Grèce : Un incendie détruit le plus grand camp de réfugiés d’Europe
Le 8 septembre, plusieurs incendies ont éclaté dans le camp de réfugiés de Moria sur l’île grecque de Lesbos, détruisant presque entièrement le plus grand camp de déplacés d’Europe et forçant quelque 12 000 hommes, femmes et enfants à évacuer le site sans avoir de lieu sûr où s’installer. Le camp surpeuplé était en fait une prison insulaire pour les personnes en quête de sécurité en Europe, dont beaucoup avaient fui les conflits et la persécution.
Heureusement, on n’a rapporté aucun blessé ni décès. L’incendie a également détruit une installation médicale COVID-19 et forcé l’interruption de tous les services médicaux pour les réfugiés, y compris à la clinique pédiatrique gérée par Médecins Sans Frontières (MSF).
« Nos équipes ont vu le feu se propager à travers le camp de Moria toute la nuit. Tout était en feu. Nous avons vu des personnes fuir massivement les flammes, sans savoir où aller. Les enfants étaient effrayés, et les parents en état de choc. Nous travaillons maintenant pour répondre aux besoins immédiats », a déclaré Marco Sandrone, coordonnateur de terrain MSF à Lesbos.
MSF a maintes fois mis en garde contre les dangers dans le camp de Moria, où des personnes sont coincées depuis près de cinq ans dans des conditions qui ne peuvent que conduire au désespoir et aux tensions. « Il n’y a aucun doute quant à la cause de cet incendie : il est le résultat de plusieurs années de souffrances et de violences humaines produites par les politiques migratoires européennes et grecques », a déclaré Aurélie Ponthieu, conseillère en matière de déplacements à MSF.
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Le fait que cet incident se soit produit quelques jours après la confirmation des premiers cas de COVID-19 dans le camp n’est pas surprenant. Avec la pandémie et les restrictions croissantes imposées aux personnes confinées depuis près de cinq mois, la situation était devenue intolérable.
« En tant qu’organisation médicale humanitaire, MSF sait que si vous n’avez pas la confiance et la compréhension de votre population, vous ne pouvez pas maîtriser une épidémie », a expliqué Marco Sandrone. « Comment les autorités grecques peuvent-elles garder 12 000 personnes piégées dans ces conditions inhumaines, leur dire qu’elles doivent respecter la distanciation physique dans un petit espace alors qu’elles doivent faire la file tous les jours pour recevoir de la nourriture, et penser qu’elles leur feront confiance face à des restrictions imposées pour freiner la propagation de la COVID-19? »
Cela fait des années que MSF alerte les responsables sur les conditions de vie inhumaines dans le camp et a récemment appelé les autorités grecques de la santé et de la migration à mettre en place un plan d’intervention d’urgence adéquat contre la COVID-19 pour Moria, ce qu’elles n’ont toujours pas fait. L’Union européenne et ses États membres n’assument pas leurs responsabilités face à cette situation et n’ont pratiquement rien fait pour la résoudre. Les cendres de Moria témoignent de cette négligence et de cet échec.
Ces hommes, femmes et enfants ont besoin d’un espace sûr maintenant. MSF appelle les autorités grecques à adopter immédiatement un plan d’intervention d’urgence et à évacuer toutes ces personnes vers un endroit sûr, sur le continent ou vers d’autres pays européens. MSF est prête à fournir le soutien nécessaire dans le cadre d’une intervention d’urgence.