In June, in collaboration with the Ministry of Health, MSF team has started supporting Umdawanban hospital in Khartoum State, to improve healthcare services for the communities. Our teams are working to enhance essential paediatric, nutrition, and maternity services. Additionally, we provide vital support in energy, water, sanitation, and hygiene, in the hospital. MSF bought a generator for the hospital and is working on the water supply lines. In the first two weeks of the intervention, we've reported: approximately 250 admissions in maternity, 107 normal deliveries, and more than 80 admissions for paediatrics with 20% newborns.
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Alléger les souffrances face à la guerre

Dr Mohammad Bashir
Coordonnateur médical adjoint de MSF au Soudan

Avant le 15 avril de l’année dernière, je n’aurais jamais imaginé me retrouver à Khartoum, la capitale de notre pays, à travailler dans une zone de conflit.

Je suis un médecin soudanais et je travaille avec MSF depuis plusieurs années. Mais je n’ai jamais rien vu de tel que les souffrances que les gens de mon pays endurent quotidiennement. Ce conflit est dévastateur. Plus de 7 millions de personnes sont déplacées par ce conflit au Soudan et dans les pays voisins. Elles ont fui la violence et beaucoup se retrouvent presque sans ressources dans des camps informels.

Comme tant d’autres, le conflit ne nous a pas épargnés, mes proches et moi.

En tant que citoyen et médecin, je ressens une profonde inquiétude lorsque je considère les besoins croissants en matière de santé dans mon pays.

Le Soudan est depuis longtemps aux prises avec un système de santé fragile, et le conflit en cours l’a fait s’effondrer. Ces derniers mois, j’ai soutenu les équipes de MSF dans deux hôpitaux de l’État de Khartoum et un autre dans le camp de personnes réfugiées d’Um Rakuba, dans l’est du pays. Lorsque l’on évoque les besoins médicaux dans un conflit, on pense souvent à des gens blessés par des bombes ou des balles. Mais j’ai aussi constaté un nombre croissant d’urgences médicales causées par des complications liées à des maladies chroniques non traitées. Des personnes qui ont réussi à gérer leur diabète ou leur asthme pendant des années sont maintenant incapables de trouver les médicaments dont elles ont besoin pour vivre.

Les besoins en matière de soins de maternité sont également criants, en particulier pour les femmes enceintes qui doivent subir des césariennes ou des accouchements d’urgence. C’est pourquoi à Umdawanban, l’un des hôpitaux où j’ai travaillé, notre équipe a soutenu l’équipe de la maternité en participant à plus de 1 500 accouchements depuis juillet dernier. Mais dans tout le pays, de nombreux services de maternité ne fonctionnent pas régulièrement, laissant les femmes enceintes confrontées à des complications potentiellement mortelles, sans accès aux soins obstétriques d’urgence. Et là où les services de santé sont disponibles, la qualité des soins reste préoccupante.

Il faut faire plus

En tant que citoyen et médecin, je ressens une profonde inquiétude lorsque je considère les besoins croissants en matière de santé dans mon pays. Certains de ces besoins sont antérieurs au conflit, mais tous sont aggravés par celui-ci. Le Soudan a un passé préoccupant d’épidémies telles que la rougeole et la méningite. Ces maladies très contagieuses peuvent être évitées grâce à la vaccination, mais sans elles, elles peuvent être fatales, en particulier chez les jeunes enfants. Les enfants sont particulièrement exposés à la malnutrition, qui affaiblit le système immunitaire.

Avec l’effondrement du système de santé et les centaines de milliers de personnes qui ont fui la violence et vivent souvent dans des camps de fortune surpeuplés, les programmes de vaccination à grande échelle et le soutien nutritionnel sont plus qu’essentiels – ils sont une véritable bouée de sauvetage.

Comment tenir mon engagement dans une situation où les ressources et les mains secourables sont entravées et exposées à des dangers ? Cette question résonne dans mes pensées jour et nuit.

Au Soudan, la plupart des régions dans lesquelles MSF opère restent des zones de combat actives. Cela rend notre travail extrêmement difficile et dangereux, mais cela nous rend aussi plus déterminés.

Par exemple, dans le camp d’Um Rakuba, à l’est du Soudan, MSF fournit des soins humanitaires crucialement nécessaires à des milliers de gens qui vivent dans le camp de personnes réfugiées et aux alentours. Lorsque le conflit a éclaté, on ne savait pas s’il serait possible de poursuivre notre soutien dans ce camp, mais grâce à la détermination d’une équipe de base, il n’y a pas eu de rupture de service. L’année dernière, nous avons mené 40 000 consultations médicales parmi les personnes réfugiées et la communauté d’accueil et aidé 507 femmes à accoucher en toute sécurité. Notre détermination est partagée : à Um Rakuba, j’ai pu constater de visu le rôle important joué par les bénévoles de la région et les sages-femmes communautaires.

