After a distress call from Alarm Phone, confirmed by Sea Bird, the afternoon of the 16th of November, 2021, 99 survivors were rescued by the Geo Barents at approx 30 miles from the Libyan shores. At the bottom of the overcrowded wooden boat, 10 people were found dead. 10 persons who died from suffocation, after 13 hours adrift at sea. The deadly central Mediterranean route. Currently on board, 186 people, many women and small children, the youngest one being 10 months old. Many of them seem traumatized by the horrendous ordeal. They were drifting at sea for hours, fearing for their lives. © Virginie Nguyen Hoang/ HUMA
PARTAGEZ

Geo Barents : 10 morts et 186 rescapés en Méditerranée centrale

Les équipes de recherche et sauvetage de Médecins Sans Frontières (MSF) ont retrouvé 10 personnes mortes hier sur un bateau en bois en Méditerranée centrale après le sauvetage de 186 autres en l’espace de 24 heures.

 

Le 16 novembre 2021, lors d’une difficile opération de recherche et sauvetage à moins de 30 milles marins des côtes libyennes en Méditerranée centrale, l’équipe de MSF à bord du navire de recherche et sauvetage Geo Barents a trouvé dix morts sur le pont inférieur d’un bateau en bois dangereusement bondé. Alerté par Alarm Phone et Seabird qu’un bateau en détresse prenait l’eau, le Geo Barents a rejoint le bateau trop tard pour éviter ce drame.

Au cours d’un après-midi de sauvetage difficile, après de longues heures d’intervention en mer, les survivants du bateau en bois ont informé l’équipe MSF de la présence de personnes entassées sur le pont inférieur qui ne donnaient plus signe de vie. L’équipe de secours a transféré 99 personnes à bord du Geo Barents avant de retrouver les corps des dix personnes. Selon le témoignage des survivants, ces personnes avaient passé plus de 13 heures dans un espace exigu sur le pont inférieur du bateau, où régnait une forte odeur de carburant. On croit qu’elles seraient mortes asphyxiées.

 

Après avoir secouru les 99 personnes, il nous a fallu près de deux heures pour récupérer les dix corps restés au fond du bateau et les amener à bord du , afin qu’ils puissent bénéficier d’un enterrement digne une fois arrivés à terre.

Fulvia Conte | Chef adjointe De L’equipe De Recherche Et Sauvetage De Msf

TWEET THIS:

 

« C’est à la fois horrible et intolérable », s’indigne Fulvia Conte. « C’est une autre tragédie en mer qui aurait pu être évitée. »

Abdoulaye a été l’un des derniers survivants à quitter le bateau en bois. Il n’a compris la situation qu’au moment où les sauveteurs de MSF l’ont pris par le bras pour l’aider à monter dans le canot de sauvetage.

 

Après un appel de détresse d’Alarm Phone, confirmé par Sea Bird, l’après-midi du 16 novembre 2021, le Geo Barents se dirige vers un bateau bondé.Virginie Nguyen Hoang/ HUMA

 

«  Laissez-moi voir leur corps. Ce sont mes frères, nous venons du même endroit, nous avons traversé la Libye ensemble », a demandé Abdoulaye dès son arrivée sur le Geo Barents. « Je dois dire à leur famille qu’ils sont morts. S’il vous plaît, laissez-moi les voir. » Sa voix tremblait, son corps tremblait et ses yeux étaient fixés sur l’horizon.

En moins de 24 heures, entre le 15 et le 16 novembre 2021, l’équipe de MSF à bord du Geo Barents a secouru 186 personnes lors de trois sauvetages dans les eaux internationales, au large de Malte et de la Libye. Parmi les survivants, on dénombre 152 hommes et 34 femmes, parmi lesquels se trouvent 61 mineurs. Il y a plusieurs femmes avec des enfants en bas âge, la plus jeune n’ayant que 10 mois. Les personnes à bord sont originaires de divers pays, dont la Guinée, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, la Somalie et la Syrie. Beaucoup d’entre eux ont vécu de dures expériences en Libye, d’où leur petit bateau en bois est parti.

Malgré les manifestations de soulagement et de joie à leur arrivée à bord du Geo Barents, les rescapés montrent des signes de stress et de traumatisme aigus. La plupart des gens sont terrifiés après cet épisode tragique. Parmi les survivants, certains ont dû identifier le cadavre d’un frère cadet ou d’un ami qui a péri sous leurs yeux quelques heures plus tôt.

 

Mary Jo, infirmière, parle à un rescapé à bord du navire Geo Barents.
Mary Jo, infirmière, parle à un rescapé à bord du navire Geo Barents.Virginie Nguyen Hoang/ HUMA

« Un jour comme celui-ci, alors que nous devons amener dix cadavres à bord, nous assistons une fois de plus au refus l’Europe de fournir des moyens dédiés et proactifs pour les opérations de recherche et sauvetage nécessaires en Méditerranée centrale », déclare Caroline Willemen, coordonnatrice du projet MSF sur le Geo Barents. « Les gens subissent de graves violations des droits de la personne en Libye, et leur seule échappatoire est souvent de fuir de façon extrêmement dangereuse à travers la Méditerranée centrale. »

Caroline Willemen | Coordonnatrice Du Projet Msf Sue Le Geo Barents

TWEET THIS:

« C’est aujourd’hui la route migratoire la plus meurtrière au monde. C’est honteux. », déclare Caroline Willemen. « Avec 186 survivants à bord, dont des proches de certaines personnes décédées et des personnes qui ont voyagé pendant des heures sur le pont inférieur du bateau au milieu des cadavres, le Geo Barents recherchera de toute urgence un lieu sûr pour débarquer ce groupe de personnes extrêmement stressées et probablement traumatisées. »

Activités de recherche et sauvetage de MSF

Depuis le lancement des activités de recherche et sauvetage en 2015, MSF a envoyé des équipes médicales à bord de huit navires de sauvetage, exploitant parfois les navires en partenariat avec d’autres organisations. Au total, les équipes de recherche et sauvetage de MSF ont aidé plus de 82 000 personnes. Le Geo Barents, l’actuel navire de recherche et sauvetage affrété par MSF, a commencé ses opérations en mai 2021. Il est actuellement en mer pour sa cinquième mission. Depuis le début de l’année, on estime que 1 225 personnes sont mortes ou portées disparues alors qu’elles tentaient la dangereuse traversée de la Méditerranée centrale. Aujourd’hui, nous ajoutons 10 personnes de plus à cet horrible bilan. Quelque 22 825 personnes ont été portées disparues ou sont mortes sur cette même route depuis 2014.