Un membre de l’équipe de MSF apporte son soutien au triage des personnes venues chercher des soins au centre médical de Kaï-Ka, après les inondations de novembre à Mayo-Danay. Soudan du Sud, 2024. © Vanessa Fodjo/MSF
PARTAGEZ

Urgence climatique : lors de la COP30, MSF appelle à des mesures concrètes pour répondre aux effets des changements climatiques sur la santé

Les communautés locales et autochtones doivent être au cœur des solutions, car les catastrophes climatiques répétées aggravent la santé des personnes vulnérabilisées.

La crise climatique affecte le plus durement les communautés en situation de vulnérabilité. Lors de la 30e Conférence des Nations Unies sur le climat (COP30), leurs voix doivent être entendues.    

Les répercussions de la crise climatique sur la santé sont de plus en plus manifestes. Cependant, les discussions sur la santé ont toujours été mises de côté dans les débats de haut niveau lors des conférences précédentes. La COP30, qui se tiendra du 10 au 21 novembre à Belém, au Brésil, offre une occasion unique de sensibiliser le monde entier aux conséquences des changements climatiques sur la santé. Elle permettra également de promouvoir des stratégies efficaces d’adaptation et de résilience face aux défis liés au climat. 

Médecins Sans Frontières (MSF) prête assistance aux communautés directement confrontées aux conséquences de la crise climatique sur leur santé. 

« Nous constatons chaque jour les effets de cette crise dans les différents endroits où nous intervenons. Ce sont les personnes en situation de vulnérabilité qui sont les plus touchées, précisément celles qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre », explique Maria Guevara, secrétaire médicale internationale de MSF. « Ces communautés paient de leur vie et de leur santé pour une crise qu’elles n’ont pas créée. »

Des véhicules de MSF circulent sur des routes boueuses ou partiellement détruites par des glissements de terrain pour atteindre des communautés isolées dans les montagnes de l’État d’Hidalgo. Mexique, 2025. © MSF

MSF est témoin direct du coût humain de l’urgence climatique

Dans de nombreuses régions, les équipes de MSF constatent la multiplication et le chevauchement à un rythme effréné des phénomènes météorologiques extrêmes, comme les inondations, les sécheresses et les tempêtes. Les communautés n’ont pas le temps ou la capacité de se remettre d’une catastrophe, qu’elles sont frappées à nouveau. 

Ces événements augmentent les risques physiques et endommagent les infrastructures, mais ils minent également la résilience psychologique et émotionnelle. Ils causent des traumatismes complexes en raison de leur impact immédiat, mais également en raison de la séparation des familles, de l’insécurité alimentaire et des déplacements. 

C’est ce qui s’est produit en 2023 et 2024 dans l’État méridional de Rio Grande do Sul, au Brésil. Des épisodes consécutifs de fortes pluies, d’inondations et de glissements de terrain ont entraîné la mort de centaines de personnes et forcé le déplacement de centaines de milliers d’autres. MSF a mis en place des cliniques mobiles, fourni soins médicaux et un soutien en santé mentale dans des refuges, et formé du personnel local aux premiers secours psychologiques.    

L’urgence climatique exacerbe les inégalités sanitaires et sociales existantes, aggravant les vulnérabilités préexistantes. Cela signifie que les personnes les plus touchées sont souvent celles qui n’ont déjà pas accès aux soins de santé de base ou qui en sont exclues. Il s’agit notamment de personnes vivant dans des zones touchées par des conflits, de familles déplacées, de communautés rurales, de personnes en situation de pauvreté et de communautés autochtones.

« Il est important de comprendre que bon nombre de ces impacts sont cumulatifs et touchent des communautés qui disposent généralement de ressources limitées pour réagir efficacement. Nous avons besoin de systèmes de détection précoce qui tiennent compte non seulement des conditions météorologiques, mais aussi des tendances épidémiologiques, afin de mieux comprendre cette interrelation et de réagir plus rapidement et plus efficacement. » 
 

– Maria Guevara, secrétaire médicale internationale de MSF

Certaines de nos interventions répondent à des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les cyclones et les inondations. Ils sont devenus plus fréquents et plus intenses, comme ceux qui sont survenus l’année dernière au Mozambique et cette année à Madagascar.  

Les précipitations sont moins fréquentes, ce qui favorise la propagation de maladies vectorielles telles que le paludisme et la dengue. Ces maladies, parmi d’autres, peuvent devenir plus mortelles si elles sont associées à la malnutrition, comme nous l’avons vu l’année dernière dans le nord du Nigéria.   