La détermination ne suffit pas

Mais parfois, la détermination ne suffit pas. En tant que médecin, mon serment sacré est de faire tout ce que je peux pour les personnes qui ont besoin de soins médicaux. Et dans mon rôle de coordonnateur médical adjoint de MSF, cela signifie non seulement traiter des gens, mais aussi coordonner les soins à plus grande échelle, en veillant à ce que le personnel et les fournitures soient là où ils sont le plus nécessaires.

Stom Abdulrahman, photographiée avec son mari, est réfugiée dans le camp d’Um Rakuba au Soudan. « J’ai beaucoup souffert en allant me faire soigner dans certains hôpitaux, dit-elle, d’autant plus que nous n’avons pas les moyens de payer… Je suis allée à l’hôpital MSF du camp d’Um Rakuba… L’équipe de promotion de la santé de MSF me rend visite régulièrement et me fournit des informations [sur les soins de santé]. » Soudan, 2023 © MSF

Mais comment tenir mon engagement dans une situation où les ressources et les mains secourables sont entravées et exposées à des dangers ? Cette interrogation résonne dans mes pensées jour et nuit.

C’est maintenant une question de vie ou de mort que toutes les parties à ce conflit reconnaissent le seul objectif de MSF : offrir des soins médicaux aux plus vulnérables, gratuitement. Nous avons besoin d’un accès et d’une protection pour nos équipes et notre matériel autant que pour les patients et les patientes, pas demain, mais maintenant. Les vies que nous nous efforçons de sauver en dépendent.

Une partie de moi

Mon travail au Soudan, mon pays, n’est pas seulement un travail ; c’est une partie de mon humanité. Et mon devoir éthique est que, comme mes collègues de MSF, je fasse tout ce qui est en mon pouvoir pour soulager la souffrance face aux conflits.

Et je reste dévoué à cette cause.

Mohammad Bashir (à droite) et ses collègues à l’extérieur de l’hôpital Umdawnban dans l’État de Khartoum. Soudan, 2023 © MSF

Le Dr Mohammad Bashir travaille avec MSF depuis plusieurs années. Il supervise les activités médicales dans les hôpitaux d’Umdawnban et d’Alban Aljadeed dans l’État de Khartoum, soutenues par MSF depuis juillet-août 2023. À l’hôpital d’Umdawnban, notre équipe s’occupe des soins de santé pédiatriques et de maternité. L’hôpital Alban Aljadeed est le seul hôpital public opérationnel du Nil oriental, où MSF a soutenu la salle d’urgence et le bloc opératoire. C’est là que l’équipe a mené plus de 12 000 consultations ambulatoires d’urgence depuis août 2023.

Le Dr Bashir a également travaillé avec l’équipe médicale du camp de personnes réfugiées d’Um Rakuba, dans l’État d’Al Gedaref, où nous avons assuré 40 000 consultations externes pour la seule année 2023.

Son rôle s’est étendu à la gestion de certaines urgences sanitaires telles que la réponse à une épidémie de choléra. Son travail dans deux de ces hôpitaux a permis d’apporter un soutien essentiel à environ 500 personnes touchées par le choléra en 2023.

En savoir plus sur MSF au Soudan

Actuellement, les équipes de MSF travaillent dans 11 états : Khartoum, Al-Jazeera, Nil Blanc, Nil Bleu, Nil Rivière, Al Gedaref, Darfour Ouest, Darfour Nord, Darfour Central, Darfour Sud et Port Soudan. Nous apportons également une aide aux personnes réfugiées et à celles qui sont rapatriées au-delà des frontières du Soudan, au Soudan du Sud, en République centrafricaine et au Tchad.

Nos équipes au Soudan fournissent des soins d’urgence, pratiquent des interventions chirurgicales, gèrent des cliniques mobiles pour les personnes déplacées, traitent les maladies transmissibles et non transmissibles, et prodiguent des soins maternels et pédiatriques, y compris des accouchements sans risque. Elles procurent aussi de l’eau et des services d’assainissement, font don de médicaments et de fournitures médicales aux établissements de santé, et offrent des primes d’encouragement, des formations et un soutien logistique au personnel du ministère de la Santé. MSF poursuit également certaines de ses activités médicales qui étaient en place avant le début du conflit.