An Iraqi Kurdish family of seven with five children aged from 5 to 15 years old already spent 20 days in the woods. They were exhausted, they haven’t eaten in five days and one of the girls needed medical assistance. They have already been pushed back and forth at least five times and were terribly afraid of going back to Belarus. Just a few hours after being helped by a Polish NGO, they sent the information that they had been pushed to Belarus once again. Near Siemianowka, Poland. These stories were shared by the people on the move with the photographer Kasia Strek who met them in Poland. MSF teams were not present at these occasions and haven’t spoken to these people.
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Pologne : MSF quitte la région frontalière après le blocage des organisations humanitaires

Trois mois après avoir envoyé une équipe d’intervention d’urgence pour aider les migrants, les migrantes et les réfugié·e·s qui traversent la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, l’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) a retiré son équipe après s’être vu refuser l’accès à plusieurs reprises par les autorités polonaises à la région frontalière boisée où des groupes de personnes qui survivent à des températures inférieures à zéro ont désespérément besoin d’une assistance médico-humanitaire.

« Depuis octobre, MSF a demandé à plusieurs reprises l’accès à la zone réglementée et aux postes de gardes-frontières en Pologne, mais sans succès », dit Frauke Ossig, coordonnatrice d’urgence de MSF pour la Pologne et la Lituanie. « Nous savons qu’il y a encore des personnes qui traversent la frontière et se cachent dans la forêt, et qu’elles ont besoin d’aide, mais alors que nous nous engageons à aider les personnes en déplacement où qu’elles se trouvent, nous n’avons pas pu les atteindre en Pologne. »

Restrictions strictes aux déplacements

Depuis juin 2021, des milliers de personnes ont tenté d’atteindre l’Union européenne (UE) en passant de la Biélorussie vers la Pologne, la Lituanie et la Lettonie. Devant la situation, la Pologne a construit des clôtures frontalières, a fait venir son armée et a déclaré l’état d’urgence le long de sa frontière. Cette zone est devenue étroitement contrôlée avec un accès restreint, y compris pour les organisations humanitaires, les groupes de bénévoles et les médias.

Au cours des six derniers mois, il y a eu de nombreux cas où des gardes-frontières polonais ont renvoyé de force des migrants, des migrantes et des réfugié·e·s en Biélorussie, sans tenir compte de leur intention de demander une protection internationale et en violation de leurs droits. La peur de ces « refoulements » et de la violence exercée par les gardes-frontières a conduit des femmes, des hommes et des enfants à essayer de se frayer un chemin à travers la région sans être détecté·e·s, se cachant dans les forêts par des températures hivernales extrêmes sans nourriture, sans eau, sans abri ni vêtements chauds. Au moins 21 personnes ont ainsi perdu la vie en 2021.

Cette zone est devenue étroitement contrôlée avec un accès restreint, y compris pour les organisations humanitaires, les groupes de bénévoles et les médias.

Bien que le nombre de personnes tentant de rejoindre l’UE ait diminué au cours des derniers mois, des groupes de migrants, de migrantes et de réfugié·e·s se trouvent toujours dans la région. Le 18 décembre, l’équipe MSF s’est jointe à Salam Lab, une organisation de la société civile polonaise, pour porter assistance à cinq Syriens et à un Palestinien qui ont réussi à se frayer un chemin hors de la zone réglementée. Ils ont déclaré avoir été renvoyés de force en Biélorussie à plusieurs reprises et avoir subi des violences de la part des gardes-frontières.

Niveau de violence important

L’équipe MSF a recueilli de nombreux témoignages de violence, allant du vol et de la destruction des biens à l’intimidation, la violence intentionnelle et l’agression physique de chaque côté de la frontière. L’équipe a constaté des blessures physiques coïncidant avec ces récits de violences. Les migrants et les migrantes sont attaqué·e·s et battu·e·s par les gardes-frontières, alors les autorités autorisent les pratiques de refoulement en sachant pourtant que les mauvais traitements se poursuivent.

Un groupe de Yéménites et de Palestinien·ne·s poursuit son voyage après avoir reçu de la nourriture, des vêtements chauds et des piles de la part d’un groupe de militants et de militantes dans le cadre d’une « intervention silencieuse ».
Un groupe de Yéménites et de Palestinien·ne·s poursuit son voyage après avoir reçu de la nourriture, des vêtements chauds et des piles de la part d’un groupe de militants et de militantes dans le cadre d’une « intervention silencieuse ».

Les équipes de MSF ont travaillé en Biélorussie, en Lituanie et en Pologne en réponse à la crise, mais malgré des demandes répétées auprès des autorités respectives, elles n’ont pas réussi à obtenir l’autorisation d’entrer dans les zones frontalières d’aucun des trois pays.

Accès bloqué

Puisque les organisations humanitaires, les organisations non gouvernementales et les groupes de bénévoles se voient refuser l’accès à la zone frontalière en Pologne, ce sont les résidents et les résidentes des zones réglementées qui fournissent de l’assistance aux personnes en déplacement. Frauke Ossig explique que non seulement les organisations ont été empêchées d’entrer dans la zone réglementée, mais « que certains volontaires ont été diffamés et intimidés, et que leurs biens ont été détruits dans ce qui semble être une tentative pour les empêcher d’apporter leur aide ». Elle ajoute que cette situation fait payer un lourd tribut aux résidents et aux résidentes de la région.

Les migrants, les migrantes et les réfugié·e·s qui ont réussi à se frayer un chemin au-delà des zones réglementées ont largement bénéficié de l’aide humanitaire d’organisations non gouvernementales locales, de groupes et de particuliers. L’équipe MSF a apporté son soutien à ces groupes, en plus de dispenser des soins médicaux de base, des soins de santé mentale et une aide humanitaire à un nombre limité de personnes qui ont réussi à sortir des zones réglementées.

Kurde d’Irak, cet homme n’avait pas mangé depuis quatre jours. Lorsqu’il a été trouvé par un habitant du quartier qui tente d’aider les personnes en déplacement, il tremblait dans ses vêtements complètement détrempés.
Kurde d’Irak, cet homme n’avait pas mangé depuis quatre jours. Lorsqu’il a été trouvé par un habitant du quartier qui tente d’aider les personnes en déplacement, il tremblait dans ses vêtements complètement détrempés.

MSF craint que la politique actuelle de restriction de l’accès aux organisations humanitaires et aux groupes de bénévoles n’entraîne la mort d’un plus grand nombre de migrants, de migrantes et de réfugié·e·s. Ces politiques sont un autre exemple de la façon dont l’UE crée délibérément des conditions dangereuses pour les personnes qui demandent l’asile à ses frontières.

« La situation actuelle est inacceptable et inhumaine. Les gens ont le droit de demander la sécurité et l’asile et ne devraient pas être renvoyés illégitimement en Biélorussie », déclare Frauke Ossig. « Cela met des vies en danger. » Tant que des groupes humanitaires non gouvernementaux et impartiaux ne pourront pas atteindre ces personnes pour leur fournir de l’eau, de la nourriture, des vêtements chauds et des soins médicaux, le nombre de décès augmentera probablement à mesure que les températures continueront de baisser.

MSF retire son équipe d’intervention d’urgence de la zone frontalière polonaise, mais continuera à travailler en Pologne où – conformément aux plans initiaux – elle est en train d’établir un bureau national à Varsovie, la capitale. Pendant ce temps, les activités de MSF en réponse à cette crise se poursuivront en Lituanie et en Biélorussie. MSF reste engagée à aider les personnes en déplacement.