Inondations au Brésil : « Nous avons tout perdu. Mais je suis très forte. »
Dans le sud du Brésil, Médecins Sans Frontières (MSF) travaille dans un centre d’accueil auprès des personnes victimes des inondations désastreuses.
Un garçon turbulent du nom de Joaquim court entre les jouets étalés sur le sol de la salle de classe. Des affiches colorées sont accrochées aux murs. Toutefois, ce n’est pas un jour de classe et Joaquim n’est pas non plus élève dans cette école. Dans cette salle de classe de la ville de Canoas, dans l’État du Rio Grande do Sul, les tables d’écoliers ont été empilées sur les côtés pour installer des matelas à la place et transformer la pièce en dortoir. Des familles entières ont désormais remplacé les élèves. Et elles sont nombreuses. Lorsque les pluies torrentielles ont inondé des villes entières, des centaines de milliers de personnes se sont retrouvées sans abri et ont été forcées de s’installer dans des logements de fortune.
« Nous n’avions aucune idée de l’ampleur de cette catastrophe. Soudain, tout est devenu noir et les lumières se sont éteintes. Nous avons commencé à réaliser que ces inondations ne ressemblaient à rien de ce que nous avions vu auparavant. Nous avons reçu des messages sur nos téléphones nous disant de partir de toute urgence, car tout allait être inondé », se souvient Ana Célia Alves, qui vit désormais dans le centre d’accueil de Canoas. Elle a été secourue par un voisin qui avait une barque.
Environ 400 personnes vivent désormais dans ce centre d’accueil situé dans l’école municipale de Paulo Freire. Il accueille des personnes venant de nombreux quartiers de Canoas. Avec 350 000 personnes, dont 180 000 évacuées de chez elles, il s’agit de la troisième ville la plus peuplée de cet État du Brésil. Une équipe de MSF, composée de médecins, de personnel infirmier et de promotion de la santé, et de psychologues, y fournit une assistance médicale et psychologique.
« Nous essayons d’offrir nos services aux personnes les plus à risque et là où il n’y a pas de personnel de santé », explique Alessandra Luz, coordonnatrice d’urgence de MSF.
« En temps de crise, les besoins médicaux peuvent changer très vite. Nous devons voir là où nous pouvons être le plus utile, sans dupliquer les efforts », ajoute-t-elle.
Les personnes souffrant de maladies chroniques doivent être traitées rapidement, car beaucoup ont dû interrompre leur traitement lorsqu’elles ont perdu leurs médicaments dans les inondations.
« Les personnes hébergées dans les centres d’accueil sont très diverses. Mais, nous remarquons qu’il y a un nombre élevé de personnes âgées sous traitement », explique Mônica Carvalho, médecin de MSF intervenant sur place.
« Nous nous attachons aussi à informer les gens sur les symptômes de la leptospirose et sur la prévention des maladies respiratoires qui peuvent s’aggraver avec l’arrivée du froid », indique-t-elle.
Au moins cinq personnes sont décédées et plus de 120 ont contracté la leptospirose, transmise par l’eau contaminée. Sans traitement rapide, cette maladie peut s’avérer mortelle.
Maria do Carmo de Andrade, 78 ans, et son fils, Alexsandro de Andrade, ont également été examinés par l’équipe de MSF. Son fils souffre d’une pneumonie qui s’est aggravée avec le froid. Tous deux ont été secourus après avoir attendu des renforts pendant plus de deux jours à la fenêtre du deuxième étage de leur maison. « Mon fils me dit : “Maman, sois réaliste. Nous avons tout perdu.” Mais je suis très forte. J’essaie de me détendre un peu, en plaisantant avec lui. Mais, nous n’aurons pas d’autre choix que de nous relever », dit-elle.