MSF in Agok, South Sudan.
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Communiqué éclair : Déclaration de MSF sur les discussions entre le Canada et les sociétés pharmaceutiques au sujet de la dérogation aux ADPIC

Politico  a rapporté aujourd’hui que le gouvernement canadien semblait favorable aux objections de l’industrie pharmaceutique quant à la dérogation concernant les ADPIC – une mesure proposée à l’Organisation mondiale du commerce pour renoncer temporairement à certains droits de propriété intellectuelle sur les vaccins, les outils diagnostiques et les médicaments contre la COVID-19. Médecins Sans Frontières (MSF) a maintes fois constaté la façon dont les droits de monopole accordés aux sociétés pharmaceutiques entravent l’accès aux médicaments, vaccins, outils diagnostiques et autres technologies de santé capables de sauver des vies. Ces obstacles continuent de nuire à la capacité des prestataires de soins de santé à répondre aux défis médicaux tels que le VIH/sida, la tuberculose pharmacorésistante, l’hépatite C, et plus récemment la pandémie de COVID-19.

Plus de 100 pays ont exprimé leur soutien à la dérogation concernant les ADPIC. Cette dérogation ne représente pas une solution complète pour intensifier et diversifier la fabrication de vaccins contre la COVID-19 pour surmonter les pénuries d’approvisionnement, mais elle ouvre la voie, supprime les obstacles juridiques et permet de se concentrer sur les nombreux autres points.

Adam Houston, chargé de la politique médicale et du plaidoyer de MSF Canada, a déclaré ce qui suit au sujet des discussions rapportées entre le gouvernement canadien et les sociétés pharmaceutiques sur la dérogation concernant les ADPIC :

« Le Canada s’est distingué par son refus ferme d’adopter publiquement une position sur la dérogation concernant les ADPIC. Néanmoins, les informations d’aujourd’hui sur la position favorable du gouvernement à l’égard de l’industrie pharmaceutique ne surprennent guère ceux et celles qui suivent de près cette question. Par exemple, après que les États-Unis aient annoncé leur appui à une dérogation limitée pour les vaccins, le Canada a publié une réponse sans engagement (7 mai). Mais lorsqu’on l’examine d’un peu plus près, l’influence de l’industrie pharmaceutique est évidente. »

Le Canada de son côté a déclaré ceci :   « Nous demeurons déterminés à trouver des solutions et à parvenir à un accord permettant d’accélérer la production mondiale de vaccins sans incidence négative sur la santé publique. » Le seul secteur qui a toujours soutenu l’idée que la dérogation concernant les ADPIC pourrait avoir un impact négatif sur la santé publique est le secteur pharmaceutique. En fait, le principal groupe de pression pharmaceutique du Canada a fait la même référence à une entente qui n’a pas d’impact négatif sur la santé publique dans son propre communiqué de presse paru la veille. Il est malheureux que le Canada n’ait toujours pas le courage de ses convictions pour adopter et justifier publiquement sa propre position sur la dérogation concernant les ADPIC, et ce, plus de 18 mois qu’elle ait été proposée.