During MSF mobile clinic activities in the Grande Bom Jardim territory and the José Walter neighborhood, in Fortaleza, MSF carried out health promotion activities and offered mental health support. © Mariana Abdalla/MSF
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MSF intensifie ses activités au Brésil, où la COVID-19 a coûté la vie à plus de 500 mille personnes

À l’approche du deuxième hiver de la pandémie, la situation sanitaire au Brésil est de nouveau très inquiétante, les experts nationaux et internationaux mettant en garde contre une troisième vague dévastatrice. La réponse demeure fragmentée et décentralisée et les autorités centrales continuent de faire fi des preuves scientifiques et de l’importance des masques et de la distanciation sociale dans leurs messages de santé.

Hélas, on déplore à présent plus de 500 000 décès liés à la COVID-19, et la moyenne des décès a dépassé la barre des 2 000 personnes par jour pour la première fois depuis le mois de mai. De même, le nombre de nouveaux cas est aussi à la hausse puisqu’il s’élève à plus de 70 000 par jour. Ce chiffre approche la moyenne la plus élevée de 77 000 infections atteinte lors du pic de la deuxième vague au début du mois de mai.

« Dans le cas du Brésil, il est difficile de savoir si une nouvelle vague commence, car à la vérité, il n’y a jamais eu de baisse substantielle des cas depuis le début de la pandémie, » admet Antonio Flores, spécialiste des maladies infectieuses à Médecins Sans Frontières (MSF). Il explique qu’il s’agit de cycles que nous avons constatés jusqu’à présent. Après un pic, il y a une baisse modérée, puis une stabilisation à un niveau élevé, avant que les cas ne repartent  malheureusement à la hausse. 

Dans les villes rurales de l’état de Bahia, les équipes de MSF mettent en place une stratégie décentralisée avec des tests antigéniques rapides pour dépister la COVID-19 ainsi que des protocoles de PCI et des séances de formation pour le personnel des établissements de santé locaux.Mariana Abdalla/MSF

 

« Depuis le début de la pandémie, l’accélération des cas et des décès représente une menace quasi constante au Brésil », poursuit-il.   

L’arrivée de l’hiver apporte son lot de complications supplémentaires. Habituellement, le temps plus frais s’accompagne d’une augmentation des cas de grippe et d’autres maladies respiratoires. À mesure que des personnes seront infectées par ces maladies dans les établissements sanitaires, le système de santé, déjà éprouvé en raison de la COVID-19, sera davantage fragilisé.

Malgré les défis et alors que le virus continue de se propager, les équipes de MSF dans le pays trouvent de nouveaux moyens d’aider les communautés les plus vulnérables dans les régions les plus défavorisées du Brésil. Ces équipes sont basées dans les régions reculées du nord et du nord-est où l’accès aux services de santé est plus difficile, du fait d’un certain nombre de différents facteurs.

 

Portel, état de Paré

 

Sur l’île de Marajo (Ilha do Marajó), MSF soutient les autorités sanitaires de la ville de Portel, où, en raison de l’extrême éloignement de la communauté et du manque d’infrastructures, notamment routières, le système peine à faire face à la pandémie de la COVID-19.

Les équipes de MSF ont mis en place des séances de formation dans les établissements de santé de niveau primaire et secondaire ainsi  que dans le seul hôpital de toute la région afin d’améliorer le flux des patients, les protocoles de la COVID-19, les messages de promotion de la santé de même que la santé mentale du personnel de santé.

« Notre objectif vise à prendre en charge les populations les plus vulnérables de Portel et de leur apporter les soins dont elles ont besoin ainsi que de renforcer le système de santé. Nous voulons que les médecins et le personnel infirmier de la localité soient autant que possible prêts à faire face à un afflux de patients infectés par la COVID-19 au cas où la troisième vague déferlerait sur la région », précise Juan Carlos Arteaga, coordinateur de projet de MSF à Portel.

Par ailleurs, les équipes déploient des cliniques mobiles pour soigner les patients dans les zones les plus reculées de la région. Elles assureront le dépistage à l’aide de tests antigéniques rapides, des soins de santé primaire, le suivi des patients guéris de la COVID-19, des services de santé mentale et continueront les activités de promotion de la santé dans la région.

 

Fortaleza, état de Ceará

Dans la capitale de l’état de Ceará, le personnel de MSF oeuvre dans les quartiers de José Walter et de Grande Bom Jardim où la population éprouve de la difficulté à accéder aux soins médicaux dont elle a besoin.

 

« L’accès aux soins de santé est notoirement difficile dans ces communautés » explique Daniela Cerqueira Batista, coordinatrice de projet MSF à Fortaleza. Nous sommes constamment en communication avec les responsables communautaires qui sont très satisfaits que nous proposions les services dont ils ont vraiment  besoin. »

Les deux cliniques mobiles de MSF prodiguent des soins de proximité et visent à augmenter le nombre de services de qualité pour la communauté. Comme à Portel, les équipes effectuent tous les jours des tests antigéniques rapides pour dépister la COVID-19, un suivi à domicile pour les patients infectés et présentant des comorbidités, soutiennent le programme d’inscription au vaccin contre la COVID-19 et mènent des activités de promotion de la santé.

L’équipe prépare également une intervention médicale complète dans l’état de Paraiba.

 

Bahia

 

Les équipes de MSF sont à l’oeuvre dans les villes de Cocos, Xique-Xique et Riachão das Neves, tout en surveillant étroitement l’évolution de l’épidémie dans d’autres municipalités. Dotées d’un personnel compètent et expérimenté, elles soutiennent les établissements de soins du secrétariat municipal de la santé pour les préparer à affronter la troisième vague escomptée. Le personnel médical de MSF organise des séances de formation pour améliorer les protocoles Covid-19 et les flux de patients ainsi que les services de santé mentale pour le personnel travaillant dans ces unités. Comme dans d’autres régions du pays, l’épidémie a durement éprouvé la santé mentale des personnes qui s’occupent des patients les plus gravement touchés et qui sont confrontées à un nombre incroyable de décès.

Afin de renforcer les capacités de lutte contre la COVID-19, MSF met en place une politique de dépistage décentralisée avec un test antigénique rapide et un suivi à domicile des patients à haut risque afin de faciliter l’initiation rapide d’une oxygénothérapie. « Nous voulons renforcer le système de santé local afin qu’il puisse offrir aux patients la meilleure qualité de soins possible », souligne Fabio Biolchini, chef de mission à MSF au Brésil. « Nous aidons également les autorités locales à délivrer des message précis de promotion de la santé aux communautés, en se fondant sur des données scientifiques pour leur expliquer la manière de mieux prendre soin d’elles-mêmes et éviter ainsi la vague de désinformation qui circule dans ces communautés. »

Pendant ce temps, la trajectoire de la pandémie demeure incertaine au Brésil et ce, faute d’une réponse centralisée et coordonnée qui a clairement compromis les efforts de lutte contre la maladie. « Ce manque de coordination et de mesures stratégiques de la part des autorités se traduit par l’absence d’un contrôle durable de l’épidémie. Le virus continue toujours de circuler librement », conclut Antonio Flores.