soins médicaux.

Les affrontements violents, un problème permanent dans certaines régions du pays, peuvent faire de multiples victimes qui requièrent des soins médicaux. Je joue un rôle important dans de telles circonstances. Au cours des affrontements qui ont eu lieu plus tôt cette année à Agok, j’ai été chargée de transférer des patients et des patientes vers d’autres hôpitaux de MSF et de faciliter les évacuations des membres du personnel de MSF.

 

Stella Mwikali a complété quatre affectations avec MSF en appui aux interventions médico-humanitaires au Soudan du Sud et en République démocratique du Congo. Soudan du Sud, 2021.
Stella Mwikali a complété quatre affectations avec MSF en appui aux interventions médico-humanitaires au Soudan du Sud et en République démocratique du Congo. Soudan du Sud, 2021.Verity Kowal/MSF

Défis et moments spéciaux

 

Malgré la satisfaction que me procure la coordination des vols, le Soudan du Sud reste un contexte difficile où les normes sont peu élevées en matière d’aviation. Les pistes d’atterrissage de la région sont entourées de buissons et le contrôle de la circulation aérienne laisse à désirer. 

Une chose rend mon travail particulièrement intéressant : c’est une industrie à prédominance masculine. Travailler en logistique quand on est une femme, en particulier dans le domaine de l’aviation, n’est pas un défi facile, mais j’essaie de le surmonter avec courage et détermination.

Malgré les difficultés, mon travail me procure beaucoup de moments inoubliables. Une fois, j’ai dû ramener un petit garçon à sa famille après un mois d’hospitalisation. Je me souviens à quel point ces gens étaient heureux. Voir la joie sur les visages de cette famille et des autres personnes que nous soutenons est ma source de motivation.