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Liban : face à l’escalade de la violence, des familles et des enfants cherchent refuge dans l’école de Bichwet

Témoignage recueilli le 1er novembre dans une école abritant des personnes déplacées à Bichwet, gouvernorat de Baalbek-Hermel, au Liban.

Le 23 septembre, après près d’un an d’attaques transfrontalières le long de la frontière sud du Liban, Israël a intensifié ses bombardements sur le Liban. Ces attaques ont provoqué des vagues de déplacements massifs qui ont dépassé la capacité du pays à fournir des abris adéquats. 

Le sourire éclatant de Fatima s’efface lentement à l’entrée de la salle de classe. Les bureaux et les chaises sont empilés d’un côté de la pièce, laissant la place aux matelas posés sur le sol. Elle préférerait être à l’école pour éduquer ses trois enfants plutôt que pour s’y réfugier. « Je ne voulais pas quitter notre maison, pas du tout », dit Fatima, qui a 43 ans. « Le jour où nous avons été obligés de partir a été le plus dur ». Le 29 septembre, Fatima a vite rassemblé quelques matelas et couvertures et est partie de chez elle sous les bombardements. Cinq minutes plus tard, la maison de son voisin à Kfarden a été bombardée. 

« Je suis reconnaissante d’avoir pu sauver mes enfants », souligne-t-elle. « Ils sont notre raison de vivre, à mon mari et moi. Nous allons bien physiquement, mais pas du tout mentalement. Nous prenons notre mal en patience et attendons la fin de la guerre ». 

Fatima essuie ses larmes et place une cafetière sur un réchaud portable. Son sourire éclatant revient lorsqu’elle dit : « Nous sommes les gens de Baalbek, nous honorons nos invités comme nous le pouvons. » 

Iqbal frappe à la porte et entre. Cette femme de 60 ans a été forcée de quitter sa ville, Boudai, et est arrivée à cette école le même jour que Fatima. 

« Nous ne pouvions pas dormir de la nuit à cause des bombardements incessants autour de nous », raconte Iqbal. « Lorsque le soleil s’est levé, nous nous sommes enfuis sans rien. Nous ne savions même pas où nous allions, nous avons juste couru pour sauver nos vies. » 

Iqbal a réussi à obtenir quelques matelas et couvertures pour elle, son père et ses trois frères et sœurs. 

« Nous ne savons rien de notre maison », dit-elle. « Elle me manque tellement, tout comme les choses que je considérais comme acquises, avant. Il est dangereux de rentrer chez soi; il est indigne de rester ici. » 

Alors qu’elles sirotent un café, la conversation entre les deux femmes est empreinte d’un sentiment commun de nostalgie pour le passé récent. Fatima fait quelque chose qu’Iqbal n’a pas osé faire : elle risque sa vie tous les deux jours pour rentrer chez elle. 

« Il n’y a pas de douches dans cette école et le temps est glacial ici dans les montagnes », explique Fatima. « Nous ne pouvons pas nous permettre de chauffer de l’eau sur le poêle. Nous ne pouvons pas non plus nous permettre que nos enfants tombent malades. J’ai fini par admettre que c’est notre vie maintenant ».