Focused on homeless population, MSF is carrying out health promotion activities, triage/basic consultations, as well distributing hygiene kits in Rio de Janeiro. These activities were carried out in Vaz Lobo, Rio de Janeiro, where access to public health services is scarce. © Mariana Abdalla/MSF
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Crises mondiales en cascade : Un appel à une réponse radicalement inclusive, équitable et innovante

La COVID-19 continue d’affecter des millions de personnes et de perturber les soins de santé et les services sociaux, les activités humanitaires et l’économie mondiale. Dans de nombreux endroits où MSF travaille, comme au Yémen, la COVID-19 met à rude épreuve les systèmes de santé déjà fragiles. Partout ailleurs, Médecins Sans Frontières (MSF) constate que le nouveau coronavirus frappe plus durement les populations marginalisées et exclues.

Par Nora Dettmer, gestionnaire de projet de plaidoyer, MSF Allemagne, et Carol Devine, conseillère aux affaires humanitaires à MSF Canada et responsable du projet du Fonds pour investissements transformateurs MSF sur le climat.

La pandémie concorde avec les manifestations mondiales contre le racisme et la violence systémiques qui ont d’abord éclatées aux États-Unis le 26 mai 2020, après la mort de George Floyd aux mains de la police, et également en réponse à d’autres cas de violence structurelle récente et historique. Aux États-Unis, où MSF a lancé des opérations pour la première fois, les groupes noirs et hispaniques/latinos meurent de façon disproportionnée de la COVID-19[1] et font déjà face à des disparités en matière de santé.

Intervention d’urgence de MSF à San Salvador, au Salvador, après le passage de la tempête tropicale Amanda en juin 2020.Victor Peña/El Faro

 

Comme si cela ne suffisait pas, un récent rapport affirme que mai 2020 arrive à égalité avec mai 2016 comme étant le mois de mai le plus chaud que la planète n’ait jamais enregistré, et 2020 est en voie d’être l’une des cinq années les plus chaudes de l’histoire humaine.[2]  Des températures plus chaudes jouent un rôle dans les épidémies, les événements météorologiques extrêmes, l’insécurité alimentaire et hydrique, les incendies de forêt et plus encore, et entraîneront des effets accrus, notamment sur la COVID-19.

Bien qu’il n’y ait pas de lien direct entre l’émergence ou la transmission du nouveau coronavirus et les changements climatiques[3], l’épidémie souligne comment les changements climatiques aggravent les effets sur la santé, en particulier pour les populations déjà marginalisées. La science a démontré que la COVID-19 était d’origine zoonotique.[4]  La zoonose (la transmission des maladies de l’animal à l’homme) représente le plus lourd fardeau des maladies infectieuses aujourd’hui[5], et la perturbation humaine de la nature y est pour quelque chose. Nous avons empiété sur la faune, déboisé et détruit les habitats naturels, et fait le trafic illégal d’animaux, ce qui a entraîné la propagation d’agents pathogènes. Les changements de l’environnement sont liés à l’émergence et à la réémergence de maladies. De plus, une perte de la biodiversité constitue un multiplicateur de risques pour les maladies infectieuses. [6]

Ce blogue examinera les multiplicateurs d’effets et les leçons tirées de la COVID-19, notamment l’adaptation rapide et l’innovation de MSF, en posant un regard franc sur les inégalités systémiques, ainsi que sur les besoins communs en matière de soins de santé et de réponses humanitaires également accessibles et durables.

« La COVID-19 n’est pas un événement de type cygne noir », a déclaré Aarathi Krishnan, conseillère en avenir humanitaire et en prospective stratégique, lors du récent panel tenu pendant les Journées scientifiques de MSF UK sur l’étirement des frontières de la pensée humanitaire. Nous avons été prévenus. Si la crise Ebola était annonciatrice de la COVID-19, de quoi nous prévient la COVID-19? Nous étions déjà au courant des inégalités structurelles, sociales et économiques qui rendent certaines personnes et certains groupes plus vulnérables à des problèmes de santé. La COVID-19 constitue un autre indice révélateur du racisme systémique.

MSF répond à la COVID-19 dans quelque 70 pays, en plus d’y maintenir ses programmes existants. Nous constatons non seulement des inégalités entre les pays, mais aussi au sein des pays, notamment dans les économies les plus riches de la planète. Le racisme s’opère souvent en conjonction avec l’exploitation et l’exclusion économiques, obligeant les individus à travailler dans des conditions précaires, ce qui entraîne une plus grande exposition à la COVID-19 (et à de nombreuses autres maladies).

