Portrait of M. from Guinea Conakry “After crossing the desert the driver told us we didn’t pay enough so he left us in the desert. He came back after 2 or 3 days asking for money but we didn’t have, so he kept us in another place (in a warehouse ) and after a week police came. They kept us in a small house. We were around 60, we couldn’t eat or sleep…they used to come every morning, beating us and asking for money. They kept our phones and gave us our parents number on a small paper so we were able to call them and to ask for money. “ After being imprisoned M. was sold to work as house servant, then he gained his freedom and was able to go back to Niger with his wife and his 4 years old daughter. Burns are visible on his arms and his back. He also told us that during the imprisonment in Libya he saw two men beaten and killed in front of him. © Yarin Trotta del Vecchio
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MSF dénonce les traitements inhumains infligés aux migrants et aux migrantes refoulé·e·s d’Algérie et de Libye

Médecins Sans Frontières dénonce les traitements inhumains infligés aux migrants et aux migrantes refoulé·e·s de l’Algérie et de la Libye, et appelle au respect de la dignité humaine dans le contrôle des frontières.

 

De janvier à mai 2022, MSF a enregistré 14 196 migrants et migrantes ayant été refoulé·e·s de l’Algérie, dont 6 749 étrangers parmi lesquels se trouvaient 139 femmes et 30 enfants mineurs, filles et garçons. Chaque mois, ce sont en moyenne environ 2 000 migrants et migrantes qui sont expulsé·e·s de l’Algérie et de la Libye. On compte parmi ces personnes des blessé·e·s graves, des femmes victimes de viols, et des gens souffrant d’importants traumatismes, abandonné·e·s en plein désert à la frontière algéro-nigérienne, au lieu-dit « Point Zéro », à 15 km de la ville d’Assamaka. 

Près de 70 % des migrants et des migrantes ayant reçu une assistance médicale témoignent de violences et de toutes sortes d’actes dégradants qui leur ont été infligés par des gardes algériens et libyens. 

 

« La gravité des exactions commises sur les migrants et les migrantes est indiscutable. Les témoignages de nos patients et de nos patientes et le constat de l’état de santé physique et mental dans lequel ils et elles se trouvent en arrivant dans nos structures sanitaires prouvent que ces personnes ont vécu l’enfer au cours de leur expulsion des territoires algériens et libyens », affirme Jamal Mrrouch, responsable nationale de MSF au Niger.

 

En 2021, 27 208 migrants et migrantes qui tentaient de rejoindre l’Europe par la route de la Méditerranée ont été expulsé·e·s dans des conditions inhumaines de l’Algérie vers Assamaka, à la frontière du Niger. En 2020, le nombre de ces personnes refoulées était de 23 171, ce qui représente une hausse de 17,40 %. 

Les initiatives mises de l’avant par l’Union européenne pour endiguer le phénomène migratoire font en sorte que la route de la migration est devenue plus dangereuse. Les migrants, les migrantes et les passeurs se voient alors dans l’obligation d’emprunter, dans le désert, des couloirs excessivement dangereux pour éviter les contrôles. Cette situation favorise l’exploitation par les trafiquants.

Du fait de leur statut de clandestinité, l’accès aux services de base pour ces personnes, y compris les soins de santé, devient très compliqué. Depuis 2018, les équipes de MSF organisent régulièrement des opérations de sauvetage afin de porter secours aux migrants et aux migrantes perdu·e·s ou abandonné·e·s dans le désert. En soutenant plusieurs centres de santé intégrés et cliniques mobiles dans la région d’Agadez, les équipes de MSF offrent des soins de santé gratuits, un soutien psychosocial, des référencements pour les cas complexes et des évacuations d’urgence. En 2021, plus de 47 000 consultations médicales ont été fournies, dont 34 276 en santé mentale. Entre 2020 et 2021, 38 corps de migrants ou de migrantes ont été retrouvés sans vie.

 

Entrée d’une maison dans le ghetto. Agadez, Niger, 2022.
Entrée d’une maison dans le ghetto. Agadez, Niger, 2022.Yarin Trotta del Vecchio

 

 

Face à cette situation préoccupante, MSF appelle les autorités régionales et leurs partenaires à trouver des réponses humaines, urgentes, adaptées et pérennes à la souffrance des migrants et des migrantes refoulé·e·s de l’Algérie et de la Libye dans le désert du Sahel.

« Notre objectif n’est pas seulement de tirer la sonnette d’alarme sur la situation des migrants et des migrantes. En tant qu’acteur humanitaire et témoin de la terrible souffrance de milliers de personnes dans cette région du Sahel, c’est notre devoir de dénoncer ce drame humanitaire », explique Jamal Mrrouch. « C’est aussi notre devoir de lancer un appel aux autorités concernées, à l’Union européenne et aux partenaires humanitaires afin que des mesures immédiates soient prises pour le respect de la dignité humaine dans le contrôle des frontières. Nous ne pouvons plus continuer à simplement ignorer cette situation en pensant que le problème se résoudra de lui-même ».