En réponse à la destruction par Israël du système de santé dans le nord de Gaza, le personnel de MSF gère des cliniques mobiles pour fournir une assistance médicale. Palestine, 2025. © MSF
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Gaza : témoignage de Sarah Vulstyeke, responsable de projet à MSF

Une responsable de projet partage son expérience à Gaza et met en lumière les besoins médicaux urgents.

Sarah Vulstyeke est responsable de projet à Médecins Sans Frontières (MSF). Elle revient tout juste de la bande de Gaza où elle a coordonné les opérations avec une équipe de MSF dans le nord de la bande de Gaza. À cet endroit, MSF gère des cliniques mobiles pour fournir une assistance médicale par le biais de consultations de médecine générale, de traitements de maladies non transmissibles, de poses de pansements et de bandages, ainsi que de promotion de la santé. Au cours des première et deuxième semaines de février, des cliniques mobiles de MSF ont été mises sur pied dans le camp de Jabalia et à Beit Hanoun. Environ 1 200 consultations ont été menées, dont 11,6 % concernaient des enfants de moins de cinq ans. Les infections des voies respiratoires supérieures ont représenté 23,6 % des consultations et 169 poses de pansements et de bandages ont été effectués.   

« En arrivant au premier centre de santé au nord de Gaza début février pour évaluer la situation, notre groupe a reçu une véritable gifle. Il n’y avait plus rien à évaluer : nous étions sous le choc et avons ressenti beaucoup d’impuissance après avoir constaté le nombre d’infrastructures, de bâtiments et de vies qui avaient été détruits.   

Juste après le début du cessez-le-feu, l’une de nos priorités a été d’examiner comment nous pouvions soutenir l’accès aux soins de santé primaires pour la population de Gaza, en particulier dans la partie nord de la bande de Gaza. Le camp de Jabalia était assiégé et lourdement bombardé par les forces israéliennes depuis le 6 octobre 2024 et les autorités israéliennes ont considérablement réduit la quantité d’assistance essentielle qu’elles permettent d’entrer. Par conséquent, des dizaines de milliers de personnes sont restées piégées dans le nord, avec un accès quasi nul aux soins de santé depuis octobre dernier. Des centaines de milliers d’autres y sont retournées après le début du cessez-le-feu, à la fin janvier 2025.  

Les gens de Gaza, tout comme nos équipes, sont déterminés à essayer de reconstruire ce qui a été perdu, malgré les difficultés insoutenables auxquelles ils sont confrontés quotidiennement.

La dévastation que nous avons trouvée à Jabalia est difficile à décrire : il ne restait plus rien, que des décombres. Nous avons essayé d’évaluer l’état des centres de santé. Mais nous avons visité le premier et il était rasé. Puis le deuxième, le troisième… Tout était en ruines et réduit à des tas de gravats. C’est à couper le souffle, c’est déchirant. Face à l’ampleur des destructions, nous n’avions d’autre choix que d’agir rapidement.  

Le plus grand défi a été de commencer et de mettre en place les activités médicales au milieu des décombres. Il a fallu une semaine pour déblayer suffisamment de gravats avec le bulldozer que nous avions loué, juste pour installer une structure temporaire. La première semaine, nous avons garé nos véhicules sur le bord de la route et avons commencé nos activités. Plus tard, nous avons pu monter des tentes et un abri où les gens pouvaient attendre leur consultation. Il faisait un froid glacial, mais des centaines de personnes venaient quand même chaque jour.  

Les gens de Gaza, tout comme nos équipes, sont déterminés à essayer de reconstruire ce qui a été perdu, malgré les difficultés insoutenables auxquelles ils sont confrontés quotidiennement. La situation est encore très précaire et nous ressentons beaucoup d’inquiétude envers les conséquences qu’un blocus de l’aide humanitaire à Gaza pourrait avoir. Les gens de Gaza ont toujours besoin d’une augmentation immédiate et massive des approvisionnements humanitaires et il est inacceptable de les empêcher à nouveau de recevoir une assistance humanitaire. »