Aujourd’hui, l’épicentre de la pandémie se trouve en Amérique latine. Au Brésil, les personnes les plus touchées sont celles qui sont confrontées à de profondes inégalités structurelles, par exemple les réfugiés en provenance du Venezuela. « Bien que cet État soit relativement peu populeux, l’Amazonas figure parmi les régions du Brésil ayant le plus grand nombre absolu de décès causés par le nouveau coronavirus », a déclaré MSF à la fin de mai 2020. Manaus, au cœur de l’Amazonie, est également une région durement touchée par un nombre record d’incendies de forêt et une déforestation sans précédent.

La tempête parfaite au Bangladesh : Affronter simultanément le climat et les urgences liées à la COVID-19

 

La COVID-19 expose les profondes inégalités qui affectent la capacité des populations à répondre aux crises, qu’il s’agisse d’une épidémie de dengue ou d’un cyclone. Les personnes vivant au Bangladesh sont affligées par ces deux réalités. Le soutien et les ressources financières et sanitaires pour certains ne sont pas les seuls préalables à la reprise des sociétés  – comme on le voit en Europe et au Canada, par exemple. Les conséquences des inégalités sociales et économiques sont indéniables, et au Bangladesh, elles sont flagrantes.

L’expérience de MSF à Kamrangirchar suggère que la pression sur les terres et les rendements agricoles de plus en plus médiocres sont les principales raisons de la migration vers ce bidonville urbain de la capitale du Bangladesh, Dhaka, dont les habitants sont exposés à des milieux de vie très pollués et à des conditions de travail dangereuses. La pollution atmosphérique, l’une des principales causes de maladies non transmissibles, tue environ sept millions de personnes chaque année; l’augmentation des émissions de CO2 aggrave la situation. Une étude de Harvard montre que la mortalité attribuable à la COVID-19 augmente dans les endroits où il y a plus d’émissions de carbone.[7] Mais il y a plus : les données sur la pollution atmosphérique et sur la race en lien avec la COVID-19, bien qu’elles représentent toujours un petit échantillon, révèlent que les personnes davantage exposées à la pollution atmosphérique sont 15 % plus à risque de mortalité, et que les Afro-Américains et les communautés pauvres sont plus exposés à la pollution atmosphérique.[8]

 

Le Bangladesh compte également le plus grand camp de réfugiés au monde, Cox’s Bazar. Les réfugiés rohingyas vivent coincés dans des abris exigus et insalubres, avec jusqu’à 10 membres de la famille dans une même pièce, ce qui rend impossible toute distanciation physique. Ils sont non seulement vulnérables aux maladies infectieuses, mais aussi aux possibles effets dévastateurs des cyclones tropicaux; le plus récent, Amphan[9], n’a pas touché Cox’s Bazar, mais a forcé des millions de personnes à l’évacuation. L’évacuation est difficile même lorsque des abris sont disponibles, mais pendant une pandémie, les abris ne peuvent pas être utilisés à pleine capacité et leur nombre est insuffisant à Cox’s Bazar. Ainsi, les réfugiés et les populations locales sont exposés à une double menace.

Être pris au piège et incapable de se déplacer est difficile pour quiconque, mais peut être extrêmement dangereux et même mortel pour certains groupes, tels que les femmes vivant dans des espaces fermés et isolés. Les preuves suggèrent que les crises d’origine climatique[10] et l’épidémie actuelle de COVID-19[11] augmentent le risque de violence perpétrée par le conjoint ou le partenaire intime.

 

La santé pour tous

La pandémie de COVID-19 est loin d’être terminée. Le concept de sécurité sanitaire mondiale ne fonctionne que si nous accordons la même attention à l’épidémie au Bangladesh qu’en Italie. Nous devons nous demander : protéger qui et de quoi? Il est extrêmement inquiétant de voir que la réponse de nombreux États envers les communautés marginalisées aux prises avec des éclosions de COVID-19 a été d’installer des clôtures et de procéder à un isolement collectif injustifié, détruisant la confiance et l’accès aux services de santé et mettant en péril une réponse efficace. La sécurité sanitaire mondiale ne signifie pas la santé de quelques privilégiés et la fermeture des frontières à tous les autres. Nous l’avons vu avec Ebola, et nous devons tirer des leçons de cette expérience. Les pays riches financeront et prioriseront ce qui les menace, et c’est pourquoi nous voyons soudainement se concrétiser tant de choses qui semblaient impossibles il y a quelques mois : une réduction rapide de l’empreinte carbone particulièrement dans les pays riches – un énorme défi; et les efforts spectaculaires pour développer un vaccin en un temps record – impensable pour des maladies telles que la tuberculose multirésistante (TB-MR) qui affecte de manière disproportionnée les communautés marginalisées et racisées. Voilà encore un autre exemple de la raison pour laquelle nous ne pouvons pas parler de COVID-19 ou de la crise climatique sans aborder l’inégalité structurelle qui y est imbriquée et qui ultimement influence notre réponse. La sécurité sanitaire mondiale doit signifier la santé pour tous, purement et simplement. Aucune exception.

