El Nour Square, main square at the heart of Tripoli and emblematic place during the revolution last year, just before curfew time. From 14th November to 30th November 2020, a national lockdown was declared in Lebanon to slow down the spread of COVID-19. The lockdowns measures, although necessary, have contributed to exacerbating people’s financial difficulties, reducing the economic activities in the country. © Karine Pierre/Hans Lucas for MSF Instagram: @pics_stone
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Libye : Une fusillade dans un centre de détention de Tripoli fait un mort et deux blessés

Une personne a été tuée et deux autres ont été blessées aux premières heures du 8 avril après une fusillade dans un centre de détention de Tripoli où sont détenus des réfugiés et des migrants. Deux adolescents de 17 et 18 ans blessés par balle ont été transférés pour des soins médicaux d’urgence par une équipe de l’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF). Les tensions étaient vives la nuit de l’incident dans le centre d’accueil et de rapatriement d’Al-Mabani surpeuplé, selon les informations reçues par MSF, situation qui s’est soldée par des coups de feu tirés sans discernement dans des cellules où des personnes étaient détenues.

« Cette fusillade démontre les graves risques auxquels les personnes sont confrontées lorsqu’elles sont enfermées dans ces centres de détention pour une durée indéterminée », soutient Ellen van der Velden, responsable opérationnelle de MSF pour la Libye. « Ce dernier acte de violence confirme clairement que les centres de détention sont des endroits dangereux. »

Un nombre croissant de personnes en détention

Ces dernières semaines, les équipes médicales de MSF ont été témoins des tensions croissantes à l’intérieur des centres de détention en Libye, où des réfugiés et des migrants – dont des femmes, des enfants et des mineurs non accompagnés – sont détenus contre leur gré dans des conditions déplorables. Les centres sont de plus en plus surpeuplés depuis début février, lorsque les garde-côtes libyens financés par l’UE ont intensifié les interceptions actives de migrants et de réfugiés fuyant la Libye par la mer. Cela a contribué à une augmentation exponentielle du nombre de personnes détenues dans les centres de détention de Tripoli, à Al-Mabani en particulier, et entraîné une détérioration rapide des conditions de vie.

Au cours de la première semaine de février, le nombre de personnes détenues à Al-Mabani est passé de 300 à 1 000 en quelques jours. Ce centre accueille actuellement quelque 1 500 personnes.

Comme dans de nombreux autres centres de détention, les personnes détenues à Al-Mabani n’ont qu’un minimum d’éclairage naturel et de ventilation, des quantités de nourriture et d’eau potable insuffisantes, et manquent d’installations sanitaires. En raison de graves conditions de surpeuplement – avec jusqu’à trois personnes par mètre carré – il n’y a souvent aucun espace pour s’allonger. Les maladies infectieuses telles que la gale et la tuberculose sont monnaie courante. La distanciation physique pour aider à prévenir la COVID-19 est tout simplement impossible.

Continuous exposure to violence 

Ce n’est pas la première fois que des réfugiés et des migrants détenus sont exposés à la violence. Des fusillades et des décès ont été signalés ces derniers mois, tandis que les équipes MSF ont été témoins de l’utilisation de la force physique par les gardiens. Rien qu’en février, les médecins de MSF dans divers centres de détention ont soigné 36 détenus pour des fractures, traumatismes contondants, éraflures, blessures aux yeux, blessures par balle et faiblesse des membres; 15 patients ont été orientés par MSF vers des hôpitaux pour un traitement complémentaire. Les blessures étaient récentes, indiquant qu’elles avaient été subies à l’intérieur des centres de détention.

Les autorités d’Al-Mabani sont censées avoir ouvert une enquête sur cet incident. MSF appelle les autorités à partager les résultats de cette enquête avec la communauté humanitaire et à imposer des sanctions aux personnes qui en sont responsables.

À la lumière de cet événement, MSF réitère ses appels à mettre fin à la détention arbitraire en Libye, à libérer immédiatement toutes les personnes détenues, et à fournir aux réfugiés et aux migrants des abris sûrs et un accès aux services de base.

MSF travaille dans les centres de détention libyens depuis 2016, où elle fournit des soins médicaux et psychologiques et organise des transferts d’urgence à l’hôpital, dans le but de soulager les souffrances des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants détenus arbitrairement et de dénoncer leurs conditions de détention inhumaines.