Une membre du personnel de Médecins Sans Frontières a rencontré Maryam, alors qu’elle avait amené sa nièce fiévreuse pour un examen. Maryam est arrivée à Adré après avoir fui Zamzam, lorsque les Forces de soutien rapide ont pris d’assaut le camp, à la mi-avril. Tchad, 2025. © Gabriella Bianchi/MSF Most new arrivals seen by MSF at border entries are women, children and elderly who report harrowing and widespread violence in North Darfur. Several of them said men and young people cannot travel as they are reportedly at more systematic risk of arrest and killings on the roads leading to Chad.
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Tchad : les gens qui fuient le Soudan affrontent un dangereux périple pour chercher refuge au Tchad

La violence au Soudan pousse les gens vers le Tchad, où les camps surpeuplés peinent à fournir une assistance essentielle.

Bakboula Mamat Issa fait partie des 57 000 personnes soudanaises qui sont parvenues à passer au Tchad au cours des trois dernières semaines. Elle a fui El Fasher avec ses six enfants, âgés de deux à quatorze ans. « Je cultivais la terre pour gagner ma vie. Nous avons fui pour sauver notre vie. Nous avons tout laissé derrière lorsque des hommes armés ont attaqué nos maisons et y ont mis le feu. Tout le monde est parti, toute ma famille, mes voisins. Nous avons marché pendant trois jours pour atteindre Tawila. Il y a encore beaucoup de gens, là-bas, qui attendent de trouver un moyen de transport pour fuir vers le Tchad. Ils gardent espoir de monter dans un camion, comme ceux qui servent à transporter la nourriture. Nous nous sommes arrêtés une semaine à Tawila, où des parents nous ont aidés et nous ont donné des vêtements propres. J’ai vendu mon téléphone, le seul objet que j’avais pu cacher et emporter avec moi, pour payer les frais de transport. On m’a demandé 1 550 livres [soudanaises] (3,55 dollars canadiens) par passager, mais j’ai réussi à négocier un peu, car mes enfants sont petits. » 

Maryam a amené Modda, sa plus jeune fille, qui souffre de diarrhée, de fièvre et d’une toux persistante, au poste de santé de Médecins Sans Frontières (MSF) au point de passage frontalier d’Adré. La fillette a ensuite été orientée vers les services pédiatriques que soutiennent MSF à l’hôpital d’Adré, pour y recevoir des soins supplémentaires. 

Lorsque les Forces de soutien rapide ont pris d’assaut le camp, à la mi-avril, Maryam a également rejoint Adré après avoir fui le camp de Zamzam. Il ne reste presque plus de chair sous les vêtements poussiéreuse qui la recouvre. Une cataracte épaisse obscurcit ses yeux. Notre équipe l’a rencontrée à la frontière, lorsqu’elle a amené sa nièce fiévreuse pour un examen. Elle nous a expliqué que son groupe avait mis quatre jours pour voyager de Tawila à Adré, en passant par Golo, Zalingei et El Geneina. « Les gens du centre de traitement des personnes réfugiées [au poste-frontière d’Adré] nous ont dit qu’ils allaient nous emmener au camp de Dougui, nous attendons de partir. » 

La plupart des individus nouvellement arrivés aux frontières et pris en soin par MSF sont des femmes, des enfants et des personnes âgées qui racontent avoir été confrontés à des violences effroyables dans le Nord-Darfour. Plusieurs d’entre eux ont déclaré que les hommes et les jeunes ne pouvaient pas voyager, car ils risquaient davantage d’être arrêtés et tués sur les routes menant au Tchad. 

À Adré, MSF gère un poste de santé à la frontière. Nos équipes offrent également leur soutien à plusieurs dispensaires et services hospitaliers dans la ville et les camps voisins, pour faciliter l’accès aux soins pour les personnes réfugiées et les communautés d’accueil. Nos équipes s’efforcent aussi d’intensifier les activités dans le camp de transit surpeuplé de Tine, afin de faire face à la détérioration rapide de la situation.