Palestine : MSF dénonce la double frappe israélienne contre l’hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza
Lors des attaques, au moins 50 personnes ont été blessées et 20 autres tuées, parmi lesquelles des personnes soignantes, des secouristes et des journalistes.
Jérôme Grimaud, coordonnateur des urgences de Médecins Sans Frontières (MSF) à Gaza, dénonce la double frappe israélienne sur l’hôpital de Nasser, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
« Nous dénonçons avec la plus grande fermeté l’horrible attaque israélienne contre l’hôpital Nasser, le seul hôpital public encore partiellement opérationnel dans le sud de la bande de Gaza.
« Les forces israéliennes ont tué au moins 20 personnes et blessé 50 autres lors de frappes successives, parmi lesquelles des personnes soignantes, des secouristes et des journalistes. Parmi les victimes figurait Mariam Abu Dagga, une photographe indépendante qui collaborait régulièrement avec MSF. Nous sommes profondément attristés par sa mort. Mariam laisse derrière elle un fils. Au moins quatre autres journalistes ont également été tués aujourd’hui. »

« Certains membres du personnel de MSF ont été contraints de se réfugier dans le laboratoire pendant les frappes successives menées par Israël sur l’hôpital, et ce alors que des chirurgies d’urgence étaient en cours. Nous sommes révoltés de voir les forces israéliennes continuer d’attaquer le personnel de santé et les journalistes en toute impunité. »


Ces photos qui montrent le soutien apporté par MSF à l’hôpital Nasser ont été prises par Mariam Abu Dagga, tuée lors de l’attaque israélienne contre l’hôpital le 25 août 2025. Palestine, 2024. © Mariam Abu Dagga/MSF
« Depuis 22 mois, nous voyons l’armée israélienne raser des structures de santé, tuer des journalistes et ensevelir le personnel de santé sous les décombres. Alors qu’Israël continue de bafouer le droit international, les seuls témoins de sa campagne génocidaire sont délibérément pris pour cible. Cela doit cesser immédiatement. »
Témoignage de Ramiro García, responsable médical de MSF à l’hôpital Nasser, le jour de l’attaque.
Nous sommes une vingtaine de membres de Médecins Sans Frontières (MSF) à travailler dans le bâtiment de l’hôpital Nasser où se trouvent les services de pédiatrie et de maternité.
Il est normal pour nous d’entendre des explosions tous les jours pendant que nous travaillons.
Mais le matin du 25 août, j’ai soudainement entendu une détonation beaucoup plus forte que d’habitude. Au début, j’ai pensé qu’il s’agissait d’un missile qui avait frappé près de l’hôpital.
Beaucoup de gens se sont précipités vers les fenêtres. J’ai essayé de regarder dehors et j’ai vu un grand nuage de fumée s’élever du bâtiment principal.
À ce moment-là, il m’a semblé que ça avait pu se produire dans [l’enceinte] de l’hôpital, mais je ne voulais pas à y croire. J’ai posé la question à quelqu’un, qui m’a dit que c’était bien à l’intérieur. Mais je n’arrivais toujours pas à y croire. C’est une deuxième personne qui m’a confirmé que la bombe avait touché le bâtiment juste à côté du nôtre. J’ai dit : « Ils ont bombardé l’hôpital! », et suis immédiatement allé me mettre à l’abri.
Beaucoup de gens commençaient à se rassembler devant l’hôpital.
Soudain, j’ai vu un autre tir toucher la façade et encore plus de fumée. Je me suis dit : « Quel massacre perpétré par l’armée israélienne! ». Après le deuxième impact, les gens se sont mis à courir, à crier, en panique. C’était un moment de chaos et de tension extrême.
Cela m’a beaucoup ébranlé. Lors du premier impact, j’ai réalisé qu’ils avaient bombardé le bâtiment principal de l’hôpital. Lors du deuxième, j’ai tenté d’estimer le nombre de personnes blessées et décédées.
Nous avons évacué l’hôpital avec le sentiment que personne n’était en sécurité. Ni les personnes hospitalisées ni les membres du personnel médical. L’hôpital a été bombardé en toute impunité.
C’était très éprouvant. Je savais que l’hôpital avait été bombardé à plusieurs reprises dans le passé. Mais c’est une chose de le lire dans les rapports et une autre de le vivre en direct, tout en pensant au nombre de gens blessés ou tués.
On pense à la gravité de ce qui se passe ici à Gaza. Rien n’est respecté. Il m’est très difficile de travailler en sachant qu’à tout moment, ils peuvent bombarder l’hôpital et que rien ne se passera. Rien ne changera. C’est quelque chose [que les forces israéliennes] peuvent faire sans rencontrer la moindre difficulté.