Chris Lockyear, secrétaire général de MSF, s’adresse à une journaliste lors de la conférence de presse sur Gaza qui s’est tenue à Bruxelles. Belgique, 2025. © Bruno De Cock/MSF
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Palestine : l’hypocrisie des gouvernements européens exacerbe les souffrances à Gaza

L’Union européenne doit enfin agir pour faire respecter le droit international et protéger les vies palestiniennes

Depuis plus de 20 mois, les autorités israéliennes mènent une guerre totale contre les Palestiniennes et les Palestiniens de Gaza. Celle-ci se traduit notamment par des déplacements forcés à grande échelle et un nettoyage ethnique. Chaque jour, les équipes de MSF sont témoins d’actions qui, commises de manière délibérée par les forces israéliennes, s’apparentent à des actes génocidaires. Les membres de nos équipes évoquent notamment des massacres, la destruction d’infrastructures civiles et des blocus empêchant l’accès à la nourriture, à l’eau, aux médicaments et à d’autres fournitures humanitaires essentielles. 

Israël procède à la destruction méthodique des conditions nécessaires à la vie. Les maisons, les hôpitaux, les marchés, les routes et les réseaux d’approvisionnement en eau et en électricité de Gaza ont été détruits, non par négligence, mais de manière délibérée.

« Pour mettre fin à cette situation, il faut faire preuve de courage politique, assumer ses responsabilités juridiques et s’engager moralement. L’ampleur des souffrances à Gaza exige plus que des discours creux. »

Christopher Lockyear, secrétaire général de MSF

Mettre fin aux souffrances de Gaza exige plus que des discours creux

L’UE et les gouvernements européens disposent des moyens politiques, économiques et diplomatiques nécessaires pour exercer une pression réelle sur Israël. Ils peuvent et doivent l’amener à mettre fin à cette offensive et à ouvrir les points de passage frontaliers, afin de permettre l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Ces leviers ne sont pas théoriques. Ils peuvent être mobilisés efficacement pour défendre le droit humanitaire international et protéger les gens. 

Toutefois, l’UE et ses États membres semblent avoir renoncé jusqu’à présent à assumer leur rôle politique à cet effet. Pire encore, les récentes critiques des États européens sur la manière dont la guerre est menée soulignent leur hypocrisie, puisqu’ils continuent à fournir les armes utilisées pour tuer, mutiler et brûler les personnes que nous soignons dans les hôpitaux de MSF.

Sahar et sa famille partagent un repas pendant le ramadan. Palestine, 2025. © Motassem Abu Aser/MSF

« La guerre à Gaza est l’une des guerres les plus choquantes, meurtrières et impitoyables menées à notre époque contre un peuple », déclare Christopher Lockyear, secrétaire général de MSF. « Il s’agit du massacre orchestré du peuple palestinien. C’est un nettoyage ethnique. » 

« Pour mettre fin à cette situation, il faut faire preuve de courage politique, assumer ses responsabilités juridiques et s’engager moralement », déclare Christopher Lockyear. « L’ampleur des souffrances à Gaza exige plus que des discours creux. »

L’instrumentalisation de l’assistance à Gaza

L’aide humanitaire a été tour à tour instrumentalisée, utilisée comme levier pour déplacer de force des personnes et servir des objectifs militaires, ou totalement bloquée. La fondation humanitaire de Gaza a lancé ses activités le 27 mai dernier, dans le cadre du programme américano-israélien qui instrumentalise l’aide. Depuis, des centaines de personnes ont été soignées dans des hôpitaux, et des dizaines ont été tués, après avoir été pris pour cible alors qu’ils attendaient de recevoir des biens essentiels à leur survie, comme de la nourriture. 

« Les organisations humanitaires ont mis en place des hôpitaux de campagne pour combler les besoins, mais ils ne peuvent en aucun cas remplacer les hôpitaux traditionnels. Les hôpitaux restants doivent être protégés et l’entrée de l’aide doit être facilitée. Faute de quoi, d’autres vies seront perdues. »

– Christopher Lockyear, secrétaire générale de MSF

« Le système de distribution de l’aide imposé par Israël n’est pas seulement un échec, il est déshumanisant et dangereux », déclare Christopher Lockyear. « Il expose des milliers de Palestiniennes et de Palestiniens à des risques inutiles et entraîne des effusions de sang qui pourraient être évitées si les organisations humanitaires étaient autorisées à fournir une aide impartiale et sûre, à l’échelle des besoins désespérés de la bande de Gaza. » 

Aujourd’hui, l’hôpital Nasser est le principal hôpital de référence pour des milliers de personnes dans le sud de la bande de Gaza. Il est à peine capable de continuer à fonctionner, en raison des ordres d’évacuation répétés et des restrictions de mouvement imposées au personnel, aux patientes et aux patients. Ces dernières semaines, les équipes de MSF ont admis plus de 500 personnes nécessitant des soins et ont aidé le personnel médical de l’hôpital à répondre à l’afflux répété de gens blessés lors des attaques et des bombardements incessants. 

« Les organisations humanitaires ont mis en place des hôpitaux de campagne pour combler les besoins, mais ils ne peuvent en aucun cas remplacer les hôpitaux traditionnels », explique Christopher Lockyear. « Les hôpitaux restants doivent être protégés et l’entrée de l’aide doit être facilitée. Faute de quoi, d’autres vies seront perdues. »

Dans l’enceinte de l’hôpital Al-Shifa, dans la ville de Gaza, la plupart des bâtiments ont été détruits. Palestine, 2025. © Nour Alsaqqa/MSF
Hanan et son arrière-petite-fille cherchent de la mauve parmi les débris. Utilisée autrefois comme un aliment traditionnel, cette plante est devenue essentielle dans un contexte de pénurie alimentaire causée par le blocus et le conflit en cours. Palestine, 2025. © Nour Alsaqqa/MSF

Un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel est nécessaire : maintenant

Comme de nombreuses organisations, MSF a appelé à plusieurs reprises à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, à un accès humanitaire sans entrave et au respect du droit international humanitaire, incluant la protection du personnel et des installations médicales. 

Plusieurs gouvernements continuent d’exprimer leur inquiétude face à la situation inhumaine qui prévaut à Gaza. Leurs déclarations qui invoquent le respect du droit international humanitaire sont empreintes d’hypocrisie, car ces mêmes gouvernements continuent d’envoyer les armes qui tuent et mutilent les enfants que nous soignons. 

« Ce que les gens vivent à Gaza n’est plus supportable : cela doit cesser maintenant », déclare Christopher Lockyear. « Alors que cette offensive militaire contre un peuple assiégé fait rage, l’hypocrisie des États de l’UE qui parlent, mais qui n’agissent pas, est chaque jour plus évidente.