Dre Katrien, Dr Sohaib Safi et Dr Andres, de l'équipe chirurgicale de MSF à l'hôpital Al Aqsa. Gaza, 2023. © Mohammed ABED
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Cinq choses à savoir sur la situation désastreuse dans le sud de la bande de Gaza

Lorsque le conflit entre Israël et le Hamas a éclaté dans la bande de Gaza (Palestine), au début du mois d’octobre, les forces israéliennes ont à plusieurs reprises poussé les gens à quitter le nord de la bande de Gaza pour se diriger vers le sud. Aujourd’hui, la situation humanitaire dans le sud de Gaza est désastreuse et dangereuse. Les bombardements et les combats intenses ont déraciné plus de 1,8 million de personnes, soit près de 80 % de la population totale de la bande de Gaza. [i] Environ un million d’individus ont été poussés à se réinstaller dans le sud surpeuplé, où les conditions de vie étaient désastreuses avant même que n’éclate le conflit qui sévit actuellement.

Alors que la trêve entre Israël et le Hamas se poursuit pour une septième journée, voici cinq choses à savoir sur la situation actuelle dans le sud de Gaza, où les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) travaillent.

1. Les gens sont privés des biens de première nécessité

Alors que des centaines de milliers de Palestiniens et de Palestiniennes ne disposent toujours pas des biens essentiels, nos équipes rapportent avoir vu des gens contraints de faire la file pour obtenir de la nourriture, de l’eau et du combustible. Malgré l’entrée à Gaza de plusieurs camions de fournitures d’assistance humanitaire, les besoins restent largement insatisfaits. Les vêtements chauds pour l’hiver, les matelas, les couvertures et d’autres articles manquent particulièrement.

Les forces israéliennes ont coupé l’approvisionnement en l’électricité et épuisé les réserves de carburant. Les services essentiels comme les soins de santé, l’approvisionnement en eau, l’assainissement et les communications ont alors été interrompus les uns après les autres. Le siège complet imposé par le gouvernement israélien a privé l’ensemble de la population de Gaza de l’approvisionnement en biens essentiels tels que la nourriture, l’eau, les abris et les soins médicaux.

2. Les rares installations médicales qui fonctionnent sont débordées

Dans le sud de la bande de Gaza, seuls huit des onze centres de soins fonctionnent encore (UN OCHA, 26 novembre). Chacune de ces structures reçoit actuellement beaucoup plus de personnes qu’à l’habitude, en composant avec d’énormes contraintes, que ce soit en termes d’approvisionnement en fournitures, de ressources, d’eau et d’électricité. Le manque de place est également un problème, car comme au nord, les hôpitaux du sud sont devenus un refuge pour des milliers de personnes déplacées.

« Le système de santé ici, à Gaza, n’a tout simplement pas la capacité de faire face à la situation actuelle », explique Marie-Aure Perreaut, coordonnatrice d’urgence de MSF à Gaza. « Les hôpitaux sont complètement débordés par l’afflux de personnes blessées qu’ils reçoivent depuis quelques semaines. »

À la clinique Martyrs de Khan Younis, où nos équipes travaillent, le nombre de consultations quotidiennes est passé d’environ 250 à 1 000.

Les autres hôpitaux visités par nos équipes manquent aussi de lits et les gens sont allongés dans les couloirs en attendant d’être soignés.

3. La densité de population extrêmement élevée a – et aura – des conséquences sur la santé

La bande de Gaza est l’une des régions les plus densément peuplées du monde. Un peu plus de 2 millions de personnes y résident sur une superficie de 365 km2, soit l’équivalent d’environ la moitié de la ville de New York. Le déplacement forcé de la quasi-totalité de la population de Gaza vers une plus petite partie du territoire, limité au sud, a encore accru la densité. Un million de personnes se sont ainsi trouvées entassées dans un espace relativement restreint. Elles ne peuvent pas se déplacer et dépendent entièrement de l’assistance humanitaire. Les conditions de vie déplorables qu’entraîne une telle situation mettent en péril la santé des gens.

« Nous voyons de plus en plus d’enfants et de femmes souffrant de blessures domestiques, principalement de brûlures et d’autres affections », explique Marie-Aure. « Ces blessures illustrent clairement les conditions de vie extrêmement précaires et la surpopulation des abris et des camps. »

Une densité de population aussi élevée que celle que l’on observe actuellement dans le sud représente un risque en termes de maladies transmissibles. La combinaison des espaces surpeuplés, du manque d’eau, d’assainissement, de prévention et de surveillance constitue une recette potentiellement désastreuse pour l’émergence de maladies comme le choléra et la rougeole.

« Aujourd’hui, nous avons vu des cas liés à des complications de maladies chroniques, des infections, des virus et des bactéries. De nombreuses personnes souffrent de ces maux en raison des conditions de vie surpeuplées dans des abris comme les centres et les écoles », explique Jameel Awad Allah, infirmier de MSF à la clinique des Martyrs, à Khan Younis.

4. Les besoins en matière de soins de santé mentale et de traitement des blessures de guerre sont énormes

Dans la clinique des Martyrs, nos équipes offrent des consultations externes pour les enfants et les adultes. Elles pansent notamment des plaies, principalement celles causées par les explosions et les blessures infectées. Nos équipes assurent également le triage et l’orientation des cas de traumatismes vers l’hôpital Nasser.

Les hôpitaux encore opérationnels débordent de personnes souffrant de blessures de guerre.

« La plupart des cas que nous recevons ici sont dus à la guerre, à des éclats d’obus ou à des fractures », explique Awad Allah. « Nous voyons également des cas de brûlures. »

En plus des besoins en chirurgie, pour les brûlures et pour les plaies dues aux bombardements et aux tirs d’obus, nos équipes voient d’importants besoins en soins de santé primaires, comme la maternité, la médecine générale et surtout, en santé mentale. À Khan Younis, nous proposons des séances de santé mentale pour les enfants et les femmes.

« Nous apportons un soutien en santé mentale à toutes les personnes qui sont ici, en particulier aux personnes déplacées », explique Marwa Abu Al Nour, une psychologue de MSF. « Les symptômes les plus courants que je vois chez les enfants sont les cauchemars, l’énurésie, l’anxiété et la peur. Nous essayons autant que possible de leur apporter du soutien à travers des activités récréatives. »

5. Les équipes de MSF interviennent dans le sud de la bande de Gaza

Aujourd’hui, MSF travaille dans deux hôpitaux du sud de la bande de Gaza – les hôpitaux Nasser et Al-Aqsa – et dans deux cliniques à Khan Younis, les cliniques Martyrs et Beni Suhaila.

À l’hôpital Nasser, nous fournissons des soins d’urgence et des traitements chirurgicaux, notamment aux personnes souffrant de lésions traumatiques et de brûlures graves. Nous soutenons également le service des urgences et l’unité de soins intensifs.

À l’hôpital Al-Aqsa, dans la zone médiane, nous menons des activités pour soutenir le personnel de l’hôpital. Nous nous occupons des pansements et des consultations externes pour les personnes souffrant de lésions dues aux explosions et de brûlures.

À la clinique des Martyrs, nous assurons des consultations ambulatoires et de santé mentale, tandis que nous offrons des soins de santé primaires, comme le pansement des plaies, à la clinique de Beni Suhaila.

[i] Selon les Nations Unies