Bilal Abu Saada, un assistant infirmier en prévention et contrôle des infections, circule dans les couloirs du service pédiatrique de l’hôpital Nasser que soutient MSF. Palestine, 2024. © Nour Alsaqqa/MSF
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Palestine : dernier recours dans le sud de Gaza, l’hôpital Nasser doit être protégé

Les sévères restrictions d’accès qui touchent l’hôpital Nasser compromettent les soins médicaux, et mettent les gens en danger.

Dans le sud de la bande de Gaza, les ordres de déplacement et les restrictions de mouvement imposés par les autorités israéliennes à l’hôpital Nasser poussent cet établissement médical au bord du gouffre, alerte Médecins Sans Frontières (MSF). Obliger les hôpitaux à refuser des gens et compliquer l’accès aux soins s’inscrit dans un schéma répété par les forces israéliennes dans le cadre de cette guerre pour rendre les hôpitaux inopérants.  

L’hôpital Nasser est le dernier recours pour les gens de Gaza. Sa pleine capacité opérationnelle doit de toute urgence être rétablie et protégée. 

Le 3 juin, nos équipes ont été informées que tout déplacement vers l’hôpital Nasser nécessiterait désormais une autorisation devant être demandée au moins 24 heures à l’avance. En conséquence, les membres du personnel médical qui devaient y travailler pour la journée n’ont pas pu se rendre à l’hôpital.  

Le personnel de nuit a donc été contraint de prolonger son service et de travailler pendant 48 heures consécutives. 

Le service des consultations externes est resté fermé toute la journée. Les membres du personnel ambulancier qui ont réussi à emmener des personnes à l’hôpital l’ont fait au péril de leur vie, car sans autorisation, ils risquaient d’être la cible de tirs.  

La situation de l’hôpital Nasser sur la ligne de front entrave l’accès à ce centre de soins essentiel tant pour le personnel que pour les personnes dans le besoin.

« Mettre l’hôpital Nasser hors service équivaudrait à une condamnation à mort pour les gens les plus gravement blessés, les personnes malades dans un état critique et les femmes qui ont besoin de soins obstétricaux d’urgence. »

– Jose Mas, responsable des programmes d’urgence de MSF

Cela se produit alors que les gens sont épuisés. Leur vie est brisée par 20 mois d’une guerre extrêmement violente et ils sont soumis à un siège asphyxiant, où même la distribution de la moindre aide humanitaire peut entraîner des massacres. Dans ce contexte, chaque structure médicale encore en activité est d’une importance cruciale et doit impérativement être protégée. 

Les attaques contre les soins de santé ne se limitent pas aux actions militaires. Elles passent aussi par les restrictions quant à l’acheminement des fournitures médicales qui obligent les médecins à rationner les analgésiques. Elles prennent la forme d’ordres de déplacement qui forcent des hôpitaux entiers à fermer de toute urgence. Elles se manifestent aussi par du harcèlement et des instructions confuses de la part des autorités israéliennes, ce qui rend la fourniture de soins essentiels de plus en plus difficile.  

« Nous avons déjà vu ce scénario », déclare Jose Mas, responsable des programmes d’urgence de MSF. « Cela s’est produit dans des établissements comme l’hôpital Al Awda ou l’hôpital indonésien, dans le nord de la bande de Gaza. Ces centres ont d’abord été sommés de ne plus admettre des gens, avant d’être attaqués et pratiquement fermés quelques jours plus tard. »  

« Mettre l’hôpital Nasser hors service équivaudrait à une condamnation à mort pour les gens les plus gravement blessés, les personnes malades dans un état critique et les femmes qui ont besoin de soins obstétricaux d’urgence. » 

Des fournitures humanitaires ont été détruites par une frappe aérienne sur l’hôpital Nasser. Palestine, 2025. MSFPalestine, 2025. © MSF

L’hôpital Nasser est un grand hôpital de référence. Le centre est doté de nombreux services spécialisés introuvables ailleurs dans le sud de Gaza : blocs opératoires, usine de production d’oxygène, respirateurs, banque du sang et incubateurs. Réduire l’accès à cet hôpital et bloquer l’évacuation d’urgence des gens ayant besoin de soins spécialisés revient à priver ces individus de traitements susceptibles de leur sauver la vie.  

Au cours des derniers mois, les équipes médicales de MSF à l’hôpital Nasser ont offert des soins à plus de 500 personnes en maternité, dont des femmes ayant besoin d’une intervention chirurgicale. Elles ont aussi offert des soins à plus de 400 nouveau-nés et enfants. L’hôpital accueille par ailleurs de nombreuses personnes souffrant de brûlures et de traumatismes graves. 

Partout à Gaza, les soins de santé sont attaqués. Le matin du 4 juin, les forces israéliennes ont frappé à trois reprises l’hôpital Al Aqsa, que soutient MSF. Il s’agit du principal établissement de Deir Al Balah, dans le centre de Gaza. Bien qu’aucune personne blessée n’ait été signalée, cela rappelle brutalement que les gens, le personnel médical et les infrastructures de santé sont constamment en danger à Gaza. 

Nos équipes ont récemment soigné des gens qui avaient été grièvement blessés, alors qu’ils tentaient d’obtenir de la nourriture, touchés par des tirs survenus autour des centres de distribution de la Fondation humanitaire pour Gaza. À cela s’ajoutent les personnes blessées lors des bombardements incessants sur la bande de Gaza. Les hôpitaux sont submergés par l’afflux de personnes dans le besoin. 

Il est essentiel que les autorités israéliennes protègent l’hôpital Nasser. Elles doivent garantir un accès total et sans entrave pour les gens comme pour le personnel médical, afin d’éviter de nouvelles pertes humaines.