Illustration montrant des personnes qui attendent leur consultation dans une clinique mobile gérée par MSF et la Fondation Om Habibeh dans le gouvernorat d’Assouan. Égypte, 2025. © Dora Naliesna/MSF
PARTAGEZ

Égypte : offrir des soins médicaux aux communautés égyptiennes et soudanaises à Assouan

Les cliniques mobiles mises en place par MSF et la Fondation Om Habibeh facilitent l’accès aux soins et à un soutien en santé mentale.

Khaled* est assis dans un coin de la salle d’attente. Dans une main, il tient sa carte d’enregistrement de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et dans l’autre, un petit sac en plastique rempli de boîtes de médicaments vides. C’est sa troisième visite à la clinique mobile de Daraw, où il reçoit des soins pour sa maladie chronique. 

« Nous menions une vie confortable au Soudan, et partir a été très difficile. Mais c’était notre seule option », explique Khaled. Originaire de Jezirah, au Soudan, il vit désormais à Daraw, une petite ville du gouvernorat d’Assouan, dans le sud de l’Égypte. « Notre pays d’origine n’a plus de système de santé, et les personnes âgées comme moi ne peuvent pas rester longtemps sans soins. »  
 
Khaled fait partie des 1,5 million de personnes soudanaises réfugiées en Égypte. Beaucoup d’entre elles ont traversé la frontière après le début du conflit en 2023. 

À Daraw et ailleurs dans cette région du sud du pays, Médecins Sans Frontières (MSF) gère des cliniques mobiles en partenariat avec la Fondation Om Habibeh (OHF), une organisation égyptienne implantée de longue date dans le gouvernorat d’Assouan.

« Fuir la guerre et quitter son foyer a un impact considérable sur la santé mentale des gens. Nous voyons beaucoup de personnes qui souffrent d’anxiété, de dépression ou de syndrome de stress post-traumatique. Soit en raison de leur passé, de ce qu’elles ont vécu au Soudan ou pendant leur périple jusqu’ici, ou de l’incertitude qui plane sur leur vie actuelle. »

– Moses Luhanga, responsable des activités de promotion de la santé chez MSF en Égypte
Portrait de Moses Luhanga, responsable des activités de promotion de la santé chez MSF. Égypte, 2025. © Dora Naliesna/MSF

L’objectif de ces cliniques mobiles est double : faciliter l’accès aux soins de santé pour les communautés qui en ont besoin et soutenir le système de santé existant. Depuis leur mise en place, l’équipe a réalisé plus de 7 265 consultations de médecine générale, plus de 6 600 consultations pour des maladies non transmissibles et plus de 1 470 consultations individuelles en santé mentale. Nous avons également tenu plus de 2 440 séances de promotion de la santé.

Les équipes des cliniques conjointes de MSF et de l’OHF sont composées de médecins, de psychologues, de personnel infirmier et spécialisé en éducation à la santé. Chaque matin, elles se rendent dans ces cinq localités et fournissent des soins médicaux primaires aux personnes soudanaises et égyptiennes qui n’y ont pas accès ailleurs. 

Portrait de Khaled*, un Soudanais qui a trouvé refuge en Égypte, où il est soigné par MSF. « Quitter le Soudan a été très difficile pour nous, mais nous n’avions pas d’autre choix. Tout ce que je veux, c’est rentrer chez moi et passer le reste de ma vie dans mon pays natal. » Égypte, 2025. © Dora Naliesna/MSF

Travailler avec la communauté : un élément clé pour offrir des soins

Dès le début des activités, nous et l’OHF savions que, pour atteindre les communautés cibles et s’adapter à leurs besoins, nos équipes devaient travailler en étroite collaboration avec elles. Si les communautés égyptienne et soudanaise cohabitent à Assouan, leurs besoins diffèrent, tout comme leur comportement en matière d’accès aux soins de santé. 

Pour les personnes originaires du Soudan, qui ont quitté leur foyer avec très peu de choses, les besoins et les défis sont encore plus nombreux. Pour beaucoup, leur statut juridique détermine leur liberté de mouvement et leur accès aux soins, par crainte d’intimidations ou de réactions violentes à leur égard. 

