Les Palestiniens et les Palestiniennes de Rafah, à la frontière égyptienne, ont du mal à trouver de l’eau potable pour boire, cuisiner ou se laver. La ville qui comptait autrefois 300 000 personnes en accueille aujourd’hui 1,5 million, déplacées de toute la bande de Gaza. Les conditions de vie dans cette partie de l’enclave sont désespérées, en raison de la surpopulation et du manque d’eau potable, de toilettes, de douches et de systèmes d’égouts.
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Gaza : Israël doit mettre fin à sa campagne de mort et de destruction

Alors que le Conseil de sécurité des Nations Unies se réunit aujourd’hui, après qu’Israël a frappé des camps abritant des personnes déplacées dans des « zones humanitaires » désignées dans le sud de la bande de Gaza, Médecins Sans Frontières (MSF) demande l’arrêt immédiat de l’offensive de Rafah et des atrocités qui se poursuivent dans la bande de Gaza. La stratégie militaire d’Israël, qui consiste à lancer des attaques répétées dans des zones densément peuplées, conduit inévitablement à des massacres de personnes civiles.

« Les personnes civiles sont massacrées. Elles sont poussées vers des zones qu’on leur dit sûres, pour être ensuite soumises à des frappes aériennes incessantes et à de violents combats », déclare Chris Lockyear, secrétaire général de MSF.

« Des familles entières, composées de dizaines de personnes, sont entassées dans des tentes et vivent dans des conditions extrêmement difficiles. Plus de 900 000 personnes ont à nouveau été déplacées de force lorsque les forces israéliennes ont intensifié leur offensive sur Rafah, au début du mois de mai »,

Chris Lockyear, secrétaire général de MSF.

Aujourd’hui encore, les forces israéliennes ont bombardé un autre camp de tentes pour personnes déplacées à Al-Mawasi, à l’ouest de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Selon les autorités locales, 21 Palestiniennes et Palestiniens ont été tués et 64 personnes ont été blessées.

Le personnel médical, les patientes et les patients qui se trouvaient au point de stabilisation des traumatismes que soutenait MSF à Tal Al-Sultan, à Rafah, ont également été contraints de fuir dans la nuit du 27 mai, alors que les hostilités dans la zone s’intensifiaient. Cette fuite devant les attaques a mis fin à toutes les activités médicales dans l’établissement, ce qui a forcé l’évacuation d’un autre centre de soins de santé. Cette évacuation forcée d’un autre établissement survient 24 heures après que les forces israéliennes ont mené une attaque aérienne sur ce qu’elles avaient désigné comme une « zone de sécurité », tuant au moins 49 personnes et en blessant plus de 250 autres. Le personnel du point de stabilisation a enregistré un afflux massif de 180 personnes blessées, et compté 31 morts, les gens souffrant de brûlures graves, de blessures par éclats d’obus, de fractures et d’autres lésions traumatiques. Ces individus ont été stabilisés et dirigés vers des hôpitaux de projet situés vers Al-Mawasi, plus à l’ouest, car il ne reste plus d’hôpitaux de traumatologie fonctionnels capables de faire face à un tel afflux.

« Toute la nuit, nous avons entendu des affrontements, des bombardements et des tirs de roquettes. Personne ne sait ce qui se passe exactement », explique la Dre Safa Jaber, gynécologue de MSF qui vit dans le camp de tentes de Tal Al-Sultan avec sa famille.

« Nous avons peur pour nos enfants et pour nous-mêmes. Nous ne nous attendions pas à ce que cela arrive soudainement. Où allons-nous aller? Nous luttons pour trouver les biens de base dont tout être humain a besoin pour rester en vie. »

Dre Safa Jaber

La semaine dernière encore, la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à Israël d’arrêter « immédiatement » son offensive militaire à Rafah et de laisser entrer l’aide humanitaire dont le besoin se fait cruellement sentir. La CIJ a également sommé Israël de veiller à ce que l’aide humanitaire parvienne à ceux et celles qui en ont besoin. Mais depuis, l’offensive israélienne dans le sud de la bande de Gaza s’est intensifiée. Aucune aide humanitaire digne de ce nom n’est entrée dans l’enclave depuis le 6 mai, et les attaques systématiques contre les soins de santé se sont poursuivies. Tous les pays qui soutiennent les opérations militaires d’Israël dans ces circonstances sont moralement et politiquement complices. Nous appelons les pays, en particulier les États-Unis, le Royaume-Uni et les États membres alliés de l’Union européenne, à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour influencer Israël afin qu’il mette fin au siège en cours. Nous leur demandons également d’insister pour que cessent les attaques répétées contre les infrastructures et les personnes civiles à Gaza.

Près de huit mois après le début de cette guerre, il n’existe plus à Gaza un seul établissement, une seule installation de soins de santé ayant la capacité de gérer un événement faisant un grand nombre de victimes comme celui du 27 mai. La fermeture du centre de traumatologie de Tal Al-Sultan, que soutenait MSF, fait suite à une frappe aérienne le même jour sur l’hôpital koweïtien de Rafah, qui a tué deux membres du personnel et mis l’hôpital hors service. Presque tous les hôpitaux de Rafah ont été évacués de force et sont soit hors service, soit à peine fonctionnels, ne laissant aucune possibilité de fournir ou d’accéder à des soins médicaux.

« Des centaines de milliers de personnes civiles sont soumises à une démonstration brutale et implacable de punition collective »

Karin Huster, référent médical de projet de MSF, Gaza

« Parallèlement aux bombardements, les graves blocages de l’assistance nous empêchent d’apporter une aide significative. Des gens meurent aussi parce que les travailleuses et les travailleurs humanitaires sont empêchés de d’effectuer leur travail », explique Karin Huster.

Les bombardements israéliens et les violents combats continuent également de dévaster le nord de l’enclave, qui est presque inaccessible pour les organisations humanitaires. Les hôpitaux du nord sont sous le feu et ont subi d’importantes destructions, notamment les hôpitaux Al-Awda et Kamal Adwan, ce dernier ayant été bombardé aujourd’hui même par les forces israéliennes. D’autres hôpitaux, comme l’hôpital Al-Aqsa à Deir al Balah et l’hôpital Nasser à Khan Younis, ont signalé des pénuries de carburant et pourraient bientôt ne plus être en mesure de fonctionner.

Nous appelons toutes les parties belligérantes à respecter et à protéger les établissements de santé, le personnel, les patients et les patientes.

Nous demandons à Israël d’arrêter immédiatement son offensive sur Rafah et d’ouvrir le point de passage de Rafah pour permettre l’entrée à grande échelle de l’aide humanitaire et médicale.

Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat et durable dans toute la bande de Gaza.