Un membre du personnel de MSF au camp de Tiné. Tchad, 2024. © Hareth Mohammed/MSF
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Tchad : MSF appelle à une assistance urgente pour soutenir les personnes réfugiées soudanaises

Les Soudanaises et les Soudanais réfugiés au Tchad sont confrontés à la malnutrition, à la surpopulation et au manque d’assistance humanitaire.

Médecins Sans Frontières (MSF) renforce son soutien aux personnes réfugiées soudanaises récemment arrivées dans le camp de transit de Tiné et dans les camps voisins à l’est du Tchad, à la frontière avec le Soudan. Depuis fin avril, environ 40 000 personnes ont fui l’escalade de violence et les attaques dans le Nord-Darfour. Provenant en majorité d’El Fasher et des camps de personnes déplacées situés dans les environs, elles ont trouvé refuge à Tiné, dans la province du Wadi Fira. Dans ces camps surpeuplés, les gens vivent aujourd’hui dans des conditions précaires et ont un accès très limité aux services essentiels. 

À leur arrivée à Tiné, plusieurs personnes sont dénutries et dans un état de grande détresse psychologique en raison des horribles violences subies au Darfour et sur les routes menant au Tchad. La grande majorité des personnes récemment arrivées sont des femmes et des enfants, en provenance d’El Fasher et du camp de personnes déplacées internes de Zamzam. Depuis que les Forces de soutien rapide ont assiégé cette région et depuis plusieurs mois, des conditions proches de la famine persistent dans les camps, notamment à Zamzam, selon le Comité d’examen de la famine. 

« Nous avons marché longtemps pour arriver ici. Nous sommes passés par plusieurs villages pour atteindre Tiné afin d’échapper à la violence et aux bombardements », témoigne une femme réfugiée. « Cela fait plusieurs jours que nous sommes à Tiné, mais nous peinons à trouver à manger et à boire. Nous portons les mêmes habits depuis des jours. » 

Le camp de transit de Tiné accueille actuellement plus de 18 000 personnes. Beaucoup dorment sur le sol, sous une chaleur accablante de 40 °C. Elles n’ont pas d’abris et l’accès à l’eau et à la nourriture est très limité, malgré le soutien des communautés qui les accueillent.

« La réponse humanitaire actuelle est insuffisante et la saison des pluies à venir risque d’aggraver les conditions de vie, de favoriser la propagation des maladies et d’accentuer l’insécurité alimentaire ainsi que le manque d’hygiène. »

– Claire San Filippo, coordonnatrice des urgences de MSF au Soudan

Afin d’améliorer l’accès aux soins de santé primaires, MSF a renforcé ses activités médicales et humanitaires dans le camp de transit et à la frontière de Tiné. Parallèlement aux campagnes de vaccination et aux dépistages nutritionnels menés aux postes frontaliers, MSF a réalisé plus de 900 consultations hebdomadaires au centre de santé du camp.  
 
Dans le centre de santé, le taux global de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans atteint 29 %, dont 9 % sont en état de dénutrition sévère. De plus, la vaccination de routine reste une priorité dans le camp, où des cas de rougeole ont été détectés, et une campagne de vaccination à grande échelle est en cours. Des soins sont également prodigués aux femmes enceintes et aux personnes ayant survécu à des violences sexuelles. MSF a mis en place un système de transfert des cas critiques vers les hôpitaux et construit 50 latrines d’urgence supplémentaires. Nous distribuons 60 000 litres d’eau par jour, mais cela ne correspond qu’à la moitié des besoins estimés.  

« Les personnes réfugiées soudanaises arrivent épuisées, souvent malnutries, et ont besoin d’une assistance immédiate », déclare Claire San Filippo, coordonnatrice des urgences de MSF au Soudan. « Nous appelons les bailleurs de fonds, l’ONU et les autres organisations humanitaires à intensifier leur mobilisation pour fournir ou renforcer l’assistance en matière de nourriture, d’abris, d’assainissement et de soins médicaux, y compris en santé mentale. La réponse humanitaire actuelle est insuffisante et la saison des pluies à venir risque d’aggraver les conditions de vie, de favoriser la propagation des maladies et d’accentuer l’insécurité alimentaire ainsi que le manque d’hygiène », ajoute-t-elle.  

La situation humanitaire à la frontière entre le Tchad et le Soudan a de nouveau atteint un point critique, avec plus de 70 000 nouvelles personnes réfugiées arrivées depuis avril 2025.

L’ampleur des besoins dans le camp de transit de Tiné et dans les autres camps de personnes réfugiées du Wadi Fira est immense. Cependant, MSF constate que l’assistance humanitaire y est encore très limitée, en dépit de la solidarité des communautés et des organisations locales. La crise du financement qui frappe l’ensemble du secteur humanitaire se fait cruellement sentir dans l’est du Tchad. La guerre au Soudan se poursuit sans relâche, et de nombreuses personnes cherchent encore à rejoindre ce pays frontalier.  

MSF est également présente dans d’autres camps de personnes réfugiées du Wadi Fira, où des gens du camp de Tiné sont relocalisés. C’est le cas du camp d’Iridimi, qui a déjà atteint sa capacité d’accueil maximale. Afin d’améliorer cette situation désastreuse, nos équipes apportent un soutien au centre de santé du camp. Nos activités se concentrent sur les soins de santé primaires, la vaccination, le renforcement de la surveillance épidémiologique et l’amélioration de l’orientation et du transfert des patientes et des patients. Nous travaillons également à l’amélioration des conditions d’hygiène du centre de santé. Enfin, nous avons mis en place des cliniques mobiles le long de la frontière soudano-tchadienne, notamment à Kulbus et Birak. 

La situation humanitaire à la frontière entre le Tchad et le Soudan a de nouveau atteint un point critique, avec plus de 70 000 nouvelles personnes réfugiées arrivées depuis avril 2025. Le Tchad accueille déjà plus d’un million de personnes réfugiées, dont plus de 800 000 Soudanaises et Soudanais ayant fui le conflit qui dure depuis plus de deux ans.