« Fuir la guerre et quitter son foyer a un impact considérable sur la santé mentale des gens », explique Moses Luhanga, responsable des activités de promotion de la santé chez MSF en Égypte. « Nous voyons beaucoup de personnes qui souffrent d’anxiété, de dépression ou de syndrome de stress post-traumatique. Soit en raison de leur passé, de ce qu’elles ont vécu au Soudan ou pendant leur périple jusqu’ici, ou de l’incertitude qui plane sur leur vie actuelle. » 

Sans l’implication des communautés égyptiennes et soudanaises, il serait difficile de les atteindre et de cerner leurs besoins. Nos équipes travaillent avec des organisations communautaires et des leaders issus des deux communautés, qui assurent le lien entre elles et nous.

Portrait d’Aliya*, une réfugiée soudanaise soignée par MSF. « Je suis restée neuf mois au Soudan avec ma famille avant que nous décidions de chercher refuge en Égypte, car la situation était devenue insupportable. » Égypte, 2025. © Dora Naliesna/MSF

« J’ai été très soulagée quand on m’a dit que mon accouchement serait pris en charge par l’équipe médicale, y compris les frais de transport à l’hôpital. Je n’ai pas assez d’argent pour payer tout ça. » 

– Aliya, une Soudanaise soignée par MSF

Des contraintes financières qui limitent l’accès aux soins

Si les besoins et les obstacles à l’accès aux soins diffèrent, l’aspect financier demeure la principale contrainte pour beaucoup de gens des deux communautés. Cela se traduit par une capacité limitée à se rendre dans les installations médicales ou à acheter les médicaments qui leur sont prescrits.  

C’est le cas de Heba*, une Égyptienne mère de sept enfants, qui a du mal à payer toutes ses factures médicales nourrir ses enfants en même temps.  

« Bien que j’aie accès aux services publics en tant que femme égyptienne, je préfère venir ici, car je reçois tous mes médicaments gratuitement », explique-t-elle. « Cela m’aide à économiser de l’argent pour ma famille, au lieu de payer à la pharmacie. » 

Pour de nombreuses personnes dans le gouvernorat d’Assouan, du Soudan comme de l’Égypte, le coût de la vie augmente sans cesse. Cependant, si de plus en plus de gens issus des communautés égyptiennes se présentent désormais dans nos cliniques mobiles, la plupart des personnes que nos équipes soignent restent d’origine soudanaises.

Portrait d’Asma*, une réfugiée soudanaise soignée par les équipes de MSF. Asma souffre de diabète, d’hypertension et de maladies cardiovasculaires. Elle a été contrainte de quitter le Soudan lorsque la guerre a éclaté, car elle ne pouvait plus bénéficier de soins médicaux à Khartoum. Égypte, 2025. © Dora Naliesna/MSF

Au-delà des soins de santé de base

À Karkar, à 70 kilomètres au sud de Daraw, l’expérience d’Aliya* est différente. Elle s’est rendue pour la première fois à la clinique mobile lorsqu’elle a découvert qu’elle était enceinte, pensant pouvoir y accoucher. Bien que nos équipes ne prennent pas en charge les accouchements, elles veillent à orienter les personnes qui ont besoin de soins médicaux supplémentaires vers d’autres organisations ou structures de santé.  

« J’ai été très soulagée quand on m’a dit que mon accouchement serait pris en charge par l’équipe médicale, y compris les frais de transport vers l’hôpital », raconte-t-elle. « Je n’ai pas assez d’argent pour payer tout ça. » 

Un membre du personnel infirmier de MSF est responsable du transfert vers d’autres structures des gens qui ont besoin de services que ni MSF ni OHF ne fournissent. Chaque jour, un suivi est effectué avec ces personnes. Si nombreuses sont celles qui, comme Aliya, requièrent des soins médicaux spécialisés, beaucoup sollicitent également des services non médicaux comme la protection ou un soutien financier ou social.  
 
Depuis la mise en place de ce nouveau service en septembre 2025, plus de 80 personnes ont été orientées vers d’autres organisations. Cela témoigne de l’importance des besoins en matière de soins complémentaires.  

Ici aussi, le lien avec les leaders communautaires est essentiel. La solidarité entre la communauté d’accueil et les personnes réfugiées, ainsi qu’entre les différentes organisations, contribuent à soulager les souffrances de nombreuses personnes. 

* Les noms des personnes ont été modifiés pour protéger la vie privée.