Une équipe de MSF distribue des moustiquaires à Renk, dans l’État du Haut-Nil. Sud Soudan, 2024. © MSF
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Soudan du Sud : MSF appelle à une réponse urgente dans les sites de transit de Renk et Bulukat pour éviter des épidémies mortelles

Une crise humanitaire s’aggrave à Bulukat et Renk, deux des sites de transit les plus fréquentés de l’État du Nil Supérieur au Soudan, prévient aujourd’hui l’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF). Des milliers de personnes ayant fui le conflit au Soudan manquent cruellement de produits de première nécessité, notamment d’eau potable, de nourriture, d’abris et de soins de santé. Les conditions de vie dans les sites de transit, surpeuplés et insalubres, augmentent encore le risque d’épidémies, avertit MSF.

Depuis que la guerre au Soudan a éclaté en avril dernier, plus d’un demi-million de personnes ont fui vers le Soudan du Sud. Environ 80 % d’entre elles retournent dans leur pays d’origine, le Soudan du Sud. Beaucoup n’ont pas de destination précise et passent des semaines, voire des mois, dans les centres de transit et aux alentours, luttant pour survivre avec une assistance humanitaire raréfiée.

« La situation dans les sites de transit nous préoccupe grandement, alors que l’on s’attend à ce que davantage de personnes arrivent en raison de l’intensification des combats au Soudan », déclare Zakaria Mwatia, directeur de projet de MSF au Soudan du Sud. « Compte tenu de l’impact croissant de la crise soudanaise sur les besoins humanitaires des communautés au Soudan du Sud, il est urgent d’élargir l’acheminement de l’assistance. MSF exhorte les organisations internationales et les autorités à renforcer l’aide humanitaire, afin d’alléger les souffrances des gens touchés par la crise. »

Renk dispose de deux sites de transit dangereusement surpeuplés, avec près de 30 000 personnes vivant dans une zone censée en accueillir au maximum 12 000. Celui de Bulukat est plus petit – il a toujours hébergé environ 5 000 individus depuis juillet dernier –, mais les conditions de vie y sont tout aussi difficiles. De nombreuses familles ont fui leurs maisons avec peu ou pas de biens. Elles sont maintenant vulnérables à la faim, à la malnutrition et aux maladies, exacerbées par des abris inadéquats et le manque d’eau propre et de structures d’assainissement.

Les équipes de MSF gèrent deux cliniques mobiles à Renk depuis mai et une à Bulukat depuis juillet pour fournir des soins de santé de base aux personnes rapatriées et réfugiées et aux communautés d’accueil. Traitant environ 150 individus par jour, la clinique mobile de Bulukat a assuré à elle seule plus de 28 000 consultations externes.

Les équipes de MSF soutiennent également l’établissement pédiatrique et l’installation de traitement des personnes hospitalisées pour les enfants dénutris à l’hôpital civil de Renk. En 2023, ces équipes ont répondu à des épidémies de rougeole et ont soigné un nombre alarmant d’enfants dénutris. Elles sont aussi intervenues face à une augmentation des cas de paludisme parmi les gens séjournant dans les sites de transit. Pendant la saison des pluies, le nombre de cas positifs de paludisme a atteint 70 %. La plupart des personnes déplacées n’avaient en effet pas les moyens d’acheter des moustiquaires et n’avaient pas accès aux traitements préventifs. MSF a distribué 44 730 moustiquaires aux gens nouvellement arrivés dans les sites de transit entre novembre 2023 et janvier 2024.

« Beaucoup de gens vivent à l’extérieur des sites de transit, parce qu’il n’y a pas assez d’espace à l’intérieur », explique Mpumi Zokufa, responsable de la promotion de la santé chez MSF à Renk. « Certains vivent à l’extérieur, dans les champs, et n’ont donc pas de couvertures ni d’endroit pour dormir. Les seules choses qu’ils utilisent pour se couvrir sont les moustiquaires fournies par les équipes de MSF. »

Dans les deux sites de transit de Renk, le manque d’eau est critique. Chaque individu dispose d’un maximum de 11 litres d’eau par jour, alors que la quantité recommandée dans les situations d’urgence est de 20 litres pour maintenir quelqu’un en bonne santé. De nombreuses personnes ont recours à l’eau de la rivière pour boire et pour leur usage quotidien, s’exposant ainsi au risque de maladies d’origine hydrique.

Les équipes de MSF sont en alerte pour répondre aux épidémies de rougeole et de maladies hydriques dans les mois à venir et ont mis en place deux unités d’isolement de la rougeole et du choléra à Renk.

« Les lacunes actuelles en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène constituent une grave menace pour la santé publique », déclare Zakaria Mwatia. « De meilleures mesures d’hygiène et d’assainissement et des campagnes de vaccination – au point d’entrée au Soudan du Sud, ainsi que dans les sites de transit de Renk et Bulukat – doivent être renforcées pour prévenir de possibles épidémies. Parallèlement, il est impératif d’assurer un transport rapide des personnes afin d’éviter les séjours prolongés dans les centres de transit. »