Mohammed Al Ghabri, Medical referent. © MSF/Hareth Mohammed
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L’iniquité mondiale en matière de vaccination met la vie des travailleurs de la santé en danger, y compris celle du personnel médical de première ligne de MSF

Par Adam Houston, chargé de la politique médicale et du plaidoyer de MSF au Canada.

 

MSF fournit des soins médicaux dans des contextes difficiles. Parmi les principaux obstacles rencontrés, il y a le manque de travailleurs de la santé dans de nombreux systèmes de santé fragiles.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le Canada comptait plus de 91 000 médecins pour sa population d’un peu moins de 38 millions de personnes avant la pandémie. En comparaison, le Tchad, un pays de plus de 16 millions d’habitants, ne comptait que 865 médecins, alors que la République centrafricaine en comptait 324 pour ses près de 5 millions d’habitants. Des disparités similaires existent également chez les infirmiers et les sages-femmes, ainsi que dans d’autres professions médicales. Ces chiffres illustrent l’ampleur des inégalités qui existaient dans l’accès aux services de santé avant même l’arrivée de la COVID-19.

Dans ce contexte, les inégalités vaccinales sont amplifiées. À la fin du mois d’octobre, moins de 1 % de la population tchadienne avait reçu ne serait-ce qu’une seule injection de vaccin; au Canada, cette proportion s’approchait des 80 %. Par ailleurs, en raison du manque d’accès aux vaccins et à d’autres outils importants comme les équipements de protection individuelle, la COVID-19 a fait beaucoup de victimes parmi les travailleurs de la santé oeuvrant en première ligne de la pandémie. Par exemple, début octobre, le Zimbabwe, qui compte moins de la moitié de la population canadienne, mais 1/17e de son nombre de travailleurs de la santé, avait perdu près de deux fois plus de travailleurs de la santé que le Canada. Certes, chacun de ces décès est une tragédie en soi, peu importe le pays, mais la mort d’un seul travailleur de la santé dans un environnement en sous-effectif peut avoir de graves répercussions sur les soins de santé, car cela vient affaiblir davantage un système déjà inadéquat et crée des défis qui persisteront longtemps après la fin de la pandémie.

L’accès inéquitable aux vaccins, notamment pour les travailleurs de la santé, est une grave préoccupation presque partout où MSF opère. Le personnel de MSF ressent directement cette injustice : dans certains pays, il est entièrement vacciné, alors que dans d’autres pays, l’accès au vaccin est inexistant.

« Le moyen le plus rapide de sauver des vies en ce moment est pour les pays à revenu élevé qui ont déjà leurs vaccins [contre la COVID-19] d’arrêter de s’en procurer davantage et de redistribuer immédiatement leurs surplus aux pays qui en ont besoin », soutiennent des membres du personnel médical de MSF au Honduras, en Irak, en Ouganda et au Yémen dans une nouvelle vidéo qui décrit comment la disparité dans l’approvisionnement en vaccins entre les pays riches et les pays pauvres ne leur laisse d’autre choix que de risquer leur vie chaque jour :