The Hamadayet border crossing, where refugees from Ethiopia cross the river into Sudan. New arrivals take whatever belongings they can carry with them, some have their livestock’s and others left with nothing. © Jason Rizzo/MSF
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MSF fournit des soins médicaux et une assistance au Soudan aux personnes fuyant les violences en Éthiopie

 

Le 4 novembre, le Premier ministre éthiopien a ordonné une action militaire contre le Front de libération du peuple de Tigré (FPLT) dans la région du Tigré, au nord de l’Éthiopie, à la suite d’une attaque contre une base militaire. L’escalade du conflit touche déjà des centaines de milliers de personnes et risque de déstabiliser d’autres parties du pays et de la région, avec des conséquences humanitaires potentiellement catastrophiques.

Le 7 novembre, la première vague de personnes en provenance d’Éthiopie a commencé à arriver au Soudan. Au 25 novembre, l’ONU avait enregistré 42 000 arrivées, mais le nombre est probablement plus élevé, car beaucoup n’ont pas été enregistrées. Aujourd’hui, les personnes entrent au Soudan par trois endroits : le principal point d’arrivée se trouve à Hamdayet dans l’État de Kassala, dans l’est du Soudan, qui représente les deux tiers (68 %) des arrivées. Près d’un tiers (30 %) entrent dans l’État de Gedaref, dans le sud-est, tandis qu’un très petit nombre (2 %) entrent au Soudan plus au sud, dans l’État du Nil Bleu.

 

Nous intervenons à deux endroits où sont accueillies des personnes réfugiées, dans l’est et le sud-est du Soudan.

 

Zone de transit de Hamdayet, Kassala

Des équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) sont présentes au point de passage de Hamdayet, où elles assistent à la traversée du fleuve qui sépare l’Éthiopie du Soudan. De nombreuses personnes racontent à nos équipes qu’elles ont fui leur maison brusquement et rapidement, parfois sans même pouvoir emporter leurs affaires pour le voyage. Elles ont dû marcher pendant des heures, et parfois des jours, dans un environnement très dur et aride avant d’atteindre le Soudan.

À leur arrivée au Soudan, la grande majorité des personnes se trouve dans une zone de transit à Hamdayet, à côté de la frontière avec l’Éthiopie, où manquent abris, accès à la nourriture, aux installations sanitaires et à l’eau potable. La plupart des personnes réfugiées de Hamdayet doivent dormir en plein air – près des routes, sous les arbres – et séjournent dans une zone marchande du village de Hamdayet. Certaines personnes sont hébergées dans des maisons et, jusqu’à présent, les habitants des villages frontaliers du Soudan se sont montrés très ouverts et solidaires envers leurs voisins d’Éthiopie.

 

La mise en route du centre de dépistage nutrition et santé de MSF au point de passage de Hamdayet. Les agents de santé vérifient l’état nutritionnel des enfants réfugiés et orientent ceux qui souffrent de malnutrition aiguë ou modérée vers un établissement de santé à proximité.Jason Rizzo/MSF

 

Nous voyons également des personnes retourner en Éthiopie, soit pour aider à ramener les membres de leur famille restés au pays, soit pour récupérer leurs biens. Certaines retournent pour vendre leurs biens et revenir au Soudan avec de l’argent. Un petit nombre de personnes qui arrivent sont originaires d’Érythrée, précédemment déplacées vers l’Éthiopie, avant de fuir à nouveau vers le Soudan.

