Une famille palestinienne cueille la mauve commune (khobiza), une plante sauvage nutritive, à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza. Palestine, 2025. © Nour Alsaqqa/MSF
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Palestine : les pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant orchestrées par les autorités israéliennes étouffent Gaza

Le système de santé à Gaza est menacé par le blocus et les pénuries de carburant.

En raison des actions délibérées des autorités israéliennes, les gens de Gaza sont constamment sur le point de perdre l’accès aux soins médicaux essentiels et à l’eau potable. Si en apparence l’aide semble entrer dans la bande de Gaza, Israël limite les fournitures médicales et le carburant au strict minimum et à son bon vouloir. La réponse humanitaire est très loin de répondre aux besoins de cette communauté qui dépend entièrement de l’assistance pour sa survie. Les autorités israéliennes doivent mettre fin à la punition collective infligée aux Palestiniennes et aux Palestiniens à Gaza. Elles doivent immédiatement autoriser l’entrée, sans entrave et à la hauteur des besoins, de fournitures médicales et de carburant.  

Nombreuses personnes blessées

Au cours de la semaine dernière, nous avons vu affluer un grand nombre de personnes blessées, dont beaucoup souffraient de traumatismes graves. À l’hôpital de campagne de Médecins Sans Frontières (MSF) de Deir Al-Balah, dans le centre de Gaza, le nombre de personnes blessées par balle a augmenté de 190 % par rapport à la semaine précédente. Les cliniques de Khan Younès et de Deir Al-Balah ont enregistré leur plus grand nombre d’admissions hebdomadaires à ce jour.  

Malgré les affirmations d’Israël selon lesquelles des corridors d’approvisionnement ont été ouverts, des restrictions sont toujours imposées à l’entrée des marchandises. Après trois mois de blocus total, les approvisionnements de MSF sont au plus bas.  

 « Nous manquons de tout, de fournitures médicales comme la gaze, de médicaments et de nourriture pour les patientes et les patients. Cela comprend également les aliments thérapeutiques pour les personnes qui souffrent de malnutrition, en particulier les enfants », explique Katja Storck, responsable des activités de soins infirmiers à Khan Younès.  

Outre les fournitures médicales essentielles, le niveau dangereusement bas du carburant est une source de préoccupation majeure. D’abord parce qu’il alimente les usines de dessalement d’où provient une grande partie de l’eau potable, alors que l’accès à l’eau a déjà été réduit drastiquement pour les gens de Gaza. Et d’autre part, parce qu’il est indispensable au fonctionnement de l’ensemble du système de santé : équipements médicaux, concentrateurs d’oxygène, ventilateurs, ainsi qu’entreposage des médicaments et des vaccins dans la chaîne du froid. Une rupture de carburant immobiliserait également les ambulances, empêchant le transport des personnes gravement malades et blessées.

Pénuries délibérées

À l’hôpital de soins maternels d’Al-Helou, dans le nord de la bande de Gaza, où travaillent les équipes de MSF, on doit rationner les faibles réserves de carburant. 

« Dans les unités de soins intensifs néonatals, les nouveau-nés sont souvent trop petits pour respirer seuls et ont besoin de ventilateurs et d’oxygène pour survivre », explique Amy Low, responsable de l’équipe médicale de MSF dans la ville de Gaza. « Mais ces derniers temps, le manque de carburant a provoqué plusieurs coupures d’électricité à l’hôpital Al-Helou, où travaillent des équipes de MSF. Cela a entraîné l’arrêt des ventilateurs et de l’oxygène. » L’hôpital a aussi dû temporairement fermer les ascenseurs. 

Le 18 juin dernier, l’ONU a pu récupérer 280 000 litres de carburant dans des réserves bloquées dans une zone interdite à Rafah. Elle avait précédemment essuyé 12 refus de la part des autorités israéliennes.  

« Autoriser un approvisionnement en fournitures médicales et en carburant à la toute dernière minute, juste avant la catastrophe, c’est cynique. L’instrumentalisation de l’aide doit cesser », déclare Aitor Zabalgogeazkoa, coordonnateur des urgences de MSF à Gaza. « De même, un programme d’assistance à des fins militaires comme celui mis en place par la fondation humanitaire de Gaza ne peut remplacer le travail des organisations humanitaires indépendantes ».  

Les évènements dont les équipes de MSF sont témoins à Gaza correspondent aux schémas habituels d’un génocide. Les massacres, la destruction des infrastructures civiles essentielles et les restrictions imposées par Israël à l’approvisionnement en carburant et à l’acheminement de l’assistance sont des actions délibérées. Israël détruit systématiquement les conditions nécessaires à la vie des Palestiniennes et des Palestiniens.