Des personnes migrantes arrivent de l’autre côté de la rivière Tuquesa au poste d’accueil des personnes migrantes de Lajas Blancas, un camp mis en place par le gouvernement panaméen. Panama, 2023. © Juan Carlos Tomasi/MSF
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MSF demande que des mesures soient prises pour mettre fin aux brutalités et aux violences sexuelles dans la jungle du Darién

Située entre la Colombie et le Panama, la jungle du Darién est une région dénuée de routes. Les personnes qui empruntent la voie de migration à travers cette jungle subissent un niveau intensifié de brutalité et de cruauté dans les attaques de violence sexuelle. Au cours des deux derniers mois, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) ont aussi enregistré une augmentation exponentielle du nombre d’agressions, dans ce que l’on craint être une aggravation de la situation déjà désastreuse sur cet itinéraire. MSF exhorte les autorités panaméennes à renforcer immédiatement les mesures de protection des personnes migrantes.

Selon les premiers chiffres, en une semaine de février, les équipes de MSF ont soigné 113 personnes – dont neuf enfants – agressées sexuellement par des groupes criminels opérant dans le Darién. Ce chiffre est proche de celui des 120 personnes traitées pendant tout le mois de janvier. Cela équivaut au double de la moyenne mensuelle des personnes traitées en 2023, soit 676 personnes pour l’ensemble de l’année. Les équipes de MSF sont horrifiées et inquiètes de cette tendance croissante et sont scandalisées par le niveau d’impunité avec lequel ces groupes criminels opèrent.

« Cette augmentation du nombre d’attaques est inimaginable », déclare Luis Eguiluz, directeur de MSF au Panama et en Colombie. « Nous avions déjà soigné un très grand nombre de gens en décembre et en janvier, et on nous avait aussi signalé quelques décès. »

« Mais maintenant, lors de ces dernières attaques, le niveau de brutalité est devenu extrême », explique Luis Eguiluz. « Une douzaine d’hommes armés détiennent des groupes de personnes migrantes de plus en plus importants, entre 100 et 400 personnes. Ils les menacent, les agressent, abusent systématiquement sexuellement des femmes, devant d’autres personnes migrantes et même devant leurs familles et leurs enfants. Dans un épisode récent, plusieurs personnes migrantes nous ont raconté comment celles qui refusaient de coopérer ont été abattues. »

« Ces crimes scandaleux sont en augmentation et, pire encore, personne ne semble s’en soucier », poursuit Luis Eguiluz. « Nous ne voyons pas beaucoup de changement dans l’impunité avec laquelle les agresseurs opèrent ».

MSF a dénoncé à plusieurs reprises la vulnérabilité des personnes migrantes dans le Darién. Elle dispose d’équipes spécialisées dans le traitement des agressions sexuelles en tant qu’urgence médicale pour celles qui en ont besoin à leur sortie de la jungle.

« Les niveaux de violence et de violence sexuelle que nous observons dans le Darién sont inouïs, je ne les ai pas vus dans d’autres crises humanitaires », déclare Luis Eguiluz. « Nous constatons une absence totale d’action pour faire face à la situation ou pour aider à en atténuer les conséquences. »

« Nous renouvelons notre appel aux autorités panaméennes pour qu’elles redoublent d’efforts afin de protéger les personnes les plus vulnérables sur leur territoire, en particulier dans le Darién », ajoute Luis Eguiluz. « Beaucoup d’entre elles sont des familles, des femmes et des enfants dans des situations désespérées. Il est inacceptable que cela continue à se produire. »


Depuis avril 2021, MSF fournit des services médicaux et psychologiques aux personnes en transit qui arrivent au Panama par le Darién. Des équipes sont actuellement présentes dans la communauté de Bajo Chiquito et au centre d’accueil des personnes migrantes de Lajas Blancas.