MSF staff following the set up of tents at Turai hospital, Katsina State, Nigeria, June 2022. © George Osodi
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L’ONU doit reconnaître « l’urgence critique » de la crise de malnutrition qui sévit présentement dans le nord-ouest du Nigéria

Alors que la crise de malnutrition dans le nord-ouest du Nigéria atteint des niveaux catastrophiques, Médecins Sans Frontières (MSF) appelle la communauté humanitaire à répondre aux besoins urgents de la population touchée. Il est absolument nécessaire d’inclure le nord-ouest du Nigéria dans le plan d’intervention humanitaire de l’ONU pour permettre une réaction plus large et plus durable.

 

Depuis le début de 2022, les équipes de MSF ont vu un nombre extrêmement élevé d’enfants souffrant de malnutrition dans les programmes de MSF situés dans cinq États du nord-ouest du Nigéria. De multiples facteurs ont entraîné une forte augmentation de la malnutrition dans la région par rapport à l’année dernière.

 

 

Agriculteur cultivant ses terres près du village de Riko, dans l’État de Katsina, Nigéria, juin 2022.George Osodi

 

 

« Avec l’insécurité croissante, les changements climatiques et l’inflation mondiale des prix des denrées alimentaires dans un monde post-pandémique, tout porte à croire que cette crise va s’aggraver », affirme le Dr Simba Tirima, représentant de MSF au Nigéria. « Les autorités nigérianes ont besoin d’aide pour faire face à une crise de cette ampleur. Cela doit inclure immédiatement un financement humanitaire d’urgence pour les organisations ayant la capacité d’intervenir et un engagement à ajouter le nord-ouest du Nigéria dans le plan d’intervention humanitaire des Nations Unies pour 2023. »

Depuis janvier, les équipes de MSF travaillant en collaboration avec les autorités sanitaires nigérianes ont traité près de 100 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë dans 34 établissements ambulatoires. Elles ont aussi admis environ 17 000 enfants nécessitant des soins hospitaliers dans 10 hôpitaux des États de Kano, Zamfara, Katsina, Sokoto et Kebbi. L’État de Zamfara est l’une des zones les plus touchées par la violence persistante et le banditisme. Dans cette zone, nous avons enregistré une augmentation de 64 % du nombre d’enfants gravement malnutris soignés dans les unités nutritionnelles ambulatoires soutenues par MSF de janvier à août 2022 par rapport à la même période de l’année précédente.

Les enquêtes nutritionnelles de MSF ont aussi souligné la gravité de la crise, notamment dans les zones moins touchées par la violence et l’insécurité. Dans la région du gouvernement local de Mashi, dans l’État de Katsina, MSF a constaté un taux de malnutrition aiguë de 27,4 % et un taux de malnutrition aiguë sévère de 7,1 % en juin, même si la communauté a été relativement épargnée par la violence et les déplacements forcés. Ces taux indiquent une urgence critique.

 

Photo extérieure du centre d’alimentation thérapeutique ambulatoire soutenu par MSF, Centre de santé primaire de Maiyama, Kebbi, Nigéria, 19 juillet 2022.KC NWAKALOR

Le plan d’intervention humanitaire actuel de l’ONU pour le Nigéria se concentre sur la situation critique dans la région du nord-est du pays, et exclut celle du nord-ouest. Contrairement à MSF, qui n’est pas financée par le plan d’intervention humanitaire, de nombreuses organisations sont maintenant incapables de répondre aux besoins aigus dans la région nord-ouest parce qu’elles dépendent de ce financement.

 

« Nous constatons que les Nations Unies, les bailleurs de fonds et les autres parties prenantes ont de plus en plus conscience de l’ampleur de la crise dans le nord-ouest. Cependant, il est nécessaire d’aller au-delà des discussions », explique Froukje Pelsma, directrice de MSF au Nigéria.  « Le nord-ouest doit absolument être inclus dans le prochain plan d’intervention humanitaire du Nigéria pour 2023, car cela joue un rôle clé dans la mobilisation des ressources pour sauver des vies. »