Les sécheresses peuvent être plus longues et limiter l’accès à l’eau, comme c’est le cas au Mozambique, et les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes. Au Zimbabwe, ces dernières années, la sécheresse a entraîné de mauvaises récoltes et a contraint les agriculteurs et les agricultrices à se tourner vers l’exploitation minière informelle. L’accès à l’eau potable est alors devenu un enjeu majeur pour les personnes qui travaillent dans les mines. MSF a donc cartographié les sources d’eau contaminée et a commencé à mettre en œuvre des solutions alternatives.

Soanary et Clairy sont arrivés au centre de rétablissement de MSF à Ikongo, quand l’état de Clairy s’est compliqué en raison de la malnutrition et du paludisme. « Je crains que l’état de mon fils ne s’aggrave. J’ai peur que l’eau dans son ventre continue d’augmenter », explique Soanary. Madagascar, 2024. © Miora Rabearisoa

Les conséquences de la crise climatique sont nettement plus graves pour les personnes qui vivent dans des environnements vulnérables au climat. Pour certaines communautés, il peut être impossible de suivre la recommandation de s’hydrater régulièrement en raison du manque de sources d’eau potable sûres. Une inondation dans une ville peut causer des dégâts. Pire encore, une inondation dans une zone où le système d’égouts est précaire peut propager des maladies comme le choléra et la diarrhée, comme cela s’est produit en Haïti. 

« Il est important de comprendre que bon nombre de ces impacts sont cumulatifs et touchent des communautés qui disposent généralement de ressources limitées pour réagir efficacement », explique Maria Guevara. Elle précise que MSF s’efforce d’adapter ses activités pour répondre plus efficacement aux problèmes causés par la crise climatique. « Nous avons besoin de systèmes de détection précoce qui tiennent compte non seulement des conditions météorologiques, mais aussi des tendances épidémiologiques, afin de mieux comprendre cette interrelation et de réagir plus rapidement et plus efficacement. »

Des gens remplissent leurs jerrycans au point d’eau d’urgence installé par MSF à Aboutengué. Tchad, 2025. © Gabriella Bianchi/MSF

Des engagements à l’action

Les pays doivent présenter des objectifs climatiques plus ambitieux lors de la COP30. Jusqu’à présent, le non-respect des engagements pris en matière de réduction des émissions a entraîné un réchauffement climatique continu. Si les changements climatiques s’accélèrent sans relâche, les conditions de vie de certaines communautés à travers le monde deviendront de plus en plus insoutenables.    

Outre des objectifs climatiques plus ambitieux, il est urgent d’agir. « Les pays et les communautés les plus touchés ne reçoivent pas le soutien dont ils ont besoin, à savoir un soutien financier et technique concret qui puisse se traduire par de réelles améliorations de la santé des personnes et des systèmes de santé sur place », affirme Maria Guevara. 

MSF plaide en faveur d’une meilleure intégration des questions sanitaires et humanitaires dans l’ordre du jour de la conférence. Nous appelons à des actions concrètes pour protéger la santé des communautés les plus à risque, en particulier celles qui se trouvent dans des situations de vulnérabilité. Il est également important de garantir un accès plus large aux stratégies d’adaptation au changement climatique, afin de ne pas perpétuer les mécanismes qui accentuent les inégalités et favorisent les pays à revenu élevé. Il s’agit là d’un défi majeur, d’autant plus que les fonds alloués à ces stratégies ne suffisent absolument pas à couvrir les besoins, creusant davantage le fossé des inégalités. 

Malgré ce contexte difficile, un élément prometteur émerge de la conférence de Belém : le rôle plus important que devraient jouer les communautés locales et autochtones dans l’élaboration et la mise en œuvre de solutions. Cela ravive l’espoir que la mise en œuvre, longtemps retardée, puisse enfin avancer là où ça compte le plus. 

« Notre expérience montre qu’une approche descendante serait non seulement inefficace, mais qu’il serait en fait imprudent de ne pas mettre à profit les connaissances des communautés traditionnelles pour nous aider à relever un défi aussi complexe que l’urgence climatique », affirme Renata Reis, directrice générale de MSF au Brésil. Elle espère que le rôle de premier plan que les mouvements populaires devraient jouer lors de cette édition de la COP pourra avoir un impact positif. « Si nos efforts négligent les connaissances locales et autochtones, nous risquons d’ignorer les besoins réels et d’aggraver les inégalités existantes. »