Une équipe de motocyclistes se prépare à transporter des patients et des patientes des zones rurales. RCA, 2023. © Max Landry Kassaï/MSF
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République centrafricaine : la recrudescence des attaques contre le personnel, les patients et les patientes menace la poursuite des soins de santé à Batangafo

Les travailleurs et travailleuses humanitaires, les patients. les patientes, ainsi que les personnes qui prodiguent des soins font face à des niveaux de violence insupportables de la part de groupes armés locaux lors de leurs déplacements autour de la ville de Batangafo, dans le nord de la République centrafricaine (RCA), déclare Médecins Sans Frontières (MSF). Deux incidents graves en l’espace de moins d’une semaine mettent en péril notre capacité à continuer de fournir des soins de santé dans la région. MSF exhorte les groupes armés à respecter et à protéger les patients, les patientes, de même que son personnel.

Depuis le début de l’année 2023, les équipes de MSF ont fait l’objet d’au moins 16 incidents à Batangafo, généralement à la périphérie de la ville. Les dernières attaques ont eu lieu les 26 et 30 août. Les agressions consistent principalement en des vols avec violence. Elles sont perpétrées par des groupes d’hommes armés. Ceux-ci s’en prennent aux motocyclistes qui transportent les patients et patientes, aux agents et agentes de santé communautaire qui prodiguent des soins dans les zones rurales, ou aux convois de véhicules transportant du personnel vers des activités de sensibilisation.

De plus, à deux reprises, en mars et en août de cette année, les attaques ont entraîné des violences sexuelles à l’encontre d’une employée de MSF et d’une soignante.

« Nous sommes scandalisés par cette violence commise à l’encontre des patients, des patientes, des personnes qui les soignent, de notre personnel et des motards référents alors qu’ils se déplacent en étant clairement identifiés comme appartenant à une organisation humanitaire », déclare Gisa Kohler, responsable des opérations pour la République centrafricaine. « Nos équipes sont dévalisées sans relâche sous la menace d’une arme. Nous ne pouvons pas accepter les réponses évasives fournies par les groupes armés locaux, qui attribuent toujours ces actions à des éléments incontrôlés pour se dégager de toute responsabilité. »

Les incidents visant le personnel, les patients et les patientes de MSF près de Batangafo ont impliqué toute une série de groupes armés.

Une femme et son bébé sont transportés par une moto de MSF jusqu’à leur village, après avoir été soignés. Voiture, 2023. © Max Landry Kassaï/MSF

« Même si le conflit en RCA ne fait pas les manchettes, la violence à l’encontre des communautés locales est ici permanente. Ce sont les premières à en subir les conséquences », explique Gisa Kohler. « Les attaques répétées qui touchent MSF mettent en péril la poursuite de nos activités médicales dans la périphérie de Batangafo. Si nous devions partir, cela limiterait fortement l’accès aux soins pour les communautés des zones rurales. »

À la suite de ces incidents, MSF suspend temporairement les déplacements vers les centres de santé soutenus en périphérie de Batangafo. Ses équipes interrompent aussi le transport des gens vivant dans les zones situées entre Batangafo et Ouogo, où s’est produit l’un des derniers incidents.

« Nous sommes déterminés à rester ici pour prêter assistance dans une zone négligée, mais nous ne pouvons pas le faire à n’importe quel prix, en mettant les gens et notre personnel en danger », poursuit Gisa Kohler. « Nous appelons tous les groupes armés à respecter et à protéger le personnel de santé, le personnel humanitaire, les patients et patientes ainsi que les personnes qui les soignent. »

L’année dernière, après 16 ans de travail, MSF a été contrainte de mettre fin à son projet à Kabo, dans le nord de la RCA, à la suite de l’attaque d’un convoi en janvier 2022. Nous étions en effet incapables d’assurer la sécurité des déplacements de nos équipes dans cette région instable du pays.


MSF est présente à Batangafo depuis 2006. Nos équipes gèrent actuellement un hôpital, soutiennent un réseau d’agentes et d’agents de santé communautaire formés pour traiter le paludisme et les cas modérés de diarrhée. Elles soutiennent aussi deux centres de santé à la périphérie de la ville par des visites régulières. Entre janvier et juillet 2023, nous avons assuré près de 115 000 consultations médicales et orienté vers l’hôpital de la ville plus de 2 000 personnes en provenance des zones rurales et ayant besoin de soins plus spécialisés.