Palestine : la classe dirigeante internationale doit agir immédiatement pour répondre au génocide à Gaza
Plus de 20 grands organismes humanitaires appellent à une action urgente après la conclusion de l’ONU sur le génocide.
Alors que l’Assemblée générale des Nations Unies bat son plein, les responsables de plus de 20 grandes organisation d’assistance humanitaires travaillant à Gaza, dont Médecins Sans Frontières (MSF), appellent les dirigeants et les dirigeantes à intervenir d’urgence. Cet appel intervient après qu’une commission de l’ONU a conclu qu’Israël commettait un génocide contre les Palestiniens et les Palestiniennes dans la bande de Gaza.
Cette conclusion fait suite à une enquête de près de deux ans menée par la Commission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies sur le territoire palestinien occupé. Elle corrobore ce que MSF a constaté à Gaza : des massacres, la destruction d’infrastructures civiles essentielles et des blocus empêchant l’accès à la nourriture, à l’eau, aux médicaments et à d’autres approvisionnements essentiels.
Les Palestiniennes et les Palestiniens ont besoin d’un cessez-le-feu immédiat et durable et de la levée du siège, afin que les biens essentiels puissent entrer dans la bande de Gaza. Les autorités israéliennes doivent également autoriser la livraison immédiate et sans entrave d’une assistance humanitaire indépendante à grande échelle.
La déclaration est disponible ci-dessous.
Alors que les dirigeants et les dirigeantes se réunissent cette semaine aux Nations Unies, nous appelons tous les États membres à agir conformément au mandat confié à l’ONU il y a 80 ans.
Ce à quoi nous assistons à Gaza n’est pas seulement une catastrophe humanitaire sans précédent, mais c’est aussi, selon les conclusions de la commission d’enquête de l’ONU, un génocide.
Avec cette conclusion, la Commission des Nations Unies rejoint un nombre croissant d’organisations et de responsables des droits de la personne à l’échelle internationale, comme en Israël.
L’inhumanité de la situation à Gaza est inadmissible. En tant que joueurs clés dans le domaine de l’assistance humanitaire, nous avons témoigné des morts et des souffrances horribles que nous avons vues de nos propres yeux à Gaza. Nos avertissements sont restés lettre morte et des milliers de vies sont encore en jeu.
Aujourd’hui, le gouvernement israélien a ordonné le déplacement massif des gens qui se trouvent toujours dans la ville de Gaza, qui compte près d’un million de personnes. Si aucune mesure n’est prise, nous nous trouverons au bord d’une période encore plus meurtrière dans l’histoire de la bande de Gaza, qui a été délibérément rendue inhabitable.
Environ 65 000 Palestiniennes et Palestiniens ont été tués, dont plus de 20 000 enfants. Des milliers d’autres personnes sont portées disparues, ensevelies sous les décombres qui ont remplacé les rues autrefois animées de Gaza.
Neuf personnes sur dix parmi les 2,1 millions de personnes habitant Gaza ont été déplacées de force, la plupart à plusieurs reprises. Elles ont été poussées vers des parcelles de territoires de plus en plus petites, où il leur est impossible de subvenir à leurs besoins.
Plus d’un demi-million d’individus souffrent de la faim. La famine qui a été récemment déclarée se propage. L’impact cumulé de la faim et des privations physiques entraîne chaque jour plus de morts.
Le Canada doit défendre les principes d’humanité.
Joignez-vous à nous pour demander au gouvernement canadien de défendre les personnes civiles et les structures de santé dans les zones de guerre.
Signez notre pétitionDans toute la bande de Gaza, des villes entières ont été rasées, tout comme leurs infrastructures publiques essentielles, comme les hôpitaux et les stations d’épuration. Les terres agricoles ont été systématiquement détruites.
Si les faits et les chiffres ne suffisent pas, nous avons aussi une multitude de récits poignants.
Depuis que l’armée israélienne a renforcé son siège, il y a six mois, en bloquant l’accès à la nourriture, au carburant et aux médicaments, nous avons vu des enfants et des familles dépérir, alors que la famine s’installait. Nombre de nos collègues ont également été touchés.
