Une patiente marche à l’intérieur de l’hôpital général de référence de Mweso, au Nord-Kivu, une structure soutenue par les équipes de MSF depuis 2005 en partenariat avec le ministère de la Santé. République démocratique du Congo, 2023. © MSF
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Dans l’est de la RDC, les besoins sont omniprésents alors que les déplacements atteignent des niveaux sans précédent

Dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la crise humanitaire a atteint, en 2023, des proportions dramatiques, avec des niveaux élevés de violence et de déplacements. Dans le Nord-Kivu, les affrontements armés liés à la résurgence du groupe armé M23 ont forcé jusqu’à 1 million de personnes à fuir leur foyer. Souvent éclipsées, les provinces de l’Ituri et du Sud-Kivu sont, elles aussi, en proie à une violence incessante, qui a eu de graves répercussions sur de nombreuses personnes. Alors que la situation humanitaire est catastrophique, l’assistance reste désespérément limitée et les besoins continuent d’être largement insatisfaits.

Fin octobre, l’ONU annonçait que la RDC comptait près de 7 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Environ 5 millions d’entre elles sont concentrés dans l’est du pays – un record. Dans le Nord-Kivu, les violences entre groupes armés, au premier rang desquels se trouve le M23, ont déclenché des mouvements de population constants et massifs à travers les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi. L’escalade du conflit depuis octobre dernier n’a fait qu’accroître la catastrophe humanitaire. « La situation actuelle dans la province est tout simplement catastrophique », déclare Germain Lubango Kabemba, représentant de MSF à Goma. « Où que l’on regarde, l’urgence d’agir est là. »

Pendant ce temps, les violences au Nord-Kivu ont déclenché plusieurs vagues de déplacement vers le Sud-Kivu, notamment autour de Minova et des villages environnants, où les conditions d’hygiène déjà fragiles ont entraîné une augmentation des cas de choléra. Au même moment, la fermeture des établissements dans le Nord-Kivu, en raison de l’insécurité, a également forcé les personnes qui avaient besoin de soins de santé continus à se déplacer vers le sud.

En Ituri, un tiers de la population est aujourd’hui déplacée à la suite de plusieurs années de conflit. Les personnes qui vivent un tel déplacement prolongé sont durement touchées, à la fois mentalement et physiquement. « L’Ituri est une région où, au cours des 30 dernières années, nous avons assisté à un désinvestissement majeur dans les services médicaux et les infrastructures les plus basiques. Cela rend l’accès à tout service médical déjà très problématique, avant même que le conflit s’y ajoute », explique Alira Halidou, directrice du projet de MSF en Ituri.

Asifiwe Seburo est enceinte de 7 mois. Elle attend son troisième enfant. « Il est vraiment difficile d’être enceinte dans le camp », explique la jeune femme de 22 ans. « Nous sommes quatre à dormir dans cette minuscule hutte, les latrines sont souvent pleines. Je ne mange pas assez… c’est une lutte quotidienne. » RDC, 2023. © MSF

Un signal d’alarme

Chaque jour, les équipes de MSF sont témoins de l’impact des conditions de vie désastreuses sur les personnes déplacées par les violences. Elles vivent dans des abris de fortune sans les biens essentiels que sont une nourriture adéquate, de l’eau potable ou un assainissement de base. Ces conditions les rendent extrêmement vulnérables aux maladies, et notamment aux maladies infectieuses telles que le choléra et la rougeole. Les femmes sont particulièrement exposées aux violences sexuelles, que nous avons constatées nombreuses.

« Les besoins humanitaires sont partout et sont massifs, mais en tant qu’organisation médicale, nous ne pouvons répondre qu’aux plus pressants et aux plus urgents », déclare Alira Halidou. « Aujourd’hui, plus que jamais, les communautés déplacées ont besoin d’actions concrètes et claires de la part des organisations humanitaires internationales face à cette urgence grandissante. Nous entendons, et nous sommes confrontés aux appels croissants des communautés pour plus d’assistance afin de répondre à leurs besoins les plus élémentaires. Si le manque de présence humanitaire dans de nombreuses régions de l’est de la RDC n’est malheureusement pas nouveau, la montée en flèche des besoins que nous constatons aujourd’hui devrait sonner comme un signal d’alarme. »

Malgré les appels répétés de MSF pour une mobilisation de l’assistance, les progrès restent insuffisants. La crise qui s’empare de la RDC exige une réponse internationale urgente et unie. Il est temps de mettre en lumière les personnes et les communautés qui ont le plus besoin de soutien, et de s’assurer que leurs voix soient entendues et reconnues.