Gaza : le Conseil de sécurité de l’ONU doit cesser de se rendre complice du massacre en cours
Le Conseil de sécurité des Nations Unies doit exiger un cessez-le-feu immédiat et durable, afin de lever le siège et de garantir une assistance sans restriction à l’ensemble de la bande de Gaza. À ce jour, l’inaction du Conseil de sécurité des Nations Unies et les vetos des États membres, et en particulier des États-Unis, les rendent complices des violences en cours. Cette inaction a entraîné le décès de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants.
Depuis que la trêve de sept jours a été rompue, les bombardements indiscriminés et les déplacements forcés ont repris à une échelle et à une intensité stupéfiantes. À l’hôpital Al-Aqsa seulement, 1 149 personnes ont été reçues aux urgences entre le 1er et le 7 décembre, dont 350 étaient mortes à leur arrivée. Le 6 décembre, l’hôpital a reçu plus de morts que de personnes blessées.
Le personnel médical de Médecins Sans Frontières (MSF) dans la bande de Gaza a été témoin et a traité les conséquences médicales des atrocités continues et systématiques commises au cours des huit dernières semaines. La campagne israélienne de bombardements indiscriminés, le manque d’eau et de nourriture, l’accès aux soins de santé compromis et les déplacements forcés répétés ont rendu les conditions insupportables pour plus de deux millions de personnes. Les gens sont dans la rue, sous la pluie, et il n’y a que peu ou pas d’installations sanitaires. Les équipes de MSF constatent une augmentation significative des maladies infectieuses, notamment des diarrhées, des infections respiratoires aiguës, des infections cutanées et des épidémies d’hépatite. L’assistance humanitaire essentielle doit immédiatement être autorisée à entrer à grande échelle dans la bande de Gaza.
Les affirmations répétées des États-Unis et d’Israël selon lesquelles cette guerre est menée seulement contre les combattants vont à l’encontre de ce que les équipes de MSF voient sur le terrain. Au contraire, il s’agit d’une guerre totale qui n’épargne pas les personnes civiles. À l’hôpital Al-Nasser, à Khan Younis, nos équipes ont été contraintes de quitter l’établissement dans la soirée du 4 décembre, en raison de l’intensité des bombardements autour du bâtiment. Certains membres du personnel du ministère de la Santé ont également décidé de partir, craignant d’être la proie des mêmes violences que celles infligées aux hôpitaux du nord de la bande de Gaza. La fin de semaine précédant le départ de Nasser, nos collègues ont assisté à l’admission d’un grand nombre de personnes blessées qui arrivaient, vague après vague. Depuis le 7 octobre, l’hôpital a reçu 5 166 personnes blessées et 1 468 déclarées mortes à leur arrivée. Soixante-dix pour cent des morts étaient des femmes et des enfants. Les ordres d’évacuation envoyés par Israël créent la panique. Les gens n’ont nulle part où aller : ils ont été bombardés au nord, au sud et à la frontière de Rafah. Ce système cruel n’épargne pas les personnes civiles.
L’intransigeance du gouvernement israélien et son refus apparent de s’engager ou de reconnaître l’ampleur de la souffrance humaine à Gaza sont désespérants. Les trêves temporaires, les pauses humanitaires et le filet d’aide qui a été autorisé jusqu’à présent ont été scandaleusement insuffisants. Les dommages causés nécessiteront des années de soutien humanitaire pour être atténués. L’ampleur des pertes et le chagrin qui les accompagne, eux, ne seront jamais apaisés. Une chose est claire : l’augmentation de l’aide humanitaire ne peut se faire sans un cessez-le-feu.
Aujourd’hui, le Conseil de sécurité des Nations Unies doit décréter un cessez-le-feu immédiat et durable et lever le siège. Cette responsabilité incombe à chaque membre. L’histoire jugera le retard pris pour mettre fin à ce massacre. Le plus élémentaire respect pour l’humanité exige une action immédiate.