La première équipe de MSF est arrivée à Hamdayet le 16 novembre et trois jours plus tard, nous avons commencé à mener des activités. Comme première réponse aux besoins du nombre croissant de réfugiés, l’équipe travaillant au sein de ce point de passage a commencé à fournir des messages de promotion de la santé, des soins de santé, des activités de santé mentale, et à contrôler l’état nutritionnel des nouveaux arrivants. Nous menons également des activités relatives à l’eau et à l’assainissement. Dans la clinique que nous avons mise en place, nos équipes effectuent environ 300 consultations par jour, le plus grand nombre de maladies étant liées à des infections respiratoires, au paludisme ou à la diarrhée. Un petit nombre de réfugiés blessés et d’autres ayant subi des violences basées sur le genre ont été vus à la clinique, et de nombreuses personnes ont besoin d’un traitement continu pour des maladies chroniques telles que la tuberculose.   

Le camp de Um Rakuba, à Al-Qadarif

 

Après être enregistrées par l’ONU, certaines personnes arrivant à Hamdayet sont placées dans des bus et conduites au camp d’Um Rakuba dans l’État d’Al-Qadarif, le seul camp opérationnel officiel de la région, dédié aux arrivées d’Éthiopie. Um Rakuba se trouve à environ 7-8 heures de route de la frontière. Le camp est censé accueillir 10 000 personnes; il en accueille déjà plus de 8 000. Des discussions sont en cours pour établir un camp supplémentaire, car le nombre de personnes réfugiées continue d’augmenter.

Les conditions sanitaires dans le camp sont extrêmement mauvaises. Il n’y a pas assez de latrines et les gens sont obligés de déféquer à l’air libre.

Dans le camp d’Um Rakuba, nos équipes ont réalisé 453 consultations médicales entre le 19 et le 23 novembre. Elles y traitent principalement des diarrhées et des infections urinaires. Deux patients sont arrivés avec des blessures par balle et ont été envoyés à l’hôpital d’Al-Qadarif pour un traitement plus poussé. Quinze personnes souffrant de malnutrition aiguë sévère et 154 personnes souffrant de malnutrition modérée ont été identifiées et ont reçu des suppléments nutritionnels. Certaines personnes présentent des symptômes d’anxiété et d’insomnie en raison de la violence qu’elles ont vue ou subie en Éthiopie, et des conditions de leur voyage au Soudan.

 

Le camp de Um Rakuba, dans l’état d’Al-Qadarif, Soudan Les conditions sanitaires dans le camp sont inadéquates. Il n’y a que 58 latrines, comparativement au minimum standard de 288 par rapport au nombre de personnes séjournant dans le camp.MSF

 

« Le 3 ou 4 novembre, je travaillais dans ma boutique, quand soudain j’ai entendu des bruits de guerre, des bruits très forts », raconte un jeune éthiopien d’une trentaine d’années qui a partagé son histoire avec MSF. « Je ne sais pas pourquoi ils se battent, j’ai vu beaucoup de gens mourir, même des personnes âgées, j’en connais tellement. Je suis confus, je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça. »

« Au Tigré, les gens se cachent dans la brousse, jeunes et vieux. Le plus difficile, c’est que nous n’avons pas d’argent, rien à cuisiner, personne n’a rien apporté de chez eux », a-t-il ajouté. « Nous devions partir. Je suis arrivé avec deux paires de pantalons. Avant le début de la guerre, l’électricité, le réseau téléphonique, les banques, tout était fermé. J’ai de l’argent là-bas, mais pas ici. »

L’un des principaux problèmes auxquels l’équipe est confrontée est la pénurie de médicaments pour les maladies non transmissibles et les maladies chroniques. Nous travaillons avec d’autres organisations locales pour assurer l’approvisionnement nécessaire.

Notre équipe a également identifié de nombreux médecins parmi les arrivants d’Éthiopie qui séjournent dans le camp. Comme le personnel des organisations humanitaires n’est pas autorisé à passer la nuit dans le camp, nous travaillons avec ces médecins pour trouver un système qui permettra d’avoir un soutien médical 24 heures par jour.

Enfin, à Khartoum, notre équipe négocie avec les autorités pour faciliter l’importation de fournitures médicales, ainsi que les procédures urgentes d’obtention de visas pour le personnel supplémentaire qui arrivera en renfort.