Le « nous contre eux » ne peut continuer. Faire face à une pandémie et à la crise climatique exige une réponse intégrée et une approche multirisques, où chacun met l’épaule à la roue et personne n’est exclu. Cela signifie également que nous devons écouter les communautés touchées et les acteurs locaux, instaurer la confiance et collaborer, en particulier dans un contexte où il y a de plus en plus de désinformation, de peur et de xénophobie. De plus, nous devons signaler l’urgence d’atténuer les impacts climatiques et de démanteler le racisme systémique dans notre travail.

 

Un mot sur les voyages plus intelligents, la durabilité, le gaspillage et l’équité

La fermeture des frontières et le confinement mondial en raison de la COVID-19 ont eu un impact négatif sur les populations et les opérations de MSF. MSF et d’autres ont eu du mal à se procurer suffisamment d’EPI pour les travailleurs de la santé et les patients. Nous avons dû composer avec des ruptures de stocks et des restrictions de voyage, mais nous avons également collaboré et trouvé des solutions. Au milieu de tout cela, nous nous sommes adaptés et avons prêté assistance à beaucoup de personnes en détresse.

MSF mène des activités de promotion de la santé, fait du triage, offre des consultations de base et distribue des trousses d’hygiène à Rio de Janeiro.Mariana Abdalla/MSF

 

Une pandémie destructrice, en particulier pour les personnes les plus pauvres et les plus marginalisées, est le pire moyen de forcer la réduction des émissions de carbone. Malgré la dévastation, les études montrent une réduction temporaire mais significative de la pollution atmosphérique et des gaz à effet de serre[12], ainsi que les avantages pour la santé et les décès évités avec l’amélioration de la qualité de l’air[13]. Certes, les interdictions de vol ont engendré des perturbations à bien des niveaux, mais ont également accordé un « cessez-le-feu » temporaire des émissions nocives de carbone et mis en lumière la résilience de la nature et notre capacité d’adaptation. Mais sans actions urgentes, les niveaux mondiaux de CO2 continueront de grimper et viendront aggraver les besoins sanitaires et humanitaires.

MSF s’est déjà engagée aux niveaux associatif et opérationnel ainsi que dans des actions ad hoc pour réduire notre impact environnemental, et ici la COVID-19 nous oblige à nous adapter de la manière transformationnelle à laquelle nous aspirons, mais pas aussi rapidement que nous l’aurions souhaité. Comment prendre conscience, retenir et tirer des leçons de la perturbation massive de notre façon de travailler? Nous nous sommes largement adaptés aux voyages non essentiels utilisant des plateformes virtuelles pour organiser des réunions, etc. La COVID-19 met aussi au jour des inégalités dans l’accès à Internet et la capacité de travail à distance, et il faut remédier à la situation. L’accès à Internet et la protection sociale sont nécessaires pour affronter la situation et se rétablir, en particulier pour les personnes exclues et déplacées ou apatrides, qui font face à des risques supplémentaires significatifs.

En outre, la COVID-19 a souligné les importants besoins énergétiques qui accompagnent la réponse sanitaire lors des pandémies et en général; il faut une énergie autonome, abordable et accessible pour alimenter les respirateurs, l’apport en oxygène, la climatisation pour les pharmacies, les hôpitaux et les cliniques, la chaîne du froid, etc., et pour quand il y aura un vaccin prometteur.

MSF a fait des progrès dans la réduction de son impact négatif sur l’environnement et réalisé des gains financiers en accélérant l’utilisation du solaire et des énergies renouvelables, en réduisant le fret aérien, en menant des études d’efficacité sur les voyages et en mesurant et en atténuant davantage ses impacts négatifs. Tous les efforts visent à contenir l’épidémie et à répondre à la COVID-19 et aux besoins humanitaires accrus. Mais nous constatons que, pendant cette pandémie, peu ou pas d’attention n’est accordée par MSF et les autres à l’impact environnemental et social de la production de déchets liés à la COVID-19.

Il nous faut intensifier ces efforts pour réduire notre impact négatif et inclure la durabilité dans notre travail pour qu’elle fasse partie intégrante d’une réponse humanitaire plus respectueuse de la planète et des patients, et plus résiliente aux changements climatiques. Il n’existe aucun vaccin contre la crise climatique.

« Ne pas nuire » dans nos opérations n’est pas un bonus, c’est une partie nécessaire de notre travail. La transition vers l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) n’est plus une aspiration, elle est primordiale pour atteindre les objectifs médicaux de MSF et remplir notre devoir de diligence envers les patients, le personnel et les populations que nous visons à servir. Ces crises en cascade donnent matière à réflexion en ce qui a trait à nos structures organisationnelles internes, à nos politiques et à nos méthodes de travail qui perpétuent les racines coloniales et oppressives de l’aide humanitaire.

