Des voitures en provenance de Cisjordanie sont bloquées au poste de contrôle israélien à l’entrée de la ville d’Hébron et attendent sa réouverture. Palestine, 2025. © Oday Alshobaki/MSF
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Palestine : les autorités israéliennes resserrent leur emprise sur la Cisjordanie alors que la tension monte avec l’Iran

L’intensification des opérations militaires limite davantage l’accès aux soins et aux services essentiels en Cisjordanie

Alors que l’attention internationale se tourne vers l’escalade du conflit entre Israël et l’Iran, les forces israéliennes intensifient leurs opérations en Cisjordanie. Depuis le 13 juin, elles ont accru leurs opérations militaires et déployé des troupes supplémentaires dans les gouvernorats de Jénine, Naplouse et Tulkarem. Cela a conduit au durcissement des restrictions pour les Palestiniennes et les Palestiniens.  

Médecins sans Frontières (MSF) alerte sur le fait que ce renforcement des restrictions limite davantage l’accès aux soins et aux services essentiels en Cisjordanie. MSF appelle de toute urgence à l’arrêt immédiat des mesures qui contribuent aux déplacements forcés et à un système d’annexion, dont la présence militaire prolongée, les restrictions de mouvement, les démolitions, l’usage excessif de la force et le déni des services de base.  

 « Le 14 juin, j’ai essayé d’emmener mon frère à un rendez-vous médical à Hébron à partir de Bethléem, un trajet qui prend normalement 25 minutes. Mais en raison des nouvelles restrictions israéliennes, toutes les entrées et sorties principales étaient fermées. Le trajet nous a pris trois heures et, pour finir, bien qu’il soit très malade, il a dû traverser à pied un des postes de contrôle fermé, comme beaucoup d’autres, ce qui est très dangereux. »

– Oday Al-Shobaki, chargé de communication

« Le 13 juin, les forces israéliennes ont fait une incursion dans mon village, Tulkarem. Elles ont réquisitionné deux immeubles résidentiels et les ont transformés en casernes militaires, déplaçant de force les personnes qui y vivaient », raconte Karim*, un membre du personnel de MSF. « Depuis, elles patrouillent régulièrement dans le village, mènent des enquêtes, des interrogatoires, des arrestations, des perquisitions et des détentions. »

« Au cours de la semaine dernière, les gens de Cisjordanie ont vu leur quotidien soumis à un contrôle encore plus strict de la part de la puissance occupante, tandis que le monde détourne le regard. Cela doit cesser », déclare Simona Onidi, coordonnatrice de projet de MSF à Jénine et Tulkarem.  

Le jour du début de l’escalade, les autorités israéliennes ont bloqué tous les principaux points de contrôle et les accès routiers vers Hébron pendant quatre jours. Les personnes en quête de soins médicaux ont été contraintes de passer d’une zone à l’autre à pied, même celles gravement malades, au risque d’être prises pour cible ou de se voir refuser complètement le passage.  

 « Le 14 juin, j’ai essayé d’emmener mon frère à un rendez-vous médical à Hébron à partir de Bethléem, un trajet qui prend normalement 25 minutes », raconte Oday Al-Shobaki, chargé de communication. « Mais en raison des nouvelles restrictions israéliennes, toutes les entrées et sorties principales étaient fermées. Le trajet nous a pris trois heures et, pour finir, bien qu’il soit très malade, il a dû traverser à pied un des postes de contrôle fermé, comme beaucoup d’autres, ce qui est très dangereux. »

Les gens attendent devant la barrière israélienne qui bloque l’accès à une route principale menant à Hébron. Beaucoup finissent par traverser à pied, malgré les risques. Palestine, 2025. © Oday Alshobaki/MSF

En raison des fermetures des points de contrôle et des problèmes de sécurité liés à l’intensification des opérations militaires, MSF a dû suspendre ses cliniques mobiles à Hébron et à Naplouse. Nos équipes y fournissaient des soins de santé primaires et de santé sexuelle et reproductive, ainsi que du soutien en santé mentale.  

À Jénine et à Tulkarem, en raison de la présence des forces israéliennes dans les villages voisins, les cliniques mobiles ont dû adapter leurs horaires de travail, fonctionnant certains jours seulement. Les personnes qui avaient besoin de soins ont donc été contraintes de recourir à des consultations téléphoniques.

« Nous appelons les États tiers à dépasser les condamnations verbales. Ils doivent exercer une pression réelle sur les autorités israéliennes pour qu’elles mettent fin à l’usage excessif de la force. Il est aussi urgent de lever les restrictions de mouvement qui bloquent l’accès aux services essentiels et à l’assistance humanitaire. Enfin, un soutien accru doit être apporté aux communautés déplacées et isolées en Cisjordanie. » 

– Simona Onidi, coordonnatrice de projet de MSF à Jénine et Tulkarem

Les opérations militaires et les raids violents de l’armée israélienne se poursuivent depuis des années en Cisjordanie. En 2022, un nombre record de Palestiniennes et de Palestiniens ont été tués par l’armée ou les colons israéliens. Depuis octobre 2023, les forces israéliennes ont multiplié les mesures coercitives et le recours à une violence physique extrême contre les communautés dans les territoires occupés. Ces mesures comprennent de sévères restrictions de mouvement, des raids militaires et des obstacles systémiques aux services essentiels.   

En outre, l’opération Iron Wall (« Mur de fer »), lancée en janvier 2025 dans le nord de la Cisjordanie par les forces israéliennes, est toujours en cours. Depuis le début de l’opération, plus de 42 000 personnes ont été déplacées de force de camps bien établis, sans retour possible. Elles se sont retrouvées sans logement stable et ont maintenant un accès limité à la nourriture, à l’eau et aux soins médicaux.  

« Cette dernière vague de restrictions et de violences, survenue la semaine passée, semble offrir aux forces israéliennes une occasion de renforcer leur contrôle. Elle fragmente davantage les communautés palestiniennes et consolide un système que la Cour internationale de justice a qualifié de “ségrégation raciale” et à “d’apartheid” », conclut Simona Onidi. « Nous appelons les États tiers à dépasser les condamnations verbales. Ils doivent exercer une pression réelle sur les autorités israéliennes pour qu’elles mettent fin à l’usage excessif de la force. Il est aussi urgent de lever les restrictions de mouvement qui bloquent l’accès aux services essentiels et à l’assistance humanitaire. Enfin, un soutien accru doit être apporté aux communautés déplacées et isolées en Cisjordanie. »  

* Le nom a été changé pour protéger la vie privée.