Les hôpitaux du sud de la bande de Gaza débordent de personnes blessées alors que les forces israéliennes intensifient leurs bombardements
Depuis que la fragile trêve dans la bande de Gaza s’est rompue, le 1er décembre, les attaques aériennes et terrestres des forces israéliennes ont fait des centaines de morts et de personnes blessées. MSF soutient toujours les hôpitaux Al-Aqsa, dans la zone intermédiaire, et Nasser dans le sud de la bande de Gaza. Le personnel palestinien et international de MSF qui y vit et qui y travaille parvient à peine à faire face à l’afflux de patients et de patientes.
« Nous entendons les bombardements autour de nous, jour et nuit », explique Katrien Claeys, chef d’équipe de MSF dans la zone moyenne de Gaza où MSF soutient le personnel de santé local dans le traitement des personnes souffrant de brûlures et de blessures dues aux explosions. « Au cours des dernières 48 heures, plus de 100 personnes décédées et plus de 400 blessées sont arrivées aux urgences de l’hôpital Al-Aqsa. Certaines ont dû être opérées immédiatement. »
Lorsque les hôpitaux débordent, les personnes dont la vie n’est pas immédiatement menacée ne peuvent pas être priorisées.
« Nous voyons des individus présentant des signes d’infection et des tissus nécrosés, car leurs pansements n’ont pas été changés depuis des jours, voire des semaines », explique Katrien Claeys.
Les équipes de MSF ont mis en place une unité temporaire de pansement au sein de l’hôpital Al-Aqsa. Ils y prennent en charge les gens souffrant de plaies chroniques, ou de blessures dues à des accidents domestiques ou à des attaques antérieures.
L’hôpital Nasser, à Khan Younis, où les équipes de MSF prodiguent des soins chirurgicaux aux personnes souffrant de traumatismes et de brûlures, est aujourd’hui à bout de souffle en raison de l’afflux continu des arrivées.
« L’hôpital a reçu plusieurs personnes gravement blessées presque toutes les heures », explique Chris Hook, coordonnateur médical de MSF à Khan Younis. « La situation actuelle de l’hôpital, où il n’y a plus d’espace disponible, est vraiment terrible. Tout le monde s’inquiète sincèrement de ce qui va se passer ensuite. »
Les forces israéliennes ordonnent aux personnes civiles du sud de se déplacer à nouveau
Alors que les offensives aériennes et terrestres d’Israël se déplacent vers le sud, les gens de certains quartiers de la zone intermédiaire et de Khan Younis ont reçu l’ordre d’évacuer plus au sud, vers Rafah, le long de la frontière égyptienne. Nous avons dû suspendre notre soutien médical aux cliniques Martyrs et Beni Suhaila, qui sont désormais situées dans des zones visées par l’ordre d’évacuation.
« Chaque jour, les autorités israéliennes ordonnent l’évacuation d’un nouveau quartier, demandant aux gens de se rendre dans une autre ville, toujours plus au sud », explique un membre du personnel de MSF à Khan Younis qui a lui-même été déplacé. « Même pendant la trêve, les gens n’ont pas été autorisés à retourner chez eux au nord. Seuls trois ou quatre quartiers restent accessibles et ils sont tous surpeuplés. »
La majorité des 1,8 million de personnes déplacées à l’intérieur de la bande de Gaza ont cherché refuge dans le sud, où elles vivent actuellement dans des conditions épouvantables. De nombreuses personnes civiles ont déjà été déplacées plusieurs fois depuis le 7 octobre. Elles n’ont nulle part où aller, car aucun endroit n’est sûr.
L’accès aux services essentiels, y compris les soins de santé, est devenu extrêmement difficile pour les gens qui se trouvent dans le sud de Gaza. Les restrictions de mouvement imposées par les forces israéliennes et les bombardements intenses empêchent quiconque de chercher une aide médicale à temps, tout en entravant la capacité de réaction de nos équipes.
De retour à l’hôpital Nasser, le nombre de personnes déplacées a encore nettement augmenté depuis samedi dernier. De nouveaux abris ont été érigés dans tous les coins du stationnement. De nombreuses personnes dorment à même le sol, à côté de l’établissement médical.
« Malgré la courte trêve, la campagne militaire qui dure depuis des semaines, la vitesse et l’ampleur des bombardements continuent de sonder les profondeurs de la brutalité », déclare Chris Hook. « Près de deux millions de personnes sont privées d’options. La seule solution est un cessez-le-feu immédiat et durable et l’approvisionnement sans restriction de l’assistance humanitaire pour l’ensemble de la bande de Gaza. »