 

Les prochaines étapes

 

Plus nous y regardons de près, plus nous constatons que la situation ressemble à une poupée russe de crises, ce qui peut paraître insurmontable. Mais la cooccurrence ou la convergence de la COVID-19 et de la crise climatique, malgré leurs forces destructrices, mettent également en évidence des solutions communes pour MSF et le monde. Nous devons faire notre possible pour assurer l’équité, l’adaptation, l’atténuation et le leadership en matière de santé afin de garantir que les systèmes sanitaires et humanitaires soient mieux préparés, inclusifs et résilients.

La pandémie a aussi montré qu’à MSF, depuis nos débuts, nous sommes des penseurs et des praticiens latéraux et que nous innovons rapidement; nos solutions se rapprochent des points critiques auxquels nous ne pouvons pas accéder, misent sur la force de l’action locale indépendante, en collaboration avec les communautés et tirent profit du potentiel encore plus large de la télémédecine.

En plus de notre travail, qui trouve racine dans la croyance en l’égalité et à l’accessibilité aux soins de santé pour tous, nous devons adopter activement une stratégie antiracisme et anti-exclusion pour lutter contre la COVID-19 et d’autres exclusions de santé et garantir que notre réponse ne génère aucune pollution et n’entraîne aucun préjudice.

 

 

MSF a milité en faveur de l’accès à l’équipement de protection individuelle (EPI) et aux services de santé de base pour tous, de l’inclusion des réfugiés et des migrants dans les mesures de santé publique et le respect du droit international, ainsi que pour l’accessibilité et l’abordabilité universelles des vaccins et des tests de dépistage. De plus, nous parlons davantage en interne et en externe sur les crises de santé publique plus larges qui sont intensifiées par la COVID-19 et la crise climatique; si nous pouvions unir nos voix, notre impact serait encore plus fort.

Nous devons montrer l’exemple et nous assurer de ne pas devenir des alliés performatifs – cela signifie également de réfléchir à nos propres préjugés, à ceux d’entre nous qui ont des privilèges, et à ce que nous pouvons faire concrètement pour les éliminer. Nous faisons partie d’un système profondément inégalitaire, et il est de notre responsabilité de participer à son évolution. Cela signifie que pour ceux d’entre nous qui sont comme nous, de regarder quels sont nos propres privilèges (blancs, occidentaux) et biais qui contribuent à l’inégalité que nous essayons de combattre. Peu importe à quel point nous nous croyons ouverts d’esprit ou accueillants, le fait que nous portons tous des préjugés et des biais influence notre travail et notre mode de fonctionnement, que cela nous plaise ou non. Nous devons être radicalement inclusifs et travailler différemment, en nous appuyant sur ce qui fonctionne – maintenant près de cinq décennies d’impact et d’adaptations pragmatiques – et en changeant ce qui ne fonctionne pas. Il est minuit moins une.

 

 

RÉFÉRENCES

 

[1] https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/need-extra-precautions/racial-ethnic-minorities.html

 

[2] https://www.noaa.gov/news/may-2020-tied-for-hottest-on-record-for-globe#:~:text=After%20registering%20unusually%20high%20temperatures,National%20Centers%20for%20Environmental%20Information.

 

[3] https://www.who.int/news-room/q-a-detail/q-a-on-climate-change-and-covid-19

 

[4] https://www.who.int/docs/default-source/coronaviruse/situation-reports/20200423-sitrep-94-covid-19.pdf?sfvrsn=b8304bf0_4#:~:text=All%20available%20evidence%20for%20COVID,be%20handled%20by%20humans.

 

[5] https://www.cdc.gov/onehealth/basics/zoonotic-diseases.html

 

[6] https://www.who.int/globalchange/publications/phe-pr.pdf?ua=1 https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/WGIIAR5-Chap19_FINAL.pdf

 

[7] https://www.hsph.harvard.edu/news/hsph-in-the-news/air-pollution-linked-with-higher-covid-19-death-rates/

 

[8] https://www.unenvironment.org/news-and-stories/story/air-pollution-hurts-poorest-most

 

[9] https://www.bbc.com/news/world-asia-52734259

 

[10] https://unfccc.int/news/climate-change-increases-the-risk-of-violence-against-women

 

[11] http://www.manusherjonno.org/wp-content/uploads/2020/03/Final%20Report%20of%20Telephone%20Survey%20on%20VAW%20May%202020%20-%209%20June.pdf

 

[12]  https://www.nature.com/articles/s41558-020-0797-x https://www.thedailystar.net/opinion/politics-climate-change/news/covid-19-and-climate-change-1885357

 

[13] https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(20)30107-8/fulltext