MSF salue l’opposition du Canada au siège israélien à Gaza
« Tout ce qui n’est pas de l’ordre de l’indignation morale totale est inacceptable. Les déclarations que le Canada a formulées cette semaine sont un bon début. »
Cette semaine, le gouvernement canadien a formulé deux déclarations s’opposant fermement aux opérations militaires et au siège d’Israël à Gaza. Ces déclarations comprennent notamment une déclaration commune du premier ministre Mark Carney et des dirigeants du Royaume-Uni et de la France. Ensemble, ils réaffirment ce que nous, Médecins Sans Frontières (MSF), savons déjà de première main grâce à nos équipes qui fournissent des soins médicaux d’urgence à l’intérieur de Gaza : « le niveau de souffrance humaine dans la bande de Gaza est intolérable ».
Les déclarations du Canada appellent à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la fin du blocus israélien sur l’aide humanitaire et à la libération de tous les otages détenus par le Hamas.
La ministre canadienne des Affaires étrangères, Anita Anand, s’est également jointe aux ministres des Affaires étrangères de nombreux pays pour demander au gouvernement israélien d’autoriser immédiatement la reprise totale de l’aide humanitaire à Gaza.
Parmi ces pays, citons l’Allemagne, l’Australie, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, la Finlande, la France, l’Irlande, l’Islande, l’Italie, le Japon, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Slovénie et la Suède, ainsi que des représentants de l’Union européenne.
Ces déclarations interviennent à un moment où MSF avertit que Gaza est devenu « l’enfer sur terre » pour les Palestiniens et les Palestiniennes. Bien qu’Israël ait récemment annoncé qu’il commencerait à autoriser l’entrée de l’aide humanitaire, les équipes de MSF à Gaza rapportent que la quantité d’approvisionnement autorisée reste « ridiculement inadéquate ». Il s’agit selon elles d’un simple écran de fumée pour prétendre que le siège est terminé. Le 19 mai, le jour même où les déclarations du Canada ont été publiées, les équipes de MSF ont rapporté avoir entendu près d’une frappe par minute à Khan Younis. L’une de ces frappes a touché l’enceinte de l’hôpital Nasser, à 100 mètres de l’unité de soins intensifs et du service des hospitalisations gérés par MSF.
Sana Bég, directrice générale de MSF Canada, a fait la déclaration suivante.
« Nous saluons les déclarations du gouvernement canadien qui s’opposent fermement à l’escalade militaire et au siège d’Israël, qui ont déjà causé d’immenses souffrances à Gaza. Il est important et nécessaire que le Canada utilise sa voix. Il doit agir, en tant que leader et bailleur de fonds humanitaire mondial, pour rejeter sans équivoque les attaques d’Israël contre les personnes civiles, les soins de santé et l’aide humanitaire à Gaza. Et il doit le faire de manière extrêmement urgente. Ce dont les équipes de MSF sont témoins à Gaza représente une violation claire du droit international humanitaire (DIH), qui appelle à la protection des personnes civiles, des membres du personnel médical et des infrastructures de santé dans les zones de guerre. Il est donc impératif que le Canada tire profit de son leadership pour rejeter les attaques indiscriminées d’Israël et l’anéantissement total du système de santé de Gaza. »
Ces mots ont du poids et démontrent le type de courage moral dont le monde a désespérément besoin en cette période charnière.
Depuis le début du mois de mars, le blocus imposé par Israël à l’aide humanitaire a poussé la quasi-totalité des 2,1 millions d’individus vivant à Gaza au bord de la famine. Le classement intégré de la phase de sécurité alimentaire (IPC) des Nations Unies a récemment indiqué que la bande de Gaza était exposée à un risque critique de famine sur l’ensemble de son territoire. Même si Israël a récemment levé le pied sur l’assistance humanitaire, celle-ci continue d’être instrumentalisée et d’arriver au compte-gouttes en quantités tout à fait insuffisantes pour répondre aux besoins de la population de Gaza.
MSF travaille dans trois hôpitaux et six centres de soins de santé primaires à Gaza. Nos équipes sont activement affectées par la guerre et le siège israéliens en cours. Sans le carburant supplémentaire pour alimenter les générateurs que nous utilisons dans nos opérations à Gaza, notre capacité à fournir des soins essentiels est menacée. Sans fournitures médicales supplémentaires, nos équipes ne seront pas en mesure d’administrer des traitements essentiels ou d’offrir aux gens des analgésiques pendant qu’elles effectuent des procédures essentielles, mais atrocement douloureuses. En l’absence de garanties fondamentales quant au respect du droit international humanitaire, le personnel de MSF et les membres du personnel de la santé recrutés localement à Gaza continueront d’être tués et pleurés inutilement.
Le Canada et ses alliés doivent maintenant passer de la parole aux actes. Ils doivent user de tout leur poids diplomatique, économique et politique pour instaurer dès maintenant un cessez-le-feu. Pour ce faire, le Canada doit user de tout son poids pour faire pression sur Israël, afin qu’il respecte le droit international humanitaire et qu’il soit tenu pour responsable de ses violations. En tant qu’hôte du Sommet des dirigeants du G7 qui se tiendra cette année au Canada, le Canada doit également pousser ses homologues à s’engager à rétablir l’humanité à Gaza. Ces hommes et ces femmes, qui représentent les démocraties les plus puissantes du monde, doivent défendre farouchement le droit international humanitaire.