Plus de 29 000 enfants de moins de cinq ans ont été examinés, la semaine dernière, lors d’une campagne de vaccination dans le camp de Zamzam. Parmi eux, 10,1 % souffrent de malnutrition aiguë sévère (MAS), une affection potentiellement mortelle. De plus, 34,8 % souffrent de malnutrition aiguë globale (MAG), qui évoluera vers une forme plus sévère de malnutrition si elle n’est pas traitée efficacement et à temps.
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Soudan : la situation est devenue catastrophique dans le camp de Zamzam et des efforts d’urgence sont nécessaires

Les résultats d’un dépistage nutritionnel mené par les autorités sanitaires soudanaises et Médecins Sans Frontières (MSF) au début du mois dans le camp de Zamzam, au Nord-Darfour, indiquent une situation nutritionnelle catastrophique qui ne fait qu’empirer. Dans ce contexte, MSF exhorte les Nations Unies et les acteurs internationaux engagés dans les négociations pour un meilleur accès humanitaire à envisager toutes les options pour acheminer rapidement de la nourriture et des fournitures essentielles dans la région, y compris par des largages aériens.

« Les résultats confirment la catastrophe que nous dénonçons depuis des mois, avec d’autres organisations », affirme Michel Olivier Lacharité, directeur des opérations d’urgence pour MSF. « Ils indiquent également que, chaque jour, les choses empirent et que nous manquons de temps. Il s’agit de milliers d’enfants qui vont mourir dans les prochaines semaines s’ils ne reçoivent pas les soins nécessaires et si des solutions urgentes ne sont pas implantées pour que l’assistance humanitaire soit enfin acheminée au camp de Zamzam ».

Des annonces laissaient espérer une évolution positive, notamment à la suite des pourparlers de paix de Genève. Pourtant, aucune aide humanitaire significative n’est parvenue à la communauté du camp de Zamzam et de la ville voisine d’El-Fasher, ravagée par la guerre, depuis le 1er août, alors que le comité d’examen de la famine de l’IPC (Cadre intégré de classification de l’insécurité alimentaire) a conclu que des conditions de famine prévalaient dans la région. La plupart des routes d’approvisionnement sont contrôlées par les Forces de soutien rapide (RSF) qui ont rendu pratiquement impossible l’acheminement d’aliments thérapeutiques, de médicaments et de fournitures essentiels dans le camp depuis l’intensification des combats autour d’El-Fasher, en mai dernier.

Il n’y a plus de temps à perdre si l’on veut éviter des milliers de morts évitables. Plus de 29 000 enfants de moins de cinq ans ont été examinés la semaine dernière, lors d’une campagne de vaccination dans le camp de Zamzam. Parmi eux, 10,1 % souffrent de malnutrition aiguë sévère (MAS), une condition potentiellement mortelle. De plus, 34,8 % souffrent de malnutrition aiguë globale (MAG), qui évoluera vers une forme plus grave de malnutrition si elle n’est pas traitée efficacement et à temps.

« Les taux de malnutrition constatés lors du dépistage sont énormes et probablement parmi les plus élevés au monde actuellement. ».  

Claudine Mayer, référente médicale de MSF

« Les taux de malnutrition constatés lors du dépistage sont énormes et probablement parmi les plus élevés au monde actuellement. C’est d’autant plus terrifiant que nous savons par expérience que les résultats sont souvent sous-estimés dans la région lorsque l’on utilise uniquement le critère de la circonférence du milieu et de la partie supérieure du bras, comme nous l’avons fait ici, au lieu de le combiner avec la mesure du poids et de la taille », explique Claudine Mayer, référente médicale de MSF.

Un dépistage de masse réalisé par MSF en mars 2024 avait révélé un taux de SAM de 8,2 % et un taux de GAM de 29,4 %, ce qui était déjà deux fois supérieur au seuil d’alerte de 15 % de l’Organisation mondiale de la Santé.

Un infirmier de MSF est chargé du triage et du suivi des patients et des patientes à la clinique du camp de Zamzam, au Nord-Darfour, afin d’assurer une prise en charge médicale en temps voulu.

« Dans une situation aussi critique, nous devrions intensifier notre réponse. Au lieu de cela, puisque nous manquons cruellement de fournitures, nous atteignons un point de rupture. Nous avons récemment dû réduire nos activités pour nous concentrer uniquement sur les enfants dont l’état est le plus sévère. »

Claudine Mayer, référente médicale de MSF

La seule nourriture disponible provient de réserves préexistantes, insuffisantes pour les gens de la région, et les prix des denrées alimentaires sont au moins trois fois plus élevés que dans le reste du Darfour. Les prix du carburant montent également en flèche, ce qui rend très difficiles le pompage de l’eau et le fonctionnement des cliniques qui dépendent de générateurs pour l’électricité. Le personnel de MSF sur place rapporte que pour beaucoup, il est impossible de compter sur plus d’un repas par jour.