A patient undergoes a medical consultation at an MSF mobile clinic in Gomgoi displacement camp. MSF is running mobile clinics in three displacement camps in Twic County, after people fled their homes in Agok when violence erupted. © Scott Hamilton/MSF
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Soudan du Sud : les soudaines compressions dans le financement auront de graves conséquences pour les communautés

 

À la suite de récentes compressions de l’ordre de millions de dollars du financement accordé au système national de santé du Soudan du Sud, l’organisation d’assistance médicale et humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) exhorte le gouvernement britannique et les autres bailleurs de fonds à rétablir de toute urgence leur financement dans le pays.

Le Fonds commun en santé (FCS) est le plus important mécanisme de financement des soins de santé au Soudan du Sud. Ce financement donne accès à des soins de santé de base et à certains soins de santé secondaires. Il englobe également le paiement de médicaments, de fournitures médicales, des travailleurs et travailleuses de la santé du pays, ainsi qu’une assistance technique. 

Le 1er avril 2022, le FCS a vu son budget amputé de 24 % pour cet exercice en raison des récentes et importantes compressions dans l’aide publique au développement du Royaume-Uni. Cela a entraîné la suspension immédiate du financement d’environ 220 des 797 établissements de santé publics soutenus par le FCS dans huit des dix États du Soudan du Sud. D’autres compressions attendues à la fin du mois de juillet feront en sorte que neuf hôpitaux publics perdront également leur financement.

MSF est profondément préoccupée par l’ampleur de ces compressions visant le système de santé publique national et le moment choisi pour les faire. En tant que plus grande organisation médico-humanitaire présente au Soudan du Sud, elle lance une mise en garde contre les répercussions négatives que ces compressions auront sur l’accès des gens aux soins de santé, en particulier pour les personnes en situation de vulnérabilité.  

« Après des années de conflit prolongé et de crises humanitaires récurrentes, le système de santé du Soudan du Sud était déjà sous respirateur artificiel, et ces compressions vont davantage paralyser un système de santé publique chroniquement sous-financé qui lutte pour répondre aux besoins des communautés », déplore Federica Franco, directrice nationale de MSF au Soudan du Sud.

Environ les deux tiers des 2 300 établissements de santé du Soudan du Sud sont déjà non fonctionnels, et moins de la moitié (44 %) de la population totale vit à moins de cinq kilomètres d’un établissement de santé fonctionnel. Les inondations, les déplacements, l’insécurité alimentaire et la violence demeurent des défis importants dans le pays, et ces compressions dans le financement n’auraient pas pu survenir à un pire moment.

« Dans un contexte où les soins étaient déjà très limités avant que ces compressions ne surviennent, il est difficile de surestimer notre grande inquiétude quant à la continuité des services de santé et la capacité des gens à y accéder », affirme Federica Franco. « Il ne s’agit pas seulement de chiffres abstraits – ces compressions auront de graves conséquences pour les femmes, les hommes et les enfants du Soudan du Sud. » 

Le Soudan du Sud présente certains des pires indicateurs de santé au monde, et le FCS comble une lacune critique dans le financement des soins de santé dans le pays. Comme les compressions ont été appliquées sans plan de transition pour les 220 établissements de santé et avec seulement quatre mois de préavis pour les hôpitaux, des plans d’atténuation et de contingence n’ont pas été établis. Par conséquent, l’impact attendu de ces compressions sur l’accès à des soins médicaux essentiels pour les communautés est alarmant. 

À Bentiu, où résident actuellement plus de 170 000 personnes déplacées, les épidémies, la malnutrition et d’autres problèmes de santé sont omniprésents. Malgré la situation de vulnérabilité dans laquelle se trouve la communauté, l’hôpital public de Bentiu est l’un des établissements de santé que le FCS cessera de financer en juillet. Si aucune mesure d’atténuation n’est mise en place, l’hôpital de MSF deviendra le seul établissement de santé secondaire pleinement opérationnel dans l’ensemble de l’État.

Autre exemple, l’hôpital public d’Aweil perdra également son financement à compter de la fin du mois de juillet. MSF y gère depuis 2008 les services de pédiatrie et de maternité, et le FCS soutenait les services médicaux pour les adultes. Il s’agit du seul hôpital pour une population de plus de 100 000 habitants et habitantes dans la ville d’Aweil et plus de 1,2 million de personnes dans l’ensemble de l’État. 

« Ces compressions signifieront moins d’options pour les patients et les patientes dans un pays où le système de santé est déjà surchargé et manque de ressources », explique Federica Franco. « Nous exhortons le gouvernement britannique et les autres bailleurs de fonds du FSC à prioriser de nouveau une aide soutenue pour le Soudan du Sud et à intervenir d’urgence avec des fonds supplémentaires suffisants pour atténuer les lacunes résultant de ces dernières compressions. Nous appelons également le gouvernement du Soudan du Sud à fournir des soins médicaux interrompus. »

MSF, qui repose pour sa part sur un financement privé, continuera à fournir une assistance humanitaire et médicale par l’intermédiaire de ses programmes dans tout le Soudan du Sud. MSF a déjà reçu des demandes d’aide d’urgence de plusieurs communautés et établissements de santé sud-soudanais touchés par les compressions. Cependant, MSF opère déjà à la limite de ses capacités. L’organisation a donc du mal à répondre aux besoins de santé des communautés lors de situations d’urgence simultanées, et peut difficilement intensifier sa réponse pour combler le grand fossé laissé par les compressions de financement du FSC.