Destruction in Gaza city where Israeli airstrikes killed hundreds since 10 May 2021. © MSF
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Bande de Gaza : un an après les bombardements, les blessures sont toujours aussi vives

Les répercussions physiques et mentales des attaques perpétrées sur la bande de Gaza qui ont tué 256 personnes, dont 66 enfants, continuent de faire souffrir. Un an après les frappes aériennes et les bombardements israéliens, nous nous sommes entretenus avec des patients, des patientes et du personnel. 

 

Il y a un an, le personnel de Médecins Sans Frontières (MSF) a commencé à fournir une assistance médicale pendant et après les bombardements dans la bande de Gaza. Malgré tous les efforts déployés par l’équipe, les répercussions physiques et mentales à long terme continuent d’affecter les survivants et les survivantes de ces bombardements. MSF s’est entretenue avec deux patients et un membre du personnel qui ont été touchés il y a un an par les frappes aériennes.

Le 10 mai 2021, des frappes et des bombardements israéliens ont commencé sur la bande de Gaza. Bilan : 256 personnes tuées, dont 66 enfants. En seulement 11 jours, environ 2 000 Palestiniens et Palestiniennes ont été blessé·e·s dans les bombardements. Parmi ces personnes – plus de 600 enfants et 400 femmes – certaines ont subi des blessures entraînant une invalidité à long terme, comme la perte de membres ou de la vue. En Israël, les tirs de roquettes lancés depuis la bande de Gaza ont fait 13 morts et 700 blessé·e·s. Le 21 mai 2021, un cessez-le-feu négocié par l’Égypte est entré en vigueur et les bombardements ont cessé.

« J’ai été blessé le premier jour des bombardements », raconte Ahmad*, un père de famille de 41 ans, qui raconte les souffrances physiques qu’il a subies. « J’étais chez moi quand la maison a été touchée. Nous ne savions pas si c’était une bombe ou si quelque chose dans la maison avait explosé. Nous avons simplement entendu un gros bruit, puis la maison a tremblé. C’est à ce moment-là que j’ai vu ma main pendre au bout de mon bras. J’ai subi huit chirurgies, et ma main a dû être amputée. »

La dernière offensive en 2021 a exacerbé les problèmes de santé mentale à Gaza et a rendu la situation encore plus difficile à supporter pour la population.

« Pendant que j’étais à l’hôpital, je craignais pour ma famille », dit Ahmad. « Leur santé mentale a été profondément affectée, et les bruits forts font encore pleurer mes deux plus jeunes enfants. C’est ma mère qui a le plus souffert. Elle a fait une dépression, et elle est maintenant soignée par des spécialistes en santé mentale. Elle ne peut toujours pas en parler sans faire une crise de panique. »

La dernière offensive en 2021 a exacerbé les problèmes de santé mentale à Gaza et a rendu la situation encore plus difficile à supporter pour la population.

« Pendant que j’étais à l’hôpital, je craignais pour ma famille », dit Ahmad. « Leur santé mentale a été profondément affectée, et les bruits forts font encore pleurer mes deux plus jeunes enfants. C’est ma mère qui a le plus souffert. Elle a fait une dépression, et elle est maintenant soignée par des spécialistes en santé mentale. Elle ne peut toujours pas en parler sans faire une crise de panique. »

En plus du traumatisme psychologique auquel sont confrontées les personnes ayant survécu à l’attaque, la peur des difficultés économiques est devenue écrasante pour bon nombre d’entre elles.

« Ce qui me fait le plus mal, c’est que je ne peux plus subvenir aux besoins de ma famille. J’étais chauffeur, et je ne peux pas conduire sans ma main », dit Ahmad. « J’avais non seulement des responsabilités à l’égard de ma femme et de mes enfants, mais aussi de mes parents âgés. »

Ashraf*, médecin MSF, souligne l’intensité soudaine des frappes aériennes. 

 

« C’était plus court que les précédentes agressions, mais beaucoup plus intenses. Rien de ce que nous avons appris des précédentes escalades ne nous a aidés cette fois. Nous attendions tous notre tour pour mourir. Avant, il y avait des pauses entre les bombardements, et des couloirs humanitaires. Cette fois, il n’y avait rien, nulle part où courir, nulle part où être en sécurité. »

Ashraf |

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MSF clinic in Gaza city where we provide trauma and burn treatment was damaged by Israeli aerial bombardment, leaving a sterilization room unusable and a waiting area damaged
MSF clinic in Gaza city where we provide trauma and burn treatment was damaged by Israeli aerial bombardment, leaving a sterilization room unusable and a waiting area damaged. No one was injured in our clinic, but people were killed by the bombing.MSF

 

« Ce n’était pas comme n’importe quelle autre guerre que j’ai vue auparavant », dit Mohammad*, un patient dont le fils est mort dans les bombardements et qui nous parle des répercussions de ces événements sur sa famille. « Ils ciblaient des personnes civiles, il n’y avait nulle part où aller. Les flammes étaient partout. »

« Après cela, ma famille a été complètement détruite. Ma femme m’a quitté; elle a fait une dépression dont elle ne s’est jamais remise. Elle me blâmait pour la mort de notre fils unique. Seule une de mes filles est restée avec moi, et maintenant elle est toujours à mon chevet. »

 

« Ça fait un an maintenant, et je suis toujours coincé dans un lit d’hôpital. J’ai subi tellement de chirurgies et d’interventions que j’ai perdu le compte. Je pense que j’ai peut-être battu le record du nombre de chirurgies. Je souris parce qu’il n’y a rien d’autre que je puisse faire; j’ai besoin de sourire. »

Mohammad |

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Sur les deux millions de Palestiniens et de Palestiniennes qui vivent à Gaza, plus de 40 % sont des enfants de 14 ans ou moins. Ces enfants ont vécu toute leur vie sous le blocus israélien, ont survécu à trois offensives majeures de la part d’Israël et ont subi des traumatismes répétés et continus. Un an après le dernier bombardement, les Palestiniens et les Palestiniennes de la bande de Gaza se sentent plus en danger que jamais.

« Ma fille adorait aller à la plage, » dit Ashraf. 

« Avant mai 2021, elle me demandait d’y aller tous les jours. Mais en mai 2021, nous avons vu le rivage se faire bombarder depuis notre fenêtre. Il lui a fallu des mois pour qu’elle veuille y retourner. Elle n’a que trois ans, et elle peut déjà distinguer les différents bruits d’explosions, de feux d’artifice et de missiles. Cela n’est certes pas une enfance saine. Dieu sait quel genre de traumatismes ces enfants vont subir tout au long de leur vie. » 

*Les noms ont été modifiés pour protéger la vie privée.