Plusieurs d’entre nous se sont rendus à Gaza. Nous avons rencontré d’innombrables Palestiniennes et Palestiniens qui ont perdu des membres à la suite des bombardements israéliens. Nous avons personnellement rencontré des enfants tellement traumatisés par les frappes aériennes quotidiennes qu’ils ne peuvent plus dormir. Certains ne peuvent plus parler. D’autres nous ont dit qu’ils voulaient mourir pour rejoindre leurs parents au paradis.
Nous avons rencontré des familles qui font bouillir des feuilles et qui sont prêtes à tout pour tenter de nourrir leurs enfants.
Pourtant, la classe dirigeante internationale ne réagit pas. Les faits sont ignorés. Les témoignages sont mis de côté. Et davantage de personnes sont tuées.
Si les États membres continuent de considérer ces obligations juridiques comme facultatives, non seulement ils se rendent complices, mais ils créent également un dangereux précédent pour l’avenir. L’histoire jugera sans aucun doute ce moment comme un test pour l’humanité.
– Responsables d’organisations humanitaires travaillant à Gaza
Nos organisations, en collaboration avec des groupes de la société civile palestinienne, l’ONU et des organisations israéliennes de défense des droits de la personne, ne peuvent pas tout faire. Nous avons inlassablement tenté de défendre les droits de la population de Gaza et de maintenir l’aide humanitaire, mais nous sommes confrontés à des obstacles à chaque étape.
La militarisation du système d’assistance nous a empêché l’accès et s’est avérée mortelle. Des milliers de personnes ont été abattues alors qu’elles tentaient d’atteindre les rares sites où la distribution alimentaire se fait sous la garde d’armes.
Les gouvernements doivent agir pour empêcher la destruction de la vie dans la bande de Gaza et mettre fin à la violence et à l’occupation. Toutes les parties au conflit doivent renoncer à la violence contre les personnes civiles, respecter le droit international humanitaire et rechercher la paix.
Les États doivent utiliser tous les outils politiques, économiques et juridiques à leur disposition pour intervenir. Les discours et les demi-mesures ne suffisent pas. Le moment est venu d’agir de manière décisive.
L’ONU a consacré le droit international comme pierre angulaire de la paix et de la sécurité mondiales. Si les États membres continuent de considérer ces obligations juridiques comme facultatives, non seulement ils se rendent complices, mais ils créent également un dangereux précédent pour l’avenir. L’histoire jugera sans aucun doute ce moment comme un test pour l’humanité. Et nous sommes en train d’échouer. Nous échouons vis-à-vis du peuple de Gaza, vis-à-vis des otages et vis-à-vis de notre propre impératif moral collectif.
Signé par :
1. Arthur Larok, secrétaire général d’ActionAid International
2. Othman Moqbel, directeur général d’Action For Humanity
3. Joyce Ajlouny, secrétaire générale de l’American Friends Service Committee
4. Sean Carroll, président-directeur général d’Anera
5. Reintje Van Haeringen, directrice générale de CARE International
6. Kate Higgins, présidente-directrice générale de Coopération Canada
7. Jonas Nøddekær, secrétaire général de DanChurchAid
8. Charlotte Slente, secrétaire générale du Conseil danois pour les personnes réfugiées
9. Manuel Patrouillard, directeur Humanité & Inclusion – Handicap International
10. Jamie Munn, directeur général, International Council of Voluntary Agencies (ICVA)
11. Mahmood Qasim, président-directeur général de l’International Development and Relief Foundation
12. Waseem Ahmad, président-directeur général, Islamic Relief Worldwide
13. Jeremy Konyndyk, président de Refugees International
14. Joseph Belliveau, directeur général de MedGlobal
15. Joel Weiler, directeur général de Médecins du Monde France
16. Nicolás Dotta, directeur général de Médecins du Monde Espagne
17. Morgane Rousseau, présidente-directrice générale de Médecins du Monde Suisse
18. Christopher Lockyear, secrétaire général de Médecins Sans Frontières International
19. Kenneth Kim, directeur général, Mennonite Central Committee Canada
20. Ann Graber Hershberger, directrice générale, Mennonite Central Committee US
21. Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les personnes réfugiées
22. Amitabh Behar, directeur général d’Oxfam International
23. Simon Panek, directeur général de People in Need
24. Inger Ashing, directrice générale de Save the Children International
25. Donatella Vergara, présidente de Terre des Hommes Italie
26. Rob Williams, directeur général de War Child Alliance