Le Dr Coulibaly rend visite aux jeunes patients et patientes du service pédiatrique de l’hôpital de Bossangoa.
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République centrafricaine : sensibiliser et prévenir pour lutter contre la malnutrition à Bossangoa

D’après le rapport de Nations Unies, 41 % de la population de la République centrafricaine (RCA) ne mange pas à sa faim. Durant la période d’octobre 2022 à août 2023, il a été estimé que près de 298 000 enfants âgés de 0 à 59 mois et plus de 140 600 femmes enceintes et allaitantes ont souffert de malnutrition aiguë. Ces chiffres proviennent du rapport de l’IPC (Cadre intégré de classification de l’insécurité alimentaire)[1] concernant la malnutrition aiguë. En République centrafricaine, la région de Bossangoa est l’une de celles particulièrement touchées par la malnutrition.

« Les conséquences d’une malnutrition chronique chez les jeunes enfants affectent, souvent de manière irréversible, leur métabolisme et leur système immunitaire, ce qui entraîne un retard de croissance et une vulnérabilité plus grande face aux maladies. »

 Emma Augustine Zoba, coordonnatrice adjointe médicale de MSF en RCA.

La première forme de malnutrition, la malnutrition aiguë, s’installe rapidement; si elle n’est pas prise en charge immédiatement, elle peut entraîner la mort. Pour répondre à ce défi majeur à Bossangoa, Médecins Sans Frontières (MSF), présente en soutien au ministère de la Santé de la population, a mis en place un programme de prévention contre la malnutrition dans l’hôpital régional. Les équipes de promotion de la santé travaillent à sensibiliser les patients et patientes ainsi que les personnes qui les accompagnent. Elles les informent sur les risques de malnutrition et sur les façons de la prévenir et d’en réduire les symptômes, grâce aux bonnes pratiques alimentaires.

La prévention comme facteur clé

La sensibilisation est la clé pour lutter contre la malnutrition. En réponse au nombre élevé de cas de malnutrition à Bossangoa, MSF organise des ateliers culinaires deux fois par semaine, à l’hôpital. Tous les patients et patientes et les personnes qui les accompagnent sont invités à participer et aider à la préparation du repas qui sera partagé entre les gens participants.

« La meilleure façon de sensibiliser les gens, c’est de les impliquer! », explique Angela Senendo, l’assistante nutritionnelle qui anime l’atelier culinaire. « Le jour [de l’atelier], une dizaine de personnes étaient présentes, dont une grande majorité de mères avec leurs bébés. On y aborde les éléments essentiels, tels que la conservation des aliments, comment garder les valeurs nutritives des produits avant, pendant et après cuisson, comment utiliser les récoltes. On forme aussi les mamans à repérer les premiers signes de malnutrition chez l’enfant et à comprendre l’importance de l’alimentation pendant ses trois premières années », continue Angela Senendo, l’animatrice du programme, après la présentation de la recette du jour et des règles d’hygiènes à respecter.

Garantir le suivi des soins

L’accès aux soins reste un défi quotidien pour les communautés plus éloignées des hôpitaux. Les raisons pour lesquelles un patient ou une patiente ne peut se rendre à l’hôpital sont les coûts de transport, l’état des routes et l’insécurité. Même si quelqu’un arrive à l’hôpital une première fois, dans la plupart des cas, ni lui ni sa famille ne pourra y revenir.

« Pour garantir l’accès aux soins pour les patients et patientes, MSF prend en charge leurs frais de transport, ainsi que la distribution des repas aux familles accompagnantes », souligne le Dr Mahamadou Coulibaly, médecin de MSF à l’hôpital régional de Bossangoa. « Les cuisinières et cuisiniers de l’hôpital préparent trois repas par jour. Sans cette façon de faire, une hospitalisation prolongée d’une personne mettrait la famille en difficulté ». Cette prise en charge financière permet aux malades de recevoir tous les soins nécessaires, peu importe la durée du traitement ou de la guérison.

« Depuis l’implantation de ce projet, l’hôpital témoigne de la baisse radicale du nombre de patients et de patientes qui arrêtent leur traitement », continue le Dr Coulibaly. « Le non-suivi du parcours de soin par le malade est récurrent, bien que ce ne soit pas son choix, mais plutôt le contexte extérieur et économique ».

Les coulisses des cuisines de l’hôpital de Bossangoa. C’est dans cette cuisine que sont préparés les trois repas quotidiens des patients et des patientes, ainsi que des membres de l’équipe soignante.

Pour chaque session de sensibilisation, les relais font aussi un dépistage systématique des enfants malnutris de 6 mois à 4 ans. Celles et ceux qui sont malnutris sont référés pour une prise en charge médicale en ambulatoire ou à l’hôpital, selon le degré de malnutrition que présente l’enfant. L’accès aux soins à temps permet ainsi de réduire les complications associées à la malnutrition.

Dans ce contexte où l’accès aux soins est un défi pour les communautés touchées par la malnutrition, pouvoir prendre en charge les besoins exprimés par les familles fait toute la différence.


[1] https://reliefweb.int/report/central-african-republic/republique-centrafricaine-analyse-de-la-malnutrition-aigue-de-lipc-octobre-2022-aout-2023-publie-le-25